Agiez – Les futures mamans qui souhaitent accoucher en toute intimité, loin des hôpitaux, pourront profiter du cocon de La Louve. Une première dans le Nord vaudois.
Décor sobre et moderne, notes parfumées d’huiles essentielles, et tableaux aux couleurs chaleureuses : tout est prêt pour accueillir les futurs parents à La Louve, la première maison de naissance du Nord vaudois. Tout, ou presque. Sur la quinzaine de documents que le Canton requiert avant d’octroyer l’autorisation d’exploitation, «il ne nous manque plus que l’accord de collaboration de l’Hôpital d’Yverdon-les-Bains pour autoriser le transfert des patientes à la maternité, en cas d’urgence extrême», précise Melissa Affane, sage-femme et responsable du projet qui est sur le point d’éclore à Agiez. «J’ai signé ce matin-même (ndlr: hier) les papiers», assure Jean-François Cardis, directeur général des Etablissements hospitaliers du Nord vaudois (EHNV).
Soutenue par l’association Mariposa Espace Femmes & Familles, la sage-femme urbigène a décidé de créer ce lieu unique dans la région, afin de répondre à une demande croissante des familles romandes, mais aussi de France voisine (voir ci-dessous).
Redonner sa place à la nature
«A priori, un accouchement est à 89% physiologique et donc, il ne nécessite pas d’intervention médicale, assure Melissa Affane. Mais cet a priori ne fonctionne que si on laisse faire la nature du début à la fin.» Et c’est bien là le but des maisons de naissance et des sages-femmes. Suivi durant la grossesse, accouchement, séjour, prise en charge post-partum, la sage-femme s’occupe de tout. Ses prestations -exception faite des frais de séjour en maison de naissance- sont remboursées par l’assurance maladie de base. «A 100% et sans franchise, précise-t-elle. Pour l’ensemble du suivi, cela revient à environ 5000 francs, contre 10 000 francs pour un accouchement et un séjour classique de trois jours à l’hôpital.»
Une alternative qui a ses avantages et ses inconvénients, puisque les patientes peuvent, notamment, dire au revoir à la péridurale. Un «petit sacrifice» qu’Alyson Salzano est ravie de faire : «Ce qui me plaît par-dessus tout, c’est que la sage-femme me connaît. Elle est au courant de mes peurs et à l’écoute de mes besoins, mais ne vient pas me parler pour rien.» Cette heureuse maman de bientôt quatre enfants et maîtresse d’école à Corcelles-sur-Chavornay a décidé de confier le suivi de sa grossesse à Melissa Affane, mais de donner naissance chez elle, dans son cocon.
Concernant la prise en charge hospitalière, cette habitante d’Agiez déplore, notamment, les fréquents dérangements pour des contrôles et la position qui est imposée aux femmes. «La dernière fois, je m’étais mise à quatre pattes et tout allait bien jusqu’à ce que les infirmières me forcent à me coucher sur le dos, confie-t-elle. C’est là que tout s’est bloqué et, surtout, que j’ai senti la différence au niveau des douleurs.»
Une prise en charge sécurisée
Principal reproche fait aux maisons de naissance : le manque de sécurité par rapport à un accouchement dans une structure hospitalière. «De nombreuses études ont prouvé que les naissances extra hospitalières permettaient de gagner en sécurité de la santé maternelle, fœtale, néonatale et familiale, souligne Melissa Affane. De plus, pour ouvrir une maison de naissance dans le canton, nous devons nous situer à environ vingt minutes d’une maternité. Et seules les grossesses à bas risques peuvent prétendre à ce type d’accouchement. Après, c’est à chacun de choisir ce qui lui convient le mieux.»
Retrouvez le témoignage d’Alyson Salzano et l’interview de Melissa Affane sur les positions d’accouchement sur www.laregion.ch/region-tv.
Une demande croissante et un risque maîtrisé
Que ce soit à l’hôpital, à domicile ou en maison de naissance, les futurs parents choisissent l’endroit qu’ils préfèrent. L’année dernière, 1769 bébés ont vu le jour en maison de naissance, en Suisse. Un chiffre en constante augmentation, mais qui ne représente, toutefois, que 2 à 3% des naissances totales.
Parmi ces heureux événements, en 2016, 17% des mamans ont dû être transférées à l’hôpital avant ou durant l’accouchement, parce que le bébé n’arrivait pas à descendre dans le bassin ou qu’il y avait une stagnation de la dilatation. Et seules 3% des patientes ont été hospitalisées après la naissance de leur enfant. «Les situations d’extrême urgence surviennent plutôt après l’accouchement (ndlr : c’est donc moins de 3% des cas) et ils sont rares, car les sages-femmes anticipent énormément», explique Anaïs Gaille, membre de l’Association suisse des maisons de naissance.