Champbaillard – La 21e édition des Sonnailles s’est déroulée de vendredi à hier. Un rendez-vous incontournable pour les visiteurs à la recherche de folklore suisse et surtout les collectionneurs.
Ne prêtant pas attention aux mille et une senteurs et saveurs des produits du terroir exposés sous la cantine de Champbaillard à Romainmôtier, elle traverse la salle, les yeux attirés par les cloches accrochées çà et là. Elle fait le tour d’un stand, d’abord de loin, puis se rapproche d’une pièce suspendue. Elle la regarde, se retourne et chuchote un mot à son compagnon. Mais ce n’est pas le toupin qu’elle regarde qui l’intéresse, c’est celui d’à côté. Ce couple de collectionneurs a traversé monts et montagnes pour découvrir Les Sonnailles de Romainmôtier, samedi. Il préfère jouer la carte de la prudence en restant anonyme et en feintant les potentiels espions qui essayeraient de lui chiper «une perle rare» sous le nez. Car il existe une certaine concurrence dans le milieu. «C’est un petit monde de voyous.»
Si les deux amateurs de cloches ont déjà déniché leur Graal, ils restent toutefois toujours à l’affût d’un nouvel objet à ajouter aux quelque 150 cloches qui ornent leur maison. «Et c’est peu. L’objectif maintenant, c’est de les pendre toutes!, sourit la collectionneuse. Il y en a une que je voulais vraiment et j’ai mandaté quelqu’un pour me la trouver, avoue la Jurassienne à demi-mot. Le challenge s’était surtout de l’avoir. Car il y a des cloches rares dans chaque fonderie et ce n’est pas évident d’en trouver une qui soit en bon état, donc ni soudée ni fissurée, et qui a un bon son.»
L’histoire fait la valeur
Il ne faut pas s’y tromper, ce n’est pas forcément la pièce la plus brillante et la plus grande qui vaut le plus d’argent. Selon Christian Germann, de La Praz, collectionneur mais surtout vendeur, il y a plusieurs éléments à prendre en compte pour estimer une cloche. «Le premier critère, c’est le timbre du fondeur, ensuite la qualité du son. Il faut aussi regarder la finesse des courroies et des motifs», explique celui qui est l’une des figures emblématiques de la manifestation.
Et le plus difficile peut-être, c’est de connaître l’histoire autour de chaque sonnaille. «Il faut aussi regarder si les pièces sont d’origine et si elles sont rares. Car moins une fonderie a produit de cloches, plus elles seront chères», ajoute-t-il. Il faut donc connaître les fabricants et l’histoire de chaque fonderie.
Mais il n’y a pas que la valeur vénale du toupin qui compte, c’est surtout une histoire de passion. «En ce moment, je collectionne des cloches à motifs. J’essaie de comprendre leur symbolique, raconte Olivier Grandjean, fondateur et organisateur des Sonnailles depuis 21 ans. J’en ai vu des exceptionnels ce week-end et j’ai découvert des fondeurs alsaciens dont j’ignorais l’existence. C’est ça qui est beau avec les cloches, c’est qu’on en apprend tous les jours.»
Quant au couple de collectionneurs, il n’a finalement pas trouvé son bonheur, à part dans une assiette de papet vaudois. «Ce n’est pas parce qu’on a vu quelque chose de bien qu’il faut l’acheter tout de suite sauf si c’est un coup de cœur», a indiqué la jeune femme.
«Finalement, le choix d’une cloche, c’est quelque chose de très personnel. C’est comme les fleurs ou les femmes, il y en a certaines qui plaisent aux uns et pas aux autres», conclut avec humour Christian Germann.