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L’Atlas met  les voiles pour étudier l’Arctique
Photo: Glacialis, Virginie Wyss

L’Atlas met les voiles pour étudier l’Arctique

1 mai 2021

L’expédition Glacialis, pilotée par l’Yverdonnoise Virginie Wyss, s’apprête à partir cinq mois en Arctique pour une opération scientifique.

«Les pôles, ça a toujours été un rêve pour moi. C’est donc un rêve qui se réalise», témoigne Virginie Wyss pendant notre entretien virtuel entre le Nord vaudois et La Réunion. Et ces pôles ont bien besoin d’aide justement. C’est pourquoi Virginie Wyss, une biologiste yverdonnoise, a décidé de créer le projet «Expédition Glacialis» qui a pour but de naviguer de juin à septembre à bord du navire «Atlas»dans les mers de l’Arctique. Il permettra entre autres de recenser les différentes espèces marines et collecter de nombreuses informations dans une expédition scientifique et environnementaliste de taille.

Son but? Documenter au mieux cette région protégeant un biotope très riche, mais très peu connu et surtout en danger. «C’est un milieu qui vit beaucoup de changements à cause de la fonte des glaces. Il y aura donc probablement de plus en plus de passages maritimes. Mais c’est aussi un haut lieu de la biodiversité. Il est donc très important de le documenter pour aider à protéger les espèces et éviter que cela devienne une autoroute», explique Virginie Wyss, qui travaille sur ce projet depuis 2019.

Après un master en biologie et trois années passées à assister les chercheurs aux quatre coins du monde, Virginie Wyss a été engagée pour être observatrice des mammifères marins dans l’industrie. Si elle a toujours officiellement habité en Suisse, cette dernière mission l’a menée à La Réunion. Et ce parcours professionnel l’a gentiment menée à la réalisation du projet Glacialis.

«Après une expérience avec l’association Ocean Eye (ndlr: qui collecte des microplastiques dans les mers du monde), cela m’a donné l’idée de faire de la recherche sur les animaux marins, car il y a très peu de données.» C’est ainsi que Virginie Wyss a d’abord trouvé un capitaine, Arnaud Conne, en mai 2020 (interview ci-contre), qui fournira son bateau, l’Atlas. Puis, l’équipe de bénévoles s’est très rapidement formée. «En un mois, le projet est né!»

Et quel projet! «On essaie de faire une science innovante et différente où on allie plusieurs techniques», explique la biologiste qui a prévu un sacré programme. «On aura des drones aériens et sous-marins pour mesurer l’état de santé des baleines, des appareils acoustiques pour mesurer la pollution sonore et enregistrer les sons des animaux pour pouvoir identifier l’espèce. On va prendre des photographies qui iront dans un catalogue international et grâce à l’intelligence artificielle, on pourra peut-être retrouver des individus pour tracer la migration. On va aussi collecter du phytoplancton et des échantillons d’eau. Et finalement, on ramassera des microplastiques avec un filet manta.»

Le grand départ pour le Groenland est prévu pour mi-juin. D’ici là, l’équipe va déjà travailler pour les baleines bleues aux Açores, une fois que le gros travail de logistique sera terminé.
«C’est une aventure scientifique, artistique, mais aussi humaine! Nous allons vivre pendant plusieurs mois sur un petit bateau de 13 mètres de long. Ça me fait un peu peur d’y penser, parce qu’on ne pourra pas éviter d’éventuelles tempêtes et le plus grand danger restera les icebergs. Mais le capitaine est très rassurant, et surtout, le voyage sera plein de challenges!»

 

Capitaine, un challenge de taille expédition

 

Le Vallorbier Arnaud Conne sera le capitaine et le photographe de l’expédition.

 

Qu’est-ce qui vous a mené à participer à l’expédition Glacialis?

Je viens d’une famille de pêcheurs et j’ai grandi au bord du Léman, toujours près de l’eau. En 2013, j‘ai commencé à naviguer en mer et à me former pour devenir skipper. J’ai acheté l’Atlas en 2016 (photo), qui sera le bateau de l’expédition. Je suis aussi le fondateur de l’association «Atlas Expedition».

Quel a été votre parcours avant d’arriver dans ce projet?

J’ai une formation artistique. Je fais surtout de la photographie du patrimoine. Sinon, cela fait 25 ans que je fais de la spéléologie dans le monde. Avec la spéléo, j’ai donc un bagage qui mélange le côté sportif, le dépassement de soi et la science aussi. Quand on va sous terre on documente ce que l’on fait.

Et l’Atlas, qu’a-t-il de particulier?

C’est un Land Rover de la mer! Il permet vraiment de faire des expéditions et pas seulement de la voile de plaisance. Il est moins confortable mais très sécurisant. Pour l’expédition Glacialis, ce sera confortable à quatre passagers, car il transportera beaucoup de matériel. Ça va être la guerre à chaque fois qu’on aura besoin d’un truc!

Vous appréhendez le départ?

Pour l’instant je suis complètement concentré sur les travaux du bateau. Mais quand je me laisse à penser à tout ce qu’on a à faire, là j’ai peur! C’est pas possible de tout considérer, mais plus on va avancer, plus je vais être dans un travail précis au niveau de la météo, de la logistique, etc.

Qu’est ce qui vous fait vibrer dans ce projet?

J’ai toujours privilégié le développement personnel dans ma vie. Je suis pluridisciplinaire et adepte du conditionnement de soi! Dans le bateau, j’aurai plusieurs casquettes puisque je serai capitaine et photographe. Pour moi c’est très excitant et je vais sortir de ce projet avec un vrai développement personnel.

 

Et après?

 

«On prévoit de raconter l’expérience dans des écoles et des conférences», projette Virginie Wyss. Au retour, une nouvelle campagne de financement participatif sera lancée (la première a rapporté plus de 40 000 francs) afin de prolonger le projet via des livres, des documentaires et des présentations. Et cette expédition pilote ne sera certainement pas la dernière pour Glacialis Expedition!

Léa Perrin