Peter et Marie Bloch, à Swiss Ski de père en fille
13 août 2015Ski alpin – Ils sont d’Yvonand et aiment le sport, avec des lattes et des bâtons surtout. Tandis que le premier vient de quitter ses fonctions au sein de la fédération suisse de la discipline, la seconde, de 40 ans sa cadette, vient de l’intégrer. Portrait de famille.
L’un est tombé dans la marmite du ski quand il était petit, à la Lenk. L’autre a dévalé ses premières pistes dans le sac à dos du premier en criant son bonheur, tandis que son frère jumeau pleurait. Tous deux font du ski leur vie.
Alors que Peter Bloch a pris sa retraite de Swiss Ski durant le printemps -oh, il conserve des fonctions de consultant-, où il a été responsable de l’organisation des compétitions durant de nombreuses années, sa fille Marie vient de faire son entrée, en fin d’année dernière, au sein de la fédération. Elle est la nouvelle cheffe du projet Juskila, l’énorme camp de ski annuel. «Je ne suis pour rien dans son engagement», coupe, de suite, le papa. Par contre, et ça il ne peut le nier, le virus de la glisse et du sport, c’est bien lui qui le lui a inoculé.
Peter Bloch a grandi dans les Alpes bernoises, au pied des pistes, participant même à des Championnats de Suisse en tant que concurrent, avant de rejoindre le Nord vaudois. Une fois établi dans la région, où il a trouvé l’amour, il entraîne les jeunes du Ski-Club Orbe, en devient le président, puis passe aussi par Ski Romand. Finalement, il flirte avec Swiss Ski dès le début des années 90, avant de rejoindre à plein-temps l’organisation, en 2002.
Aujourd’hui, habitant à Yvonand, où il profite du lac pour faire de la voile, son autre passion, le Bernois de 65 ans est encore délégué technique pour la Fédération internationale de ski, la FIS. «Mais j’essaie de ne plus me rendre sur les courses de Coupe du monde. Il faut laisser la place aux jeunes», tranche-t-il.
Alors, en évoquant sa carrière à sillonner les stations de montagne, il revient sur les chiffres qui ont marqué son parcours. En tant que responsable des compétitions, il avait, sous ses ordres, quelque 350 personnes formées et défrayées, et presque autant de chronométreurs. En proportion, il y a 1500 courses FIS pour une de Coupe du monde. Il y a 320 épreuves FIS et 580 nationales, chaque hiver, en Suisse. Enfin, le pays compte quelque 6000 licenciés en alpin. Ce qui, tout compris, signifie 40 000 résultats à contrôler, chaque année. «Mais avec l’informatique, on a gagné beaucoup de temps, que l’on peut utiliser à des tâches plus intelligentes», souligne celui qui était également en charge des mêmes tâches pour le fond.
Si l’été, il aime naviguer au large d’Yvonand, l’hiver, il passait plus de huitante jours sur les pistes, un peu partout. «J’ai parcouru 650 000 km en treize années. C’est presque la lune aller-retour!» Revenu sur Terre, il a estimé qu’il était temps de passer le témoin: «Je me rappelle que, plus jeunes, je n’aimais pas les vieux qui s’accrochaient à leur mandat.»
De ces années au coeur du circuit blanc, Peter Bloch conserve, avant tout, le souvenir d’un nombre incroyable de rencontres. «Le gratin, d’un côté, mais j’ai surtout connu énormément de gens merveilleux au niveau des clubs. Des passionnés, qui donnent de leur temps sans compter.»
Alors qu’il a côtoyé six directeurs différents à Swiss Ski, qu’est-ce qui a changé dans son sport, en toutes ces années? «Le matériel a beaucoup évolué. La sécurité est devenue très lourde, même pour des courses de moindre niveau. Et puis, il n’est plus possible d’organiser des épreuves de l’élite sur de la neige naturelle, qui n’est pas assez dure», énumère le Tapa-Sabllia.
«Je savais que j’allais dire oui»
Le papa a su transmettre sa passion dans la famille. Car, outre Marie, son jumeau Benoît et le frère aîné Antoine baignent aussi dans le milieu. Au Ski-Club Orbe pour le premier, vice-champion de Suisse de télémark, chronométreur à Ski Romand et moniteur au Juskila pour le second. Mais c’est bien la fille qui, donc, suit au plus près les traces de son père. Après avoir travaillé pour les Grand-Prix Migros de ski alpin, elle a été monitrice au Juskila, avant d’être contactée par Swiss Ski, il y a un an, pour intégrer sa structure. L’employée de commerce de chez Valsider, à Yverdon, n’a pas hésité bien longtemps. «Au fond de moi, je savais que j’allais dire oui», lance celle qui a grandi à Yvonand. Alors, elle a déménagé à Berne, près de ses nouveaux bureaux, où elle est la seule «Welsche». «J’y suis allée aussi pour apprendre l’allemand, mais les Bernois adorent parler français», s’amuse à relever la Nord-Vaudoise de 25 ans, qui se réjouit d’évoluer au sein de la fédération.
Depuis l’hiver dernier, elle est donc en charge du camp de ski Juskila, qui se déroule… à la Lenk. Chaque début d’année, 600 enfants de 13 à 14 ans et de tous les cantons s’y rendent, tirés au sort parmi les nombreux candidats. «Il y a régulièrement des jeunes de la région. J’ai eu une de mes élèves du tennis, souligne Marie Bloch, par ailleurs professeur au TC Yvonand. Elle s’appelle Tania et, quand elle parle du camp, elle a encore des étoiles dans les yeux.» Là réside tout l’intérêt d’un tel événement.
Si ce sera le 75e anniversaire du Juskila, cet hiver, Marie Bloch a, elle, suivi l’ouverture des 25 dernières éditions. Ses parents l’y ont emmenée chaque année. Elle a ainsi rencontré de nombreux conseillers fédéraux qui se déplacent, pour l’occasion, à la Lenk. Là où la marmite…
Un camp de ski pour tous
Le camp de ski Juskila est ouvert à tous les niveaux, pour la somme symbolique de 40 francs. Il suffit de s’inscrire au tirage au sort à www.juskila.ch pour espérer y prendre part. Il se déroule toujours du 2 au 9 janvier, à la Lenk, et la Confédération remet une lettre, si nécessaire, pour obtenir un congé scolaire. Quelque 150 collaborateurs bénévoles encadrent les participants. Cet hiver, pour le 75e, de grosses festivités sont prévues. Les Suisses de l’étranger peuvent aussi participer. «Il arrive que certains n’aient jamais vu la neige», souligne Marie Bloch, en se souvenant de certains enfants venus des îles.