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«L’EPFL n’est pas notre concurrent»
©Michel Duperrex

«L’EPFL n’est pas notre concurrent»

20 septembre 2017 | Edition N°2084

Yverdon-les-Bains – Après avoir codirigé le Centre de l’énergie de l’EPFL, le professeur Massimiliano Capezzali a rejoint la HEIG-VD, où il a pris la direction du tout nouveau Pôle de compétence Energie. La priorité sera mise sur le renouvelable.

Massimiliano Capezzali, 44 ans, entend faire profiter la HEIG-VD de son expérience. ©Michel Duperrex

Massimiliano Capezzali, 44 ans, entend faire profiter la HEIG-VD de son expérience.

Il est arrivé sans faire de bruit. Et pourtant, l’engagement d’un professeur et spécialiste de renommée dans le milieu de l’énergie, le Chaux-de-Fonnier Massimiliano Capezzali, à la Haute Ecole de gestion et d’ingénierie du canton de Vaud (HEIG-VD) pourrait bien faire des vagues. Ambitieux, le directeur du tout nouveau Pôle de compétence Energie entend faire profiter son nouvel employeur de son expérience acquise durant plus de dix ans au sein de l’Ecole polytechnique de Lausanne (EPFL). Interview.

 

Massimiliano Capezzali, pourquoi vous-êtes vous laissé tenter par le projet de la HEIG-VD ?

Après dix ans passés à l’EPFL, j’éprouvais le besoin d’un nouveau challenge. La volonté de la HEIG-VD de créer un pôle de compétence en matière d’énergie, de fonctionner de façon systémique, m’a séduit. L’EPFL est davantage orientée vers la recherche fondamentale. Ce qui n’est pas le cas d’une haute école, qui est surtout tournée vers le terrain et qui met en place des projets concrets à court et moyen terme.

 

Vous avez quitté une école prestigieuse, classée 14e mondiale, pour rejoindre une HES, moins réputée. Peut-on y voir une forme de régression ?

Non, il ne faut pas raisonner en termes hiérarchiques. Si les écoles polytechniques, comme celles de Zurich ou de Lausanne, jouissent d’une très grande renommée internationale, c’est aussi parce qu’elles publient des articles scientifiques dans des revues prestigieuses, comme Nature. Ce qui n’est pas la vocation d’une HES, qui doit se concentrer sur les besoins de l’industrie et de l’économie locale. Surtout, la HEIG-VD travaille sur des projets à implémenter dans un tissu local, voire régional. L’EPFL n’est pas notre concurrent. Nous travaillons, au contraire, de manière complémentaire.

 

Le Pôle de compétence Energie a vécu sa première rentrée hier. Quelle est sa vocation ?

L’idée était de créer une entité capable de mettre en avant les compétences de la HEIG-VD. Surtout, l’objectif était de créer des ponts : durant trop longtemps, on a fonctionné en «silo», c’est-à-dire que chaque domaine énergétique, qu’il soit solaire, thermique ou électrique, travaillait de manière isolée. Ce n’est plus possible. En outre, le «G», de HEIGVD, m’a énormément plu. Le pan économique de l’école est fondamental, notamment en matière de business plan, et de financement de projets énergétiques de manière générale.

 

Quel sera votre rôle, en tant que directeur de l’entité ?

J’aime me considérer comme un facilitateur d’idées et de contacts. En plus de créer des ponts au sein de la HEIG-VD, et entre la Haute Ecole et des partenaires, publics comme privés, j’ai aussi à coeur de développer la notoriété et la renommée dont jouit déjà la HEIGVD.

 

Le nom de Cité de l’énergie est volontiers prêté à Yverdon-les-Bains. Un terrain fertile pour le développement de projets énergétiques avec la Ville ?

J’ai effectivement le souhait de collaborer étroitement avec la Ville, et le Service des Energies (SEY) en particulier. Une série d’idées de projets a d’ailleurs été évoquée. Dans Yverdon-les-Bains, il y a «les-Bains». La ville peut se targuer de bénéficier de gisements d’énergie thermique. C’est une formidable source d’énergie renouvelable sur laquelle il faut tabler.

 

A propos d’énergie renouvelable, le peuple suisse a récemment voté en faveur d’un tournant énergétique en 2050. Une aubaine pour un Pôle de compétence comme celui de la HEIGVD ?

Oui, car il y a eu un temps pour les prédictions et les théories. Aujourd’hui, il s’agit de les mettre en pratique à travers des projets concrets. Mais la sortie des énergies fossiles se fera par étapes. Il ne faut pas oublier que, concernant les produits pétroliers, la Suisse est proportionnellement plus dépendante que les Etats- Unis, à qui on aime taper sur les doigts.

 

Quels sont les grands défis aujourd’hui ?

Il faut prendre en compte les besoins de stockage, qui doivent accompagner le développement de centrales photovoltaïques, comme celle d’Onnens, réalisée récemment. A noter que le potentiel est également très fort dans les domaines de la mobilité, ou encore du chauffage d’habitations.

 

Expérience académique

 
1973 Naissance à La Chaux-de-Fonds, de parents italiens.

1998 Il obtient un doctorat en physique à l’Université de Neuchâtel.

1999 Massimiliano Capezzali travaille comme chercheur auprès de la Queen’s University de Kingston, en Ontario (Canada).

2000 De retour en Suisse, il s’engage au Département fédéral de justice et police comme collaborateur scientifique.

2001 Il rejoint l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), d’abord comme chercheur, puis comme adjoint au décanat de la faculté Sciences et techniques de l’ingénieur.

2007 Il accède au poste de directeur adjoint du Centre de l’Energie de l’EPFL.

2017 Massimiliano Capezzali dirige le Pôle de compétence Energie de la HEIG-VD.

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Simon Gabioud