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La question du rite pour les gays ne date pas d’hier

1 mars 2013

Manifestée en novembre dernier, la volonté du Synode de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV) de prévoir un rite pour les couples homosexuels a incité les paroissiens de Grandson à se réunir lors d’une Assemblée extraordinaire, convoquée mercredi dernier.

Pierre Bloesch (à gauche), l’un des partisans de l’Assemblée extraordinaire, a fait partie, tout comme Bertrand Herren (président de l’Assemblée de paroisse), des principaux intervenants de la soirée.

Organisée à la fin de l’année dernière, la réunion du Synode de l’EERV a fait l’objet d’une décision ayant déclenché des protestations dans les rangs des fidèles. Parmi les mécontents, Pierre Bloesch et Georges Perrin, de la Paroisse de Grandson, ont convoqué une assemblée extraordinaire au Temple, mercredi dernier, dans le but de donner l’opportunité aux membres de l’église de s’exprimer.

Lors de sa prise de parole, Bertrand Herren, président de l’Assemblée de paroisse, a remercié la trentaine de personnes présentes, dont faisait partie Gilles Cavin. Dans son intervention, le coordinateur régional a tenu à rafraîchir la mémoire des fidèles sur le contexte lié à la prise de position du Synode. Bien que surprenante pour beaucoup de monde, elle découle d’une décision prise en janvier 2008 déjà, qui chargeait le Conseil synodal de proposer un projet d’acte liturgique destiné aux «couples de même sexe.»

Une longue démarche

Le processus a été lancé en automne 2011, par le biais d’un appel à tous les paroissiens visant à former un groupe de travail constitué de six personnes, trois étant favorables au projet, les trois autres n’étant pas d’accord avec celui-ci. Le rapport des volontaires a été transmis au Conseil synodal, lequel l’a soumis au Synode, qui a également reçu le contre-rapport de la commission d’examen. S’en est suivi un long débat s’appuyant sur les quatre rapports élaborés dans le cadre de la procédure à l’issue duquel le Synode a rendu sa décision d’établir un rite à définir pour les couples du même sexe, un avis communiqué lors de la session synodale de novembre dernier.

Un choix démocratique

Appelés à se réunir pour discuter de la problématique, les paroissiens de Grandson participant à l’assemblée extraordinaire n’ont de loin pas tous exprimé leur opinion. Pierre Bloesch, l’un des instigateurs de la rencontre a, pour sa part, regretté que la communication de cette décision soit intervenue par voie de presse: «Jamais un délégué n’en a parlé. C’est la porte ouverte à toutes les dérives.» Le coordinateur Gilles Cavin lui a répondu que, dans la mesure où l’Assemblée de paroisse nomme les délégués aux régions, qui à leur tour choisissent les délégués au Synode, cette décision a été prise de manière «démocratique.»

Au final, peu de voix défavorables se sont fait entendre durant la soirée, mis à part la réaction d’un couple, lue par Pierre Bloesch, et un membre de l’assistance estimant que, la finalité d’un couple étant de procréer, la reconnaissance des mariages homosexuels allait à l’encontre de cette fonction première.

Modérateur des débats, René Perdrix a rappelé que, contrairement à son homologue catholique, l’Eglise protestante ne voit pas le mariage comme un sacrement, avec l’objectif de faire des enfants. «La réforme est permanente, la société doit s’adapter à son temps», a-t-il estimé.

L’assemblée extraordinaire a permis de nommer une commission de trois personnes chargée d’adresser une proposition de rite au Conseil synodal (voir ci-dessous). Leur rapport devrait être présenté au reste de la communauté paroissiale lundi 25 mars. Les fidèles ont par ailleurs été conviés à une soirée de réflexion sur la thématique organisée par la Paroisse d’Yverdon-Temple, mardi 19 mars à 20h à la Maison de paroisse.

 

Il reste du chemin jusqu’à la décision finale

Plusieurs étapes à venir

La décision du Synode visant à déterminer quel type de rite sera réservé aux mariages homosexuels sous l’égide de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud sera prise en septembre prochain. D’ici là, plusieurs étapes sont prévues au calendrier: les propositions sont à transmettre au Conseil synodal jusqu’au 31 mars, lesquelles feront l’objet d’une consultation avant l’élaboration d’un rapport définitif, deux mois avant le Synode, soit le 19 juillet. Comme il est d’usage, le Synode recevra également la proposition de la Commission d’examen et se prononcera sur la base des deux documents.

 

Ludovic Pillonel