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Les truites attaquées par un champignon

7 mars 2012

Sept truites retrouvées mortes dans l’Arnon, dix dans la Menthue! Les truites du lac sont victimes d’un champignon ayant notamment sévi dans le Doubs. Pas de quoi s’alarmer pour l’instant, explique le conservateur de la pêche.

Joël Pasteur, président de la section yverdonnoise des pêcheurs en rivières, (au centre) s'inquiète des truites mortes découvertes dans la Menthue et l'Arnon.

«Les géniteurs de truites sont affaiblis après la période de reproduction. S’ils se blessent, alors un champignon intègre leur organisme et cela peut provoquer leur mort. Dans le Nord vaudois, le garde-pêche local a notamment trouvé huit truites mortes à cause de ce phénomène du côté de l’Arnon et dix dans la Menthue. Le nombre exact de poissons morts? On ne s’amuse pas à les compter, mais, si on élargit un peu le rayon d’observation, on compte plusieurs dizaines de truites mortes du côté de l’Aubonne, c’est certain. La Venoge a également été touchée.» Le nom de ce champignon qui attaque donc les truites du lac? Saprolegnia parasitica. L’auteur de ce constat? Frédéric Hofmann, conservateur de la pêche et des milieux aquatiques à l’Etat de Vaud.

Rien d’alarmant

Le spécialiste ne souhaite pourtant pas tirer la sonnette d’alarme: «Disons qu’observer ce phénomène, somme toute naturel, en nombre si élevé, est un peu plus surprenant, mais n’est pas alarmant. Ce phénomène pourrait être expliqué par les températures de l’eau relativement élevées en fin d’année passée, ainsi que par les bonnes conditions de visibilité (eaux basses). Le constat sera préoccupant s’il se répète au long des années à venir. Pour l’heure, nous sommes attentifs et à l’affût de toute information complémentaire. Nous observons chaque année des poissons morts à cause de ce phénomène et, pour l’heure, la situation n’est de loin pas aussi alarmante que ce que l’on a pu observer dans le Doubs.» En France voisine, ce sont en effet plusieurs centaines de poissons qui ont été touchés l’an dernier et, cette année, ce sont les Jurassiens qui ont trouvé quelques truites mortes dans la Sorne. Le Saprolegnia a-t-il commencé une mission de destruction ou pourra-t-il être stoppé?

Difficile à dire pour l’instant, mais Jean-Noël Pasteur, président de la section yverdonnoise des pêcheurs en rivière, fidèle arpenteur du Nord vaudois depuis de longues dizaines d’années, s’en inquiète: «Personnellement, je n’ai rien vu de tel depuis vingt ou trente ans et une mousse blanche qui venait, à l’époque, depuis le Jura.» Les paroles de Frédéric Hofmann l’apaiseront-elles? Sans doute, mais le jour de l’ouverture de la pêche, on ne parlait que de ce fameux champignon, dont on ignorait le nom scientifique, du côté de la cabane du Moulinet, lieu de rendez-vous des pêcheurs nord-vaudois après une journée passée à chercher la truite.

Les pêcheurs yverdonnois ont quand même réussi à ramener des truites pour le premier jour

Sept poissons en rivière pour le jour d’ouverture à Yverdon

Michel Zanetti a pêché six truites pour un total d’1,8 kilo!

Les pêcheurs en rivière ont une règle très stricte à respecter. En dessous de vingt-quatre centimètres, le poisson pêché doit être remis à l’eau! Pour la section yverdonnoise de la Société vaudoise des pêcheurs en rivière (SVPR), le jour d’ouverture de la pêche 2012 a donc été l’occasion de voir si le coup d’oeil qui permet au pêcheur chevronné de tout de suite voir si son poisson a la taille minimum était toujours aussi précis! Le premier jour, dimanche dernier, donc, n’a malheureusement pas été très fructueux. A l’heure de la pesée ce sont sept poissons qui se trouvaient sur la table. Il faudra se reprendre durant la semaine et lors des week-ends à venir, car les pêcheurs d’Yvonand ont fait fort pour le premier jour, comme le précise avec le sourire le président de la section locale et amie Frédy Steinmann: «Ce sont vingt-deux truites qui ont été pêchées! Huit pêcheurs en ont ramené pour la pesée et l’un d’eux en avait huit. Ce sont surtout les petits ruisseaux qui ont été prolifiques.» Une piste à creuser pour les Yverdonnois?

Timothée Guillemin