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Les chorales cherchent le moyen de renaître

14 avril 2022

Le festival choral Polyphonies approche, soulevant au passage les problématiques des chorales régionales, inquiètes quant à leur avenir.

Les chorales de la région se réuniront autour d’un festival de chant le dernier week-end d’avril. Pour des concerts bien sûr, mais aussi des événements tels qu’un forum et des discussions autour de l’avenir des chorales en amateur. Car si la manifestation Polyphonies s’annonce d’envergure, elle ne reflète pas forcément un bon état de santé du côté des chorales régionales…

Non professionnelle, la chorale reste un plaisir et une passion pour les chanteurs amateurs. Mais la passion semble avoir du mal à se transmettre et, petit à petit, la flamme s’amenuise dans les chœurs mixtes ou masculins. Difficultés de recrutement et moyenne d’âge des chanteurs de plus en plus élevée: ces obstacles menacent la survie de ces groupes de chant, reflets des traditions locales et de la vie villageoise. «A une époque, nous étions quarante à la chorale. On est descendus à douze en 2000. Maintenant, nous sommes quatorze et nous avons beaucoup de peine à recruter au niveau des habitants. Il n’y a plus d’intérêt pour les chorales et la vie associative», se désole Jean-Louis Bertola, secrétaire et baryton de la chorale de Mathod-Suscévaz.

Comme d’autres chorales en difficulté, Mathod a fusionné avec Suscévaz il y a quelques années déjà. «Avant, c’était pratiquement systématique de participer à la chorale, ça faisait partie de la vie du village», ajoute le chanteur. Selon lui, l’intérêt pour la vie associative s’étiole et se répercute directement sur le chœur. Surtout chez les générations qui ne sont pas encore à la retraite. «Les jeunes ne participent pas, mais ne viennent pas non plus en tant que spectateurs. Ils ont toujours autre chose à faire!»

Malgré les campagnes de recrutement, la publicité et même en allant aux soirées des Jeunesses campagnardes, les troupes ont du mal à raviver la flamme. Mais quel jeune rejoindra seul une chorale composée d’hommes de 70 ans, chantant ensemble depuis des années? «Toutes les chorales de la région, voire de Suisse, souffrent probablement du même problème. Nous sommes vieillissants. Il faudrait trouver des équipes de jeunes. Par jeunes, j’entends aussi les quadragénaires!» explique Jacques Bally, chargé de la communication pour la chorale Chor’hom de Montagny et Yverdon, qui compte vingt chanteurs. «On maintient les effectifs par des fusions. Avant de peut-être disparaître. Chor’hom, c’est mon bébé. Mais pour perdurer, il faudra complètement se restructurer et voir à quel point nous sommes soutenus.» Alors à qui la faute? Selon lui, les efforts doivent se faire des deux côtés. «On ne fait rien pour véritablement attirer les jeunes. Le répertoire n’est peut être pas adapté à ce qu’on entend aujourd’hui à la radio. Nous sommes restés dans un répertoire composé de chants de chez nous. On chante le pays, on chante le vin, ce sont des chants assez traditionnels. Mais c’est de la bonne musique!»

Ce réel décalage entre les générations sera l’objet du forum lors du festival Polyphonies, dans l’idée de trouver des pistes d’idées, des solutions, des points à améliorer pour attirer un nouveau public.

Léa Perrin