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Les Urbigènes disent «oui» de justesse à Gruvatiez

14 décembre 2015

Orbe – Les autorités ont pu pousser, hier, un immense soupir de soulagement. Après des semaines de campagne intense, la population a accepté le fameux plan de quartier… à 51,22% des votants.

La Municipalité à l’heure de la conférence de presse (de g. à dr.): Jacques-André Mayor, Guido Roelfstra, Henri Germond, Pierre Mercier, Xavier Duquaine (secrétaire municipal) et Claude Recordon (syndic). © Michel Duperrex

La Municipalité à l’heure de la conférence de presse (de g. à dr.): Jacques-André Mayor, Guido Roelfstra, Henri Germond, Pierre Mercier, Xavier Duquaine (secrétaire municipal) et Claude Recordon (syndic).

La tension était quasi insoutenable, hier à midi, devant l’Hôtel de Ville d’Orbe, où partisans et opposants au PPA Gruvatiez s’étaient réunis, dans l’attente des résultats de la votation. Après plusieurs semaines de campagne acharnée, impossible de donner le moindre pronostic. «Le score sera très serré», prédit le municipal Pierre Mercier, faisant les cent pas sur la place du Marché. Il ne sait pas encore à quel point il a raison. Peu après 12h30, Pierre-Alain Wieland, président du Conseil communal, sort sur le perron du bâtiment: moins de soixante voix d’écart (!), sur plus de 2200 votants, en faveur de Gruvatiez: 1192 pour et 1135 contre (avec un taux de participation de 50,14%). C’est l’explosion de joie d’un côté, et les mines sombres de l’autre. Les yeux au bord des larmes, Pierre-Alain Wieland, lui, peine à masquer son émotion: «Cette période a été difficile, mais, aujourd’hui, c’est passé. Ce fut un bel exercice de démocratie.» Une femme surgit, coupe de champagne à la main, et arborant le «pin’s» des partisans du «oui»: «C’est le plus beau jour de ma vie!»

Dans les étages de l’Hôtel de Ville, les membres de la Municipalité préparent, au calme, la communication officielle. «Nous nous réjouissons tout d’abord du fort taux de participation, preuve que la démocratie directe a fonctionné», relève d’emblée le syndic Claude Recordon, lors d’une courte conférence de presse. «C’est un soulagement, car nous avions toujours cru en ces infrastructures, pour le bien des Urbigènes et de la collectivité.»

Quartier de 1200 habitants

Pour rappel, l’enjeu de la votation était le désormais fameux Plan de quartier Gruvatiez-En-Lavegny, soutenu par l’ensemble de la Municipalité et accepté par le Conseil communal, mais combattu en référendum, notamment par les Verts. Le PPA prévoit, à terme, 23 bâtiments et 500 logements, pour 1200 habitants, le tout au sud de la commune, dans la boucle formée par la ligne de chemin de fer de l’Orbe-Chavornay.

Pour les autorités, ce plan permet de répondre, à la fois, aux besoins de la cité en matière de croissance démographique et aux nouvelles contraintes de densification imposées par la Loi sur l’aménagement du territoire. Pour les opposants, au contraire, le futur quartier cristallise toutes les craintes: déplacement du centre vers l’extérieur, hausse d’impôts, perte de l’âme de la commune avec l’arrivée de nouveaux habitants…

«Nous avons toujours su que la votation se jouerait sur pas grand chose, surtout que ce genre de grand projet est toujours difficile à faire passer», reconnaît le syndic, satisfait d’avoir réussi à convaincre une majorité d’habitants du bien-fondé de la politique de «croissance de la population mesurée et régulière», menée par la Municipalité. Reste que cette votation n’est qu’une étape. Il reste des «écueils». Deux opposants ont, ainsi, fait recours auprès du tribunal après avoir été déboutés en premier lieu par le Conseil communal. La Commune est dans l’attente du verdict. Cette dernière va aller de l’avant, lançant, notamment, les démarches pour obtenir le label quartier WWF. Les premiers habitants sont attendus à l’horizon 2020.

Yan Pauchard

 

Les opposants satisfaits d’avoir permis à la population de se prononcer mais frustrés par le résultat

Luiz De Souza (Les Verts) est déçu par l’issue du vote. © Michel Duperrex

Luiz De Souza (Les Verts) est déçu par l’issue du vote.

Loris Koenig, le porte-parole du comité référendaire désavoué par le vote, ne cachait pas sa déception hier, quelques heures après que le verdict soit tombé. «Nous souhaitions que la population urbigène se prononce sur ce projet, nous avons atteint cet objectif, mais notre but principal était, bien sûr, que le Plan partiel d’affectation (PPA) soit refusé, ce qui n’a hélas pas été le cas pour seulement une soixantaine de voix», regrette-t-il.

Luiz De Souza (Les Verts) mettait, quant à lui, en évidence «la pertinence du référendum» traduite par ce faible écart. «J’ai le sentiment qu’Orbe, en tant que Cité de l’énergie, méritait mieux que ce PPA. J’espère que la Municipalité prendra note de cette réaction d’une partie de la population et que les engagements tels que l’obtention du label du WWF seront respectés», a-t-il commenté.

Loris Koenig avoue ne «pas avoir une grande confiance envers les partisans du oui au PPA, au regard des «informations erronées» véhiculées par ces derniers lors de la campagne, prétend-il. «La Municipalité et le comité pour Gruvatiez ont en outre usé d’arguments fallacieux en faisant croire à la population que si le plan mis en votation était refusé, l’ancien PPA datant de 1996 s’appliquait automatiquement. Cela alors même que plusieurs fonctionnaires cantonaux ont expliqué que ce n’était pas le cas et qu’un nouveau plan était possible», déclarent, notamment, les initiants du référendum.

Ces derniers fustigent, en outre, «une étude économique aussi tardive que lacunaire» commandée par l’Exécutif urbigène, dont les séances d’information «ont permis de relever de nombreuses contradictions dans leur argumentaire», ajoutent-ils.

«Le résultat est d’autant plus remarquable que la campagne était à armes inégales», relèvent les Verts. Quant au financement public de l’ensemble de la campagne pour le «oui», «il demeure opaque», selon les opposants.

Ludovic Pillonel