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La nouvelle vie d’Alain Rochat

13 décembre 2018 | Edition N°2395

Au terme d’une belle carrière, qui s’est achevée au Lausanne-Sport, le défenseur grandsonnois de 35 ans a abordé sa reconversion professionnelle de manière offensive. Il fait désormais partie de l’équipe de la Raiffeisen Mont-Aubert Orbe, à Montagny-près-Yverdon.

Au terme d’une carrière sportive au plus haut niveau, tous les sportifs sont confrontés à la problématique de la reconversion. Nombre d’entre eux choisissent de rester dans le milieu, en fonction des opportunités qui leur sont proposées. Mais, à l’instar d’un entraîneur, ils courent le risque d’être renvoyés du jour au lendemain, au gré du changement de propriétaire ou de direction.

Alain Rochat a bien-sûr songé à rester dans le monde du football qui, jusqu’à un passé récent, a représenté l’essentiel de sa vie professionnelle: «J’ai offert mes services aux nouveaux dirigeants du Lausanne-Sport. J’attends toujours la réponse…»

A 35 ans, il a donc opté pour un retour à la vie «civile», certes ordinaire, mais passionnante. Depuis août dernier, il fait partie de l’équipe de la Raiffeisen Mont-Aubert Orbe, au siège de Montagny-près-Yverdon.

L’histoire de cette reconversion est aussi celle d’une belle amitié et d’une concordance de valeurs entre l’ancien footballeur d’élite – il fait désormais bénéficier les jeunes du FC Grandson-Tuileries de son expérience en 2s ligue – et l’établissement bancaire.

Réflexion imposée

La reconversion, l’ancien arrière d’Yverdon Sport,  Young Boys, Rennes, Zurich, Vancouver, Washington et Lausanne-Sport y songeait depuis trois bonnes années. «Lors de ma dernière période à YB, j’ai eu un contrat de deux ans, renouvelable d’année en année. A chaque prolongation, il fallait songer plus sérieusement à la suite. Puis je suis parti à Lausanne. Dans ma tête, je savais que le moment de la reconversion allait bientôt arriver.» Alain Rochat n’était pas totalement démuni au moment d’aborder son futur professionnel.

Formé au CPNV

En effet, durant la période où il y joué à YS, le club qui l’a révélé au niveau national, le jeune Grandsonnois a suivi assidûment les cours du Centre professionnel du Nord vaudois (CPNV), où il a obtenu un CFC d’automaticien, puis une maturité professionnelle.

Pourquoi ne pas simplement avoir opté pour cette profession, qui souffre aujourd’hui d’un manque cruel de main d’œuvre? «A l’époque, j’ai choisi cette formation un peu par défaut. Elle s’accommodait bien avec les entraînements à YS et elle me permettait de toucher à des domaines aussi variés que l’informatique, la mécanique et l’électricité. Cela élargissait le champ des possibilités pour le futur. Mais ce métier a évolué et j’aurais sans doute dû m’astreindre à une nouvelle formation de trois ans. C’était exclu.»

Bilan de compétences

Mais le choix de la voie bancaire n’est pas le fruit du hasard. Avant de s’engager dans ce domaine, Alain Rochat a rencontré une orientatrice professionnelle. Cela lui a donné l’occasion d’établir un bilan de ses compétences et de déterminer quelles seraient les activités dans lesquelles il pourrait s’épanouir.

Un stage décisif

Encore fallait-il se confronter à la réalité. Il a tout simplement contacté Cyril Rod, président de la direction de la Banque Raiffeisen Mont-Aubert Orbe, ami de longue date. Alain Rochat est un fidèle client de la banque et le directeur le conseille depuis de très nombreuses années.

L’ancien footballeur professionnel a effectué un stage d’une semaine au siège de l’établissement. «Je me suis dit que cela allait me plaire. Il faut dire aussi que je partage les valeurs de cette banque et qu’il y a une vision à long terme», explique Alain Rochat.

Et puis, autre élément important, cette reconversion est idéalement compatible avec la vie de famille d’un père de quatre enfants.

Alain Rochat ne regrette pas son choix: «J’ai été étonné par la multitude de métiers exercés dans une banque. Il y a en plus un bel état d’esprit et une bonne collaboration», explique celui qui est, par son expérience, rompu au travail d’équipe.

 

Une formation bancaire accélérée

 

«Ce qui importe, c’est le savoir-être. La technique, cela s’apprend», explique Cyril Rod, président de la direction de la Banque Raiffeisen Mont-Aubert Orbe. L’irruption d’anciens sportifs professionnels de le monde bancaire n’est pas un phénomène nouveau. Thierry Grin, ancien capitaine de l’équipe suisse de tennis, Alexandre Comisetti et Sébastien Barberis, passé par Credit Suisse avant de rejoindre la BCV, vivent dans le monde de la banque. Pour acquérir les connaissances nécessaire à sa nouvelle activité, Alain Rochat suit les cours de la CYP, une école commune à toutes les banques de Suisse romande. En l’espace d’une année, l’ancien footballeur professionnel doit intégrer de multiples règles, exigences, voire contraintes légales. Au terme de cet apprentissage, il devra passer un examen. Un défi qu’il prend très au sérieux. «Il le réussira, je n’en doute pas un instant», relève son mentor Cyril Rod, fier d’avoir réussi ce «transfert». D’autant plus que le troisième groupe bancaire suisse est le sponsor principal de la Super League. Chez son nouvel employeur, Alain Rochat travaille au département de l’administration générale. Il a la responsabilité du marketing et de l’événementiel. Une affectation presque naturelle pour une personnalité. Mais ce sportif s’est toujours signalé par son humilité. Il est reconnaissant de la bienveillance manifestée par ses collègues.

Isidore Raposo