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«Quand on a un but, rien ne peut nous arrêter»

16 janvier 2018 | Edition N°2164

Grandson – Le Mathoulon Mike Perroud a quitté sa famille à l’âge de 16 ans pour s’installer à Sofia, en Bulgarie, et suivre des cours de violon. Il était de passage au Croch’Pied, dimanche dernier. Entretien.

Mike Perroud a présenté, en avant-première à Grandson, un concerto de Beethoven qu’il jouera en Bulgarie le 24 janvier, accompagné de l’Orchestre professionnel du Conservatoire de Sofia. ©Carole Alkabes

Mike Perroud a présenté, en avant-première à Grandson, un concerto de Beethoven qu’il jouera en Bulgarie le 24 janvier, accompagné de l’Orchestre professionnel du Conservatoire de Sofia.

Mike Perroud a décidé de se consacrer à son art, le violon. Et c’est bien loin des sentiers battus et des écoles suisses qu’il évolue et perfectionne son jeu de musicien, puisqu’il vit, depuis huit ans, au cœur de la capitale bulgare, Sofia. Deux fois par année, le jeune homme de 24 ans se permet un retour aux sources pour voir sa famille, à Mathod, et donner un concert. Dimanche dernier, il s’est arrêté au Croch’Pied, à Grandson, pour offrir à quelques privilégiés un show semi-privé consacré à Beethoven. Rencontre.

 

Fils de deux artistes, sculpteurs et peintres, rien ne vous prédestinait à devenir musicien. Mike Perroud, comment est née votre passion pour le violon ?

J’ai décidé ça tout à coup, en voyant le vieux violon de mon grand-père accroché au mur.

 

Quel âge aviez-vous au moment de cette révélation ?

Sept ans et demi.

 

Et comment ont réagi vos parents ?

Au début, ma mère m’a mis en garde en me disant que c’était un instrument difficile à jouer. Mais, le lendemain, ils ont fini par m’inscrire à un cours de musique.

 

Pourquoi avez-vous choisi de commencer votre cursus au Conservatoire de musique de Neuchâtel et pas dans le Nord vaudois ?

Je voulais suivre des cours à Yverdon-les-Bains mais, à l’époque, le professeur qui enseignait le violon ne voulait pas que l’on touche un instrument avant d’avoir passé deux ans à étudier le solfège. Et moi je ne voulais pas attendre.

 

Et qu’est-ce qui vous a poussé à partir à Sofia, en Bulgarie ?

Après l’école obligatoire, je cherchais un professeur pour me perfectionner. C’était en plein au moment des accords de Bologne. En Suisse, il n’y avait pas encore de structure pour me permettre de faire des heures de musique, comme je le souhaitais. C’est grâce à l’une de mes professeurs, Denitsa Kazakova, qui habite aussi à Mathod et qui est Bulgare, que j’ai pu rencontrer un professeur du Conservatoire de Sofia. Je suis parti faire un test là-bas et je ne suis jamais revenu.

 

Étiez-vous seul en Bulgarie ou viviez-vous dans une famille d’accueil ou chez des amis ?

Le premier mois, j’habitais chez une grand-maman, mais ensuite, j’ai pris un appartement.

 

N’est-il pas difficile de vivre loin de sa famille lorsqu’on est un adolescent de 16 ans ?

Même si j’avais le soutien moral de ma famille, c’est vrai que, parfois, j’ai eu des coups de blues. Mais ça a surtout été une expérience très enrichissante. Et de toute façon, quand on a un but, rien ne peut nous arrêter.

 

Comment avez-vous fait pour vous intégrer ?

Cela n’a pas été facile, mais j’avais trouvé mon professeur idéal, alors il fallait que je réussisse pour pouvoir rester. J’ai donc effectué ma maturité à Sofia, durant quatre ans, en parallèle à mes cours privés de violon. Et c’est là que j’ai pu découvrir la langue et la culture du pays.

 

Est-ce que cela vous a aidé pour la musique ?

Oui, parce que j’ai pu apprendre avec des professeurs qui s’efforcent de perpétuer les traditions des grands maîtres russes. C’est un style un peu vieux jeu, mais c’est du vrai violon. Et j’ai eu de la chance, car maintenant, tous ces professeurs partent gentiment à la retraite.

 

Aujourd’hui, où en êtes-vous dans votre cursus et qu’envisagez-vous pour le futur ?

Si tout va bien, je termine mon bachelor au Conservatoire de musique de Sofia cette année. Je compte poursuivre avec un master, toujours à l’étranger, mais certainement pas en Bulgarie. Je pense aller à la rencontre de la mélancolie de Saint-Pétersbourg. En étudiant à Sofia, j’ai fait un premier pas vers la Russie, maintenant il faut que j’aille jusqu’au bout.

Christelle Maillard