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L’existence en trois temps
Yverdon, 24 octobre 2019. TBB, "Three ages". © Michel Duperrex

L’existence en trois temps

28 octobre 2019 | Edition N°2611

Yverdon-les-Bains – La compagnie Idem explore par la danse notre rapport à la temporalité dans sa nouvelle pièce intitulée Three Ages, à l’affiche du Théâtre Benno Besson cette semaine.

Passé, présent et futur. Voici comment notre conception linéaire du temps découpe ce dernier. Une trinité à laquelle nous sommes soumis et qui forme le terreau de nos questionnements les plus existentiels. Des interrogations qui ont irrigué l’imagination des chorégraphes Clément Bugnon et Matthias Kass, de la compagnie Idem, qui présentent leur nouveau spectacle Three Ages, les 29 et 30 octobre, au Théâtre Benno Besson à Yverdon-les-Bains.

Complexe sobriété

En à peine plus d’une heure, la pièce se donne comme objectif d’explorer la complétude de ce triptyque et de mettre en mouvement les corps tiraillés entre le révolu, l’actuel et l’avenir. Un défi relevé grâce, notamment, au talent des trois danseurs qui viennent métaphoriquement incarner ces trois temps, leurs nuances et leurs interactions respectives. Parfois doux, parfois violents, les pas s’enchaînent avec brio dans une mise en scène sobre. Sombre aussi, que ce soit par les jeux de lumières ou la musique, composition originale de Szymon Brzóska.

Certes, quelques lenteurs et l’abstraction de la mise en scène peuvent en refroidir certains. Mais l’universalité de la métaphore, la clarté des allégories et l’indéniable travail esthétique fourni permettent à Three Ages de résonner en chacun, car on peut y projeter son propre rapport au temps.

«Nous avons un fil conducteur très précis, mais nous laissons aux gens leur part d’interprétation», explique le Sainte-Crix Clément Bugnon. Pour le danseur Samir M’kirech, venu de Marseille, «la construction est narrative, mais on n’essaie pas de diriger le spectateur. On lui redonne son pouvoir».

Deux ans de maturation

Du temps, il en aura fallu également pour mettre sur pied la représentation. Deux ans entre l’écriture, élaborée par Matthias Kass, la recherche de partenaires comme le Théâtre Benno Besson, la sélection des acteurs et les répétitions. «Nous avons dû faire une sélection sur CV, glisse Clément Bugnon. Nous avons reçu plus de 400 candidatures!» Finalement, c’est un casting international qui, dans les coulisses, bascule du français à l’anglais, de l’italien à l’allemand. Ainsi, outre Samir M’kirech, Mattia Saracino et Simone Frederick Scacchetti, en alternance avec Stefano Roveda, fouleront les planches cette semaine.

En outre, les chorégraphes indiquent qu’un nouveau projet de la compagnie est dans les cartons et devrait voir le jour l’année prochaine, sans en dire plus. Mais avant de se tourner vers l’avenir, ils restent focalisés sur le présent et assurent vouloir poursuivre la représentation de Three Ages «tant que les gens viendront».

Guillaume Guenat