Nouveau chapitre pour Le Livre Blanc
28 novembre 2024 | Textes: Maude BenoitEdition N°3841
La fondation Le Livre Blanc se dote d’une toute nouvelle identité numérique, afin de mettre en valeur la collection de livres anciens entreposée à la Bibliothèque d’Yverdon-les-Bains.
La fondation Le Livre Blanc – nommée ainsi depuis quelques années, auparavant Fondation du fonds ancien de la Bibliothèque publique d’Yverdon-les-Bains (FFABPY) – œuvre depuis 1995 pour valoriser et assurer la conservation d’une importante collection d’ouvrages précieux entreposée à la Bibliothèque d’Yverdon-les-Bains. Cette collection de presque 17 000 ouvrages (environ 8 000 titres) est un bien culturel qui témoigne de la riche histoire de la Cité thermale, lieu d’émulation intellectuelle au XVIIIe siècle.
À l’occasion de son repas de soutien hier, Le Livre Blanc a dévoilé sa nouvelle identité numérique. La fondation s’est en effet dotée d’un site internet permettant de mettre en avant les ouvrages numérisés et les contenus de médiation autour de ceux-ci, afin de les diffuser au plus grand nombre.
Ce site est le résultat d’un travail entamé en 2015. À ce moment, le conseil de fondation rencontrait de plus en plus de difficulté à trouver des fonds à allouer à la restauration des ouvrages contenus dans la collection. Il a donc décidé d’explorer de nouvelles pistes qui s’articulent en deux axes. Le premier se concentre sur la conservation de la collection et, lorsque c’est possible, sur la restauration. Le second s’attache à développer la médiation culturelle autour de la collection.
L’importance de la conservation
Quand on est face à une collection patrimoniale d’une telle ampleur, la question de conservation du bien est d’autant plus importante. Si le but initial était de restaurer tous les ouvrages, l’ambition a dû être revue à la baisse à cause des coûts. La nouvelle stratégie s’attache donc à conserver les ouvrages et faire en sorte qu’ils ne se dégradent pas davantage. Les ouvrages sont alors placés dans des cartons non acides et dans des locaux tempérés à 18 degrés. Les ouvrages continueront d’être restaurés, dans le cas où il sont présentés au public, car c’est finalement la manipulation humaine qui les abîme le plus.
Dans ce cadre, la numérisation est une forme de conservation digitale qui permet d’avoir accès aux ouvrages en tout temps sans les manipuler. Une nouvelle forme de conservation qui dépend toutefois du maintien des serveurs informatiques, dont la longévité comporte encore de nombreuses inconnues.
En parler
Le but n’est pas de garder cette collection loin des regards des Yverdonnois et Yverdonnoises, auxquels elle appartient. Il s’agit d’un véritable patrimoine, témoin de l’histoire de la ville. L’un des objectifs de la fondation et de la Bibliothèque d’Yverdon-les-Bains est d’ailleurs de la rendre accessible à tous et pas seulement aux chercheurs. Pour la faire connaître, un certain nombre de contenus de médiation culturelle sont mis en place. Des visites guidées et des événements sont notamment organisés. Il est également possible de retrouver le format vidéo «Compactus» disponible sur la chaîne YouTube de la Bibliothèque d’Yverdon. Et bientôt, le nouveau site internet !
Des ouvrages inestimables
Parmi les livres de la collections, on retrouve donc le Livre Blanc. Organisé par ordre alphabétique des donateurs, on y trouve notamment le nom du grand Rousseau, qui après un séjour yverdonnois, lègue dix volumes de ses œuvres et un portrait (aujourd’hui perdu) à la bibliothèque. Certains donateurs ont fait des donations uniquement pécuniaires et figurent dans la liste des bienfaiteurs de la ville, parmi lesquels on rencontre également Voltaire. Ces deux noms témoignent du rayonnement intellectuel de la ville.
La bibliothèque possède également la collection complète des 58 volumes de l’Encyclopédie d’Yverdon, se basant sur la fameuse Encyclopédie de Paris de Diderot et d’Alembert, «mais sans le caractère polémique», précise Juliette Reid, directrice adjointe de la bibliothèque et responsable de la collection de livres précieux. L’encyclopédie yverdonnoise, que l’on doit à Fortuné-Barthélemy de Félice, est un best-seller de son époque. Tirée à environ 75 000 exemplaires, elle est diffusée dans toute l’Europe.
La collection possède également douze volumes d’un Atlas appelé Géographie de Blaviane dont la version française date de 1663. Le but était dans faire une cosmographie, c’est-à-dire une série d’ouvrages cartographiant les terres, les mers et les cieux. Les volumes sont magnifiquement colorés à la main.
Enfin, et peut-être le clou du spectacle, un croquis de la ville de New Amsterdam (aujourd’hui New York) par le bailli Christoph von Graffenried (1661-1743; voir ci-dessus). En 1710, il quitte la Suisse pour fonder la colonie de New Bern en Amérique du Nord. L’entreprise se passe mal et il est contraint de rentrer en Suisse pour trouver des fonds. C’est sur le chemin du retour qu’il dessine cette esquisse, un des premiers panoramas connus de la ville.