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Le rêve européen d’Alain Rochat

17 juillet 2013

Football – Super League – Après deux ans et demi en Major League Soccer, le Grandsonnois est de retour en Suisse, où il s’est engagé pour deux ans avec Young Boys. Il ne regrette rien de son expérience, ni d’ailleurs d’y avoir mis un terme.

Alain Rochat est de retour à Grandson, d’où il effectuera quotidiennement les trajets jusqu’à Berne. «45 minutes, c’est déjà le temps que je mettais à Vancouver pour aller m’entraîner», sourit-il.

Alain Rochat est de retour en Suisse, définitivement, deux ans et demi après avoir quitté le FC Zurich pour les Vancouver Whitecaps et la Major League Soccer.

Il a paraphé un contrat portant sur deux saisons, plus une avec option, avec Young Boys, revenant en Super League avant que le rêve nord-américain ne tourne au cauchemar.

Et il est heureux, le Grandsonnois de 30 ans. Heureux d’avoir vécu une expérience extraordinaire à fond, heureux aussi des perspectives qui s’ouvrent à lui. Il y a le foot : à Berne, il a intégré une équipe qui a faim de succès ; et qui se nourrit de miettes depuis des lustres.

Mais il y a, surtout, la famille : à Grandson, où il a acquis une maison voilà quelques années, il entend offrir à sa femme et ses quatre enfants, dont une petite dernière venue au monde le 5 juillet dernier à Vancouver, une vie stable.

«C’est très courant»

Contraste : ces dernières semaines, la vie du latéral gauche a été mouvementée. Il a fait les frais de la violence dont est capable le sport nord-américain, transféré, sans avoir son mot à dire, des Whitecaps, à Vancouver, au DC United, une équipe de Washington.

«C’est très courant : un club peut passer un joueur à un autre, pour autant que les conditions de son contrat soient reprises à l’identique », explique-t-il.

Bien sûr, il connaissait cette pratique.

Et à vrai dire, se sachant dans sa troisième et dernière année de contrat, il savait que cette saison risquait d’être celle du changement, après deux saisons au Canada.

«Mais je ne m’attendais pas à ce que ce soit si soudain, sourit-il.

Lors du dernier entraînement avant un derby contre Seattle, l’entraîneur me convoque dans son bureau.

Il me dit que je pars pour Washington. Que je dois être làbas trois jours plus tard.» Sur le moment, il encaisse le coup.

Met du temps à réaliser. Puis, petit à petit, il commence à penser de manière pragmatique. A mesurer l’ampleur de ce qui l’attend, nouvelle recrue d’une équipe qui s’entraîne et joue à près de 3800 kilomètres du domicile famillial, où vivent ses trois enfants et sa femme. Enceinte.

Un temps, il se projette. Après tout, c’était son plan : vivre deux expériences différentes en MLS, puis rentrer en Suisse. Mais le timing n’est pas bon, d’autant que son contrat aboutit quelques mois plus tard et qu’il ne veut pas déraciner sa tribu, la faire venir à Washington, sans pouvoir lui garantir une stabilité durable. Une autre solution se profile : le retour au pays.

«Ils ont compris»

«J’ai joué longtemps à Zurich et à Young Boys. Forcément, on garde des contacts. Et un jour, j’ai eu Uli Forte (nouvel entraîneur de Young Boys, ndlr) au téléphone.

Après, c’est un dialogue, une négociation, entre les clubs et moi.» Un accord est trouvé, pour le plus grand bonheur du club bernois -qui axe son recrutement sur des valeurs sûres- et d’Alain Rochat. Et du côté des dirigeants de DC United ? «Ils savent que pour un joueur européen, un transfert forcé est dur à vivre, même si cela constitue une norme là-bas, note le Grandsonnois.

Ils ont donc compris que, puisque j’en avais l’opportunité, je souhaitais rentrer.» Alain Rochat a vécu à fond ses deux ans et demi en Amérique du Nord, ravi de voir comment ça marche là-bas, que ce soit dans la vie et dans le sport. Il a eu le temps d’observer la médaille et son revers.

Le footbal en Major League Soccer ? Pile : une intensité supérieure à celle de la Super League.

Face : un niveau technique largement en retrait. Les conditions de travail ? Pile : pour les stars, les «noms», en position de force au moment des négociations, elles sont très agréables. Face : pour les jeunes qui veulent percer, elles sont difficiles, entre rétribution famélique et contrats susceptibles d’être cassés à intervalles (très) réguliers.

«La MLS fonctionne sur le même principe que la NHL et la NBA, mais avec infiniment moins de moyens. En matière de football, l’Europe reste donc la panacée», explique Alain Rochat, qui ne s’est pas privé de vendre, à ces jeunes coéquipiers nord-américains, le rêve… européen. A voir le sourire qu’il arbore aujourd’hui, il semble lui-même ravi de s’y replonger.

 

Pour gagner encore

A Berne, Alain Rochat a rejoint une équipe ambitieuse depuis des années, mais qui ne parvient pas à remporter de titre.

«Il y a tout : un stade, des spectateurs. Il ne manque que le succès. J’adore ça : je reviens pour gagner !» Surtout, il va retrouver une logique de compétition à l’européenne.

En MLS, sans le spectre de la relégation, la pression n’est pas la même. «Là-bas, si tu gagnes, tu es élevé au rang de dieu et, si tu perds, tant pis ! Les supporters attendent juste que tu te défonces pour faire le spectacle», note-t-il, alors qu’il s’apprête à revenir dans un championnat où, il le sait, les fans escomptent avant tout des résultats.