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Orbe a de gentils «marginaux»
La place du Marché d’Orbe attire des «marginaux» qui, selon une enquête, ne posent aucun problème. Christen-a

Orbe a de gentils «marginaux»

16 décembre 2024 | Textes: Jérôme Christen
Edition N°3853

Un élu PLR s’était inquiété il y a un an de la présence de «personnes souvent avinées » qui occupent les bancs de la place du Marché. Une enquête de terrain conclut que la présence de ces personnes dites marginalisées ne déstabilise pas l’équilibre du « vivre-ensemble».

Le PLR Patrick Jaquenoud avait interrogé la Municipalité «sur ce qu’il faudrait faire pour éviter que cela ne prenne plus d’ampleur et éviter un appel d’air pour d’autres personnes intéressées par le confort des bancs ou des pavés de cette place».

Deux travailleurs sociaux de la fondation Le Relais,  se sont immergés dans cette population entre mai et juillet, dans le cadre d’une collaboration constructive entre les deux services communaux de la Cohésion sociale et du Service à la population et l’équipe «Rel’aids ». Leur mandat a été été financé par un fonds cantonal de santé publique et n’a généré ainsi aucune charge financière pour la Commune.

Les deux enquêteurs sont rentrés en dialogue aussi bien avec la population dite marginale présente sur la place du Marché, qu’auprès de commerçants, d’habitants d’Orbe, de services communaux, intercommunaux ou cantonaux tels que le Centre social régional et la Police cantonale vaudoise.

Sentiment d’incompréhension

Selon leur rapport, «cette démarche a rencontré un sentiment d’incompréhension et de stigmatisation de la part de ces personnes occupant habituellement les bancs de la place du Marché. Elles ont été touchées que leur présence puisse être considérée comme problématique alors qu’elles considèrent prendre soin des lieux en ramassant les déchets et en entretenant des liens positifs avec les autres usagers. Un fort sentiment d’appartenance à Orbe de leur part a été identifié et le fait de se regrouper sur l’espace public au centre-ville tend à indiquer un excellent indicateur d’appartenance sociale.»

Il manque un pub à Orbe

Deux souhaits de leur part ont été identifiés : le retour à Orbe d’un établissement public de type « pub » et que leur présence à la place du Marché ne soit pas considérée comme un problème. Les retours de la population sont globalement tolérants, les usagers de la place étant « des personnes d’Orbe », « vivant des difficultés » et «en droit d’occuper cette place». Il apparaît que certaines nuisances « sont le fruit de quelques individus et non imputables à une population spécifique ou sa dynamique ».

De manière globale, les enquêteurs ont identifié « un grand sentiment d’appartenance à Orbe, ce qui constitue un facteur d’une bonne cohésion sociale. Toutefois, il a aussi été relevé une crainte notamment de l’arrivée de nouvelles populations et pas uniquement de personnes en situation de difficulté. C’est la conséquence d’une urbanisation  et de changements inhérents à l’accroissement et la diversification de la population. »

Manque de lieux pour les jeunes

Les travailleurs sociaux estiment «qu’une intervention spécifique ne semble actuellement pas se justifier dans la mesure où la présence de quelques personnes dites marginalisées ne déstabilise pas l’équilibre du «vivre-ensemble». La présence visible de cette population au centre-ville facilite non seulement la prise en charge en cas de nécessité mais également un suivi de la situation.» Toutefois les enquêteurs considèrent «que le développement démographique de la ville, la paupérisation de certaines tranches de population et le manque de lieux pour les jeunes pourraient amener des changements de la situation sur le moyen et long terme.» Ils soulignent que « toute initiative visant l’intégration des nouveaux habitants dans la commune par des projets d’activités et l’aménagement d’espaces pour la population jeune et précaire devrait être encouragée et envisagée pour les années à venir ».