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Menace sur le développement de la Cité thermale

15 octobre 2015

Yverdon-les-Bains – Le chef-lieu nord-vaudois pourrait subir les conséquences de la révision de la Loi fédérale sur l’aménagement du territoire. Le point avec le spécialiste du cru, Vassilis Venizelos.

L’urbaniste Vassilis Venizelos craint que l’interprétation politique cantonale de la Loi fédérale sur l’aménagement du territoire ne prétérite le développement des centres comme Yverdon-les-Bains. © Michel Duperrex

L’urbaniste Vassilis Venizelos craint que l’interprétation politique cantonale de la Loi fédérale sur l’aménagement du territoire ne prétérite le développement des centres comme Yverdon-les-Bains.

C’est devenu un thème incontournable dans les réunions des autorités communales de la région comme du Canton. La révision de la Loi sur l’aménagement du territoire (LAT), entrée en vigueur le 1er mai 2014, n’a pas fini de donner des cheveux blancs aux représentants politiques de tous bords, en quête de solutions de développement pour leurs communes. Yverdon-les-Bains, dont les besoins en logements supplémentaires sont avérés, ne déroge pas à la règle.

Le député vert local Vassilis Venizelos (Les Verts), qui suit, en sa qualité d’urbaniste et chef du Service du plan directeur à l’Etat de Genève, d’un oeil attentif la gestion du territoire dans le canton, estime, en effet, qu’à l’image d’autres centres, la Cité thermale est menacée dans son développement par un choix politique. «Selon le Conseil d’Etat, la nouvelle LAT impose que les périmètres des centres soient aussi astreints à une limite de croissance, alors que la loi fédérale prône la densification de ces derniers», relève l’Yverdonnois.

Pour l’heure, impossible de savoir de quelle manière les zones à bâtir seront réparties sur Vaud, la validation de la 4e adapatation du Plan directeur cantonal étant programmée en 2017. Cependant, cette volonté de contrôle des autorités pourrait imposer au chef-lieu du Nord vaudois de se fixer des priorités dans le cadre de ses différents axes de développement. «Je dénombre, actuellement, trois grands projets, à savoir Coteau Est, où les promoteurs sont prêts à envoyer les grues, le chemin de Roseyres et Les Parties, qui sont une extension indispensable en lien avec le futur quartier Gare-Lac, puisque les services techniques et les garages à bus qui s’y trouvent y seront déplacés», précise l’urbaniste.

Ville ou agglomération?

Une autre inconnue concerne le périmètre qui sera pris en considération dans l’établissement du taux de croissance qu’Yverdon-les-Bains devra respecter. Sera-t-il limité au territoire communal ou englobera-t-il l’ensemble de l’agglomération? Dans le second cas de figure, un autre chantier de grande ampleur entrerait dans l’équation, à savoir le développement de Chamard-Châtelard, dans lequel sont impliquées les Communes de Grandson, Montagny-près-Yverdon, Yverdon-les-Bains et Valeyres-sous-Montagny.

La prise en compte de l’entité impliquerait que les partenaires qui la composent se mettent d’accord sur les projets à privilégier pour poursuivre l’essor d’une agglomération parmi les plus dynamiques de Suisse.

Agir rapidement

Le conseil de l’urbaniste, quelle que soit l’évolution de la situation? «Aller vite, très vite dans les planifications» et profiter de la période transitoire pour conclure des alliances avec d’autres communes de la région.

En principe, aucune nouvelle zone à bâtir ne peut être légalisée, si elle n’est pas compensée par une surface équivalente en zone agricole, et ce jusqu’à l’adoption de la nouvelle mouture du Plan directeur cantonal par la Confédération, mais des exceptions sont possibles. Si Hilcona a échoué à Orbe, il n’en a pas été de même pour l’extension du collège de Grandson.

Le député yverdonnois a, dernièrement, rendu les autorités locales attentives sur la possibilité de prospecter dans les environs pour jouer la carte de l’échange des droits à bâtir. «Certaines communes nord-vaudoises devraient être intéressées à réduire leur zone à bâtir. Des arrangements pourraient être trouvés, par exemple en proposant un soutien financier dans le cadre de l’élaboration de leur Plan général d’affectation (n.d.l.r. les communes doivent s’y atteler pour 2018) ou un appui technique par le biais du Service de l’urbanisme d’Yverdon-les- Bains, indique le spécialiste, en admettant que la mise en oeuvre d’échanges de ce type est compliquée en matière de procédure, à l’image du dossier de l’aménagement du territoire dans sa globalité.

Dans ce contexte, Vassilis Venizelos salue l’appui de l’Etat de Vaud, par le biais de la publication de lignes directrices concernant le redimensionnement des zones à bâtir à l’intention des communes vaudoises, bien que l’initiative arrive tard, à ses yeux. Il envisage, d’ailleurs, d’intervenir à la rentrée auprès du Canton au sujet de cette problématique épineuse.

Ludovic Pillonel