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Le parc éolien du Mollendruz enterré
© Photomontage: Profil Paysage

Le parc éolien du Mollendruz enterré

22 janvier 2018 | Edition N°2168

Nord vaudois – Le projet éolien sur les communes de Mont-la-Ville, Juriens et La Praz ne verra pas le jour. Les conseillers généraux de la dernière nommée ont refusé le plan partiel d’affectation, jeudi dernier.

Le village de La Praz ne verra pas d’éoliennes sur ses crêtes, puisque le projet a été refusé. ©Profil Paysage

Le village de La Praz ne verra pas d’éoliennes sur ses crêtes, puisque le projet a été refusé.

Jamais on aura autant entendu parler de la petite commune de La Praz que durant ces derniers jours. Le petit village nord-vaudois d’un peu plus de 150 habitants a refusé le plus grand projet de parc éolien du canton de Vaud.

En effet, jeudi dernier, il devait se prononcer, tout comme les communes de Juriens et de Mont-la- Ville, sur l’installation de douze éoliennes sur les crêtes du Mollendruz. Et, à la surprise de tout le monde, vingt conseillers communaux ont voté «non» et onze «oui». Une majorité qui a suffi pour enterrer le projet, porté par les trois municipalités, ainsi que le Service des énergies d’Yverdon-les-Bains (SEY) et le Service d’électricité de la ville de Zurich (EWZ). Car du côté de Mont-la- Ville, la pilule est passée sans problème, avec quarante voix en faveur du projet, contre dix. Il en a été de même à Juriens (34 «oui» contre 13 «non»), où la discussion n’a même pas été ouverte.

 

Incompréhension générale

 

«Nous ne sommes pas prêts de renoncer à ce projet.» Pierre Dessemontet

«Nous ne sommes pas prêts de renoncer à ce projet.»

Du côté des porteurs du projet éolien, ce résultat reste en travers de la gorge. «Il aura fallu vingt personnes pour anéantir un projet de plus de dix ans et cinq millions de francs déjà investis (ndlr : sur un total budgeté à 85 millions), lance Pierre Dessemontet, municipal yverdonnois en charge du SEY. Surtout que le projet du Mollendruz a été jugé exemplaire en termes d’environnement par le Canton.» D’ailleurs, les votations ont été repoussées d’une année, afin de trouver un compromis satisfaisant pour les agriculteurs de Juriens. Et, aujourd’hui, c’est plus de cent hectares de terrains qui ont été accordés en guise de compensation écologique. Quant aux communes, elles n’ont pas souhaité s’exprimer sur le sujet.

Comment expliquer ce coup de théâtre, alors que toutes les discussions et négociations avaient été menées auparavant ? «Ce que l’on a constaté, c’est qu’à La Praz, sur les 31 conseillers présents jeudi dernier, onze ont été assermentés le soir-même, poursuit le municipal. Après, c’est difficile à dire si ce sont ces personnes-là qui ont voté contre le projet.» Pierre Dessemontet a également calculé que si la Commune de Juriens avait dû fusionner avec les autres pour voter, le parc aurait été validé, puisqu’il y au eu au total 85 voix pour, et 43 contre. Et ce constat agace. Certains voient en ce vote négatif le seul résultat d’une méconnaissance du dossier et des enjeux.

 

Une victoire pour certains

 

Du point de vue des associations anti-éoliennes, ce vote constitue «une grande victoire». «C’est le résultat espéré, mais il était inattendu, lance Jean-Marc Blanc, secrétaire général de Paysage-Libre Vaud, qui a suivi le débat à Mont-la-Ville. Je sais qu’à La Praz, les craintes qui ont été formulées concernaient avant tout l’impact sur la valeur des maisons, sur les chemins touristiques et le paysage.» Selon lui, les tracts de SOS Jura-Vaud-Sud ont permis aux habitants d’ouvrir les yeux sur le danger de ce projet. «Finalement, les gens ont vu, en dressant la liste des pour et des contre, que cela n’en valait pas la peine.»

 

Un plan B en vue

 

Malgré le vote de jeudi dernier, le parc éolien du Mollendruz n’est de loin pas K.-O., comme le prétend Paysage-Libre Vaud. «On prend acte de la décision, mais nous ne sommes pas prêts à renoncer au projet, affirme Pierre Dessemontet. Avant de mettre la clé sous la porte, on va explorer toutes les pistes, afin de voir ce qui peut être sauvé et, s’il le faut, on fera un plan B, C, D, E…»

Il appartient maintenant aux porteurs du projet de discuter avec les instances cantonales pour trouver une solution d’ici au mois de mars.

 

Un problème de fond

 

Selon le député au Grand Conseil Pierre Dessemontet, si le projet du Mollendruz, considéré comme le porte-drapeau éolien sur l’arc jurassien, n’a pas été accepté, cela démontre que le problème va au-delà d’une simple position pour ou contre des éoliennes : «Il y en a partout dans le monde, même au Kenya. On est le seul pays qui n’arrive pas à en monter une. Alors qu’est-ce qui cloche chez nous ? Ce sont les procédures, car il y a moyen de faire recours à tout moment sur tout, considère l’élu yverdonnois. Une prise de conscience doit se faire, parce qu’il y a un moment ou les pouvoirs publics doivent s’impliquer. Et ce moment, c’est maintenant. Le Canton et la Confédération ne peuvent plus se cacher.»

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Christelle Maillard