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L’Appli du Coeur, pour avoir moins peur

22 septembre 2017
Edition N°2086

Yverdon-les-Bains – Sensée diminuer l’anxiété et la douleur, une application est proposée à tous les enfants du Service de pédiatrie de l’hôpital de la Cité thermale, depuis juin dernier. Une innovation numérique à l’échelle de la Suisse.

L'hôpital d’Yverdon-les-Bains a été numérisé dans l’application. ©DR

L’hôpital d’Yverdon-les-Bains a été numérisé dans l’application.

«Je m’attendais à des cris et à des pleurs mais, finalement, elle était très détendue», confie l’Yverdonnoise Marine Berisha, mère d’une fille âgée de 9 ans, opérée du nez il y a quelques semaines à l’Hôpital d’Yverdon-les-Bains. Pour cause, la jeune Meylina a été l’une des premières bénéficiaires de l’Appli du Cœur, une application interactive sur tablette instaurée depuis le mois de juin dans le Service de pédiatrie de l’établissement. Une première en Suisse.

Pour Sabrina Pennel, la présidente et fondatrice de l’association Les ateliers du Coeur, à l’origine du projet, cet outil est nécessaire pour faciliter et dédramatiser l’hospitalisation des plus jeunes. «J’ai côtoyé de nombreux enfants dans les hôpitaux suisses et étrangers, et je sais que leur quotidien peut être très pesant. Certains enfants passent près de deux ans dans une chambre, en attendant une greffe. Cela génère beaucoup d’anxiété.»

 

Moins de médicaments

 

L’outil permet à l’enfant de comprendre toutes les étapes de l’opération. ©DR

L’outil permet à l’enfant de comprendre toutes les étapes de l’opération.

Un stress qui engendrerait des douleurs supplémentaires. «Grâce à sa dimension apaisante, la tablette devrait permettre de réduire 70% des douleurs et, par extension, diminuer la prise de médicaments, avant et après l’opération. Ainsi, l’enfant pourrait rentrer plus vite à la maison.»

Inspirée par les pratiques du centre hospitalier universitaire de Rennes, en France, l’application met en scène l’utilisateur, grâce à un avatar à son image. La petite Meylina, elle, a choisi de représenter sa meilleure amie, pour qu’elle l’accompagne dans cette épreuve.

«Chaque enfant qui va au bloc opératoire a accès à la tablette une semaine avant le jour de l’opération, raconte Coralie Gros, infirmière en charge du projet. Ainsi, après avoir entré son nom, son âge et ses activités préférées, il peut regarder un petit scénario personnalisé de son opération à venir.»

 

Une «grande aventure»

 

Pour les jeunes âgés de 4 à 11 ans, tous les détails médicaux sont occultés, pour laisser place à ce qui est appelée une «grande aventure», où la blouse blanche est un déguisement et les médicaments de la potion magique. «Grâce à ce système, beaucoup d’enfants sont venus tout sourire le jour de l’opération, se réjouit Coralie Gros. Certains avaient même hâte de commencer.»

Pour les plus âgés, le support est le même, mais les étapes de l’opération sont décrites de manière réaliste. «Chaque intervention médicale est expliquée au patient en amont, avec des dessins explicatifs, souligne Sabrina Pennel. Mettre des images sur des mots est un facteur de soulagement.»

Le jour J, l’aide-soignant a le choix entre différents modes d’utilisation de la tablette : une échelle de confort, grâce à laquelle l’enfant peut montrer où il a mal, ainsi qu’un jeu permettant de faciliter l’endormissement à l’heure de l’anesthésie.

 

Alléger la souffrance

 

«Ma fille a pu compter des moutons en attendant de recevoir le masque, ce qui l’a vraiment amusée», se rappelle Marine Berisha. Grâce à de nombreux jeux, tels que le puzzle, le memory et le coloriage, l’enfant a également la possibilité de se distraire durant son séjour à l’hôpital, avant et après l’opération.

Une aubaine pour les petits, mais également pour leurs parents. «J’étais très soulagée que ma fille soit si calme. Je l’ai retrouvée le lendemain dans son lit, dans les vapes certes, mais quand même avec sa tablette», sourit la mère de Meylina.

Actuellement, l’Appli du Cœur est utilisée près de deux fois par semaine, à l’Hôpital d’Yverdon-les-Bains, grâce à une dizaine de tablettes. Sabrina Pennel espère désormais convaincre les hôpitaux de Genève et de Lugano.

 

Le numérique au service du bien-être des petits

 

«Quand j’ai demandé aux établissements hospitaliers suisses s’ils désiraient se munir d’une telle application, l’Hôpital d’Yverdon-les-Bains a tout suite été très intéressé», se rappelle Sabrina Pennel.

Durant près d’une année, l’extérieur et l’intérieur des bâtiments de l’hôpital ont été filmés, ainsi que les aides-soignants, afin de les numériser dans l’application. «L’idée est que les enfants se sentent en confiance dans cet environnement, explique l’infirmière Coralie Gros. Un jeu de réalité augmentée est même proposé durant le trajet entre la chambre et le bloc opératoire.»

Atteints d’une maladie chronique ou non, tous les jeunes nécessitant une opération peuvent bénéficier de la tablette. «Parfois, ce sont des chirurgies bénignes, comme une ablation des amygdales ou une opération des végétations. Mais j’essaie aussi de proposer cet outil pour des urgences, comme une appendicite.»

Pionnier, le Service de pédiatrie de l’Hôpital d’Yverdon-les-Bains avait déjà intégré l’hypnose conversationnelle pour rassurer les plus petits (voir La Région Nord vaudois du 3 mars 2016).

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