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L’horaire du 31 juillet fait débat

28 juillet 2015

Yverdon-les-Bains – La problématique de l’horaire d’ouverture des commerces du centre-ville revient sur le tapis à l’aube du 1er août. La SIC et Unia sont à nouveau aux prises.

La SIC voudrait un horaire d’ouverture des commerces élargi vendredi pour compenser le manque à gagner de samedi. Le syndicat Unia est monté aux barricades. © Michel Duperrex

La SIC voudrait un horaire d’ouverture des commerces élargi vendredi pour compenser le manque à gagner de samedi. Le syndicat Unia est monté aux barricades.

«C’est une forme de terrorisme soft. Unia utilise les armes de la justice et de la démocratie pour imposer sa vision du monde.» Laurent Gabella, le président de la Société industrielle et commerciale (SIC) d’Yverdon, Grandson et environs, ne décolère pas. Après s’être opposé, en décembre dernier, aux deux nocturnes proposées le samedi par les commerçants du centre-ville, le syndicat Unia a, une nouvelle fois, déposé un recours avec effet suspensif au Tribunal cantonal. Il s’agit, cette fois-ci, d’une réaction à la sollicitation d’ouverture prolongée, vendredi, veille de jour férié. Une requête «raisonnable et proportionnée», aux yeux de Laurent Gabella.

«Nous avons été interpellés par la Municipalité, qui a voulu notre avis sur une demande d’extension de l’horaire d’ouverture à 19h30 au lieu de 18h ce jour-là. Nous avons émis un préavis défavorable», explique Dominique Fovanna, responsable du secteur tertiaire chez Unia Vaud.

Le compromis de 19h

L’Exécutif yverdonnois a pris note de ce jugement et décidé de donner la possibilité aux enseignes de fermer à 19h. «Nous avons souhaité jouer la carte de l’apaisement en allant en partie dans le sens des commerçants», commente le vice-syndic Marc-André Burkhard, qui déplore le recours d’Unia. «C’est un peu l’épreuve de force. Une consultation municipale a eu lieu vendredi passé et la majorité d’entre nous demeure favorable à une ouverture prolongée jusqu’à 19h», déclare-t-il.

Il précise que, si l’on se fie au règlement municipal sur les heures d’ouverture et de fermeture des magasins, l’Exécutif est en droit, «dans des cas exceptionnels, d’autoriser certaines dérogations» (art. 3).

Aux yeux de Dominique Fovanna, une fête du 1er Août ne saurait revêtir ce caractère extraordinaire. Elle indique que le recours auprès de la Cour de droit administratif et public du Tribunal cantonal est consécutif à une «vaste consultation dans la ville». Beaucoup de collaborateurs des commerces sont contre une ouverture prolongée, car ils désirent garder l’avantage que leur octroie le calendrier cette année: deux jours de congé consécutifs, mais aussi l’opportunité de finir plus tôt le vendredi. Un plus non négligeable, de nombreux employés célébrant la Fête nationale le 31 juillet, tient à relever la responsable du secteur tertiaire d’Unia. Elle ajoute que les patrons de petits commerces n’ont pas forcément les capacités financières et en personnel pour assumer un horaire élargi, sans oublier que «certains travaillent déjà septante heures par semaine».

Elle se défend de l’inégalité de traitement à l’encontre des commerçants de la Cité thermale reprochée par Laurent Gabella. «Il n’y a aucun acharnement de notre part. Nous avons toujours la même façon de faire», explique-t-elle. L’«attitude procédurière», au mépris du dialogue, que le président de la SIC prête à Unia, est, elle, contrebalancée par l’argument du délai. «Il a fallu réagir vite», déclare Dominique Fovanna.

Evolution des moeurs

Les Nocturnes avaient déjà provoqué une bisbille entre Unia et la Société industrielle et commerciale. © Michel Duperrex -a

Les Nocturnes avaient déjà provoqué une bisbille entre Unia et la Société industrielle et commerciale.

Laurent Gabella estime qu’une posture du type de celle d’Unia menace grandement les commerces du centre-ville d’Yverdon-les-Bains, car elle ne va pas «à la rencontre des besoins de la clientèle». Les moeurs ont considérablement changé: la pendularité et le report des courses en fin de journée, lié au fait que les deux parents travaillent, sont quelques-uns des facteurs qui poussent les consommateurs vers les grands centres périphériques, les shops, les station-service ou sur internet, estime-t-il.

Sans attendre que le Tribunal cantonal ne tranche au sujet de l’horaire d’ouverture de vendredi, le président de la SIC envisage un durcissement de la position des commerçants quant au dossier des horaires élargis, mis sur le tapis depuis plusieurs années. «Il était d’abord question d’ouvrir une heure de plus le samedi. Je vais demander un alignement sur les heures d’ouverture d’En Chamard», déclare-t-il.

Quant à Unia, le syndicat souhaite, à Yverdon-les-Bains, la signature d’une convention collective de travail à l’image de celle en vigueur à Lausanne et à Nyon, relève Dominique Fovanna. Une rencontre a été organisée avec la Municipalité en juin pour en discuter. «Les commerçants ne veulent pas de cette CCT. Il serait, de toute façon absurde d’en signer une alors que la Loi sur les heures d’ouverture des magasins est actuellement en consultation auprès des chambres fédérales», précise Laurent Gabella.

Ludovic Pillonel