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Le vice-président des Jeunes UDC Suisse parle couramment… japonais
Timon Gavallet © Michel Duvoisin

Le vice-président des Jeunes UDC Suisse parle couramment… japonais

14 décembre 2020 | Edition N°2846

Portrait – En poste depuis le début de l’année, Timon Gavallet milite pour que la relève politique soit assurée. Le Fribourgeois de 20 ans vient ainsi de cofonder le Conseil des Jeunes de la Gruyère, qui compte déjà près d’une vingtaine de membres.

Pas de chemise edelweiss ni d’écusson suisse, mais un t-shirt noir et un manteau gris. Timon Gavallet n’est pas du genre à se faire remarquer. D’ailleurs, le vice-président des Jeunes UDC Suisse l’affirme d’emblée: il préfère coller des affiches et s’occuper des affaires administratives de son parti plutôt que chercher la lumière des projecteurs en participant à des débats. «Ils sont souvent peu productifs. On attaque plus la personne qui est en face que ses idées.»

Le Gruyérien, qui vit à Broc, a découvert le monde politique un peu par hasard, au cours d’une simulation de session parlementaire pour les jeunes, et a décidé, il y a quatre ans, de rejoindre les rangs des Jeunes UDC. «C’était le parti qui semblait me correspondre le mieux, et certains membres de ma famille éloignée avaient déjà adhéré à l’UDC», explique-t-il.

Ses sujets de prédilection? «Les relations avec l’Union européenne, car je trouve important que la Suisse garde sa souveraineté, et le soutien aux paysans et aux familles. Je viens d’une région développée, mais qui n’est pas une grande ville, et j’ai l’impression que nous sommes toujours plus mis de côté.»

«Les débats sont souvent peu productifs. On attaque plus la personne qui est en face que ses idées.»

C’est également «un concours de circonstances» qui le mène à la vice-présidence des Jeunes UDC Suisse. «J’ai rencontré l’ancien vice-président à la Fédération suisse des parlements des jeunes. Nous nous sommes rapprochés, et il m’a finalement dit qu’il ne voulait pas continuer. J’ai alors posé ma candidature pour lui succéder, début 2019, de même que Virna Conti. Comme nous étions deux candidats pour ce poste et qu’il n’y avait personne pour la coordination de la campagne romande du parti en vue des élections du Conseil national, j’ai accepté d’endosser ce rôle. Mais après un an, Virna a décidé de démissionner. Le parti m’a alors proposé de reprendre le poste car j’effectuais déjà une partie du travail.»

Timon Gavallet met également un point d’honneur à sensibiliser les jeunes à la politique. Il a ainsi cofondé le Conseil di Dzouno dè la Grevîre – soit le Conseil des Jeunes de la Gruyère – à l’occasion de l’Action 72 heures, qui permet aux jeunes de réaliser leurs propres projets innovants d’utilité publique. «Isaline Racca et moi avons envoyé un tout-ménage aux écoles pour faire part de notre idée. On s’est ensuite retrouvés avec une quinzaine de jeunes pour créer les statuts tous ensemble.» Et l’entité, dont il est le vice-président, a tenu sa première assemblée générale fin septembre.

Mais la relève politique n’est pas la seule pour laquelle le vingtenaire s’engage. Ancien gardien de l’UHC Gruyère, il œuvre désormais comme entraîneur au sein du club. «J’ai d’abord pratiqué la natation pendant neuf ans. Au début, je prenais juste des leçons et je gagnais des gommettes. Cela m’a marqué, sourit-il. Puis je me suis mis à la compétition. J’avais la possibilité de passer sportif d’élite et d’être dispensé de certains cours à l’école mais il y a eu des magouilles de la part de mon entraîneure et cela ne s’est pas réalisé. Je me suis alors tourné vers le unihockey, à 12 ans, car cinq garçons de ma classe y jouaient. J’ai essayé, ça m’a plu et je suis resté.»

«J’ai toujours eu de la peine avec les études, à apprendre beaucoup de choses qui ne vont pas forcément servir plus tard. Mais j’en ai besoin pour réaliser mon rêve: devenir enseignant à l’école primaire.»

Des problèmes de genou le stoppent net quatre ans plus tard. «Mais un jour, j’ai croisé un ancien coéquipier à une fête de village. Il m’a dit qu’il y avait un jeune gardien qu’il fallait entraîner, et j’ai accepté de reprendre l’équipe avec lui.»

En parallèle, Timon Gavallet suit les cours au gymnase pour obtenir sa maturité spécialisée en pédagogie. «J’ai toujours eu de la peine avec les études, à apprendre beaucoup de choses qui ne vont pas forcément servir plus tard. Mais j’en ai besoin pour réaliser mon rêve: devenir enseignant à l’école primaire.» Il admet pourtant sans détour avoir été «un peu un sale gamin» durant ses dernières années d’école. Ses parents l’ont d’ailleurs poussé à s’exiler à l’étranger, lorsqu’il était en première année de gymnase. «Ils m’ont dit: Pars un an, va mûrir et reprends tes études en main.» Un conseil qu’il a suivi.

«Je détestais l’anglais et cela ne me servait à rien de partir dans un pays germanophone, puisque l’allemand est ma langue maternelle, explique celui qui est né à Bienne. J’ai donc décidé d’aller en Asie.» Il hésite alors entre la Chine, la Corée du Sud et le Japon. L’instabilité politique de la première et les essais de tirs de missiles menés par le Nord-Coréen Kim Jong Un, couplés à la lecture de quelques mangas, le poussent à choisir le pays du Soleil-Levant.

«C’était un truc de fou de pouvoir vivre presque un an au Japon. J’ai adoré!»

Au printemps 2017, il débarque donc en plein centre de Nagoya, dans une famille d’accueil. «C’était spécial de passer de la Gruyère à l’une des plus grandes villes du Japon. Mais je m’y suis habitué très vite, d’autant plus que j’arrivais sans a priori.» Il y reste jusqu’en janvier 2018. «C’était un truc de fou de pouvoir vivre presque un an là-bas, j’ai adoré! J’étais dans une classe de gymnase bilingue japonais/anglais. Du coup, j’ai appris les deux.» Et pas qu’un peu puisque avant de rentrer en Suisse, le Gruyérien a décroché son diplôme B2 de japonais, qui correspond à un niveau avancé tant à l’oral qu’à l’écrit. «C’est compliqué de le pratiquer depuis que je suis rentré en Suisse. Je lis les livres que j’avais achetés là-bas et quand je croise des Japonais, j’en profite pour échanger quelques mots.»

De son expérience nippone, outre quelques contacts avec sa famille d’accueil et des amis qu’il a rencontrés sur place, lui reste aussi la notion de respect chère aux Japonais. «C’est quelque chose qui m’a particulièrement marqué. Tu peux faire plus ou moins ce que tu veux, ils ne vont jamais t’engueuler ou s’énerver. Ils vont t’expliquer les choses et essayer de comprendre pourquoi tu as agi de cette manière. J’essaie d’appliquer cette philosophie, de rester calme et de chercher à comprendre.»

Avant de tenter d’entrer à la Haute école pédagogique de Fribourg – qui sélectionne ses étudiants en fonction des notes obtenues en maturité –, Timon Gavallet entend faire une nouvelle coupure dans ses études, l’été prochain. Cette fois-ci, pas question de se rendre à l’autre bout du monde, mais sous les drapeaux, pour son service militaire. «Je prévois d’effectuer la version courte, mais j’espère grader au moins une fois», glisse-t-il. Avec ça, ses futurs élèves auront intérêt à filer droit.

Muriel Ambühl