Pour alléger le cœur des parents

Parce qu’ils rencontraient de plus en plus de parents désemparés, ils ont fondé Cœurs de parents, une structure qui vise à accompagner les familles. Sans prétendre avoir de recette miracle, Catherine et Olivier Renoult et Céline Brocard proposent des solutions pour surmonter les difficultés du quotidien. Consultations, ateliers ou encore groupes de parole sont proposés.

«En général, en tant que sage-femme, on accompagne les familles pendant la grossesse, puis jusqu’à une année après la naissance de l’enfant», explique Catherine Renoult, sage-femme indépendante depuis plus de vingt ans. «Mais comme je garde contact avec les parents, je me suis vite rendu compte que les familles avaient souvent besoin d’accompagnement à plus long terme. »

Il y a trois ans, au moment où Catherine, épaulée par son mari Olivier, investit les locaux de la rue de la Roselière à Yverdon- les-Bains, la structure s’appelle Espace Sage-Femme. Mais très vite, leur désir d’étoffer l’offre les pousse à changer le nom. « Ce sont nos enfants (19, 23 et 25 ans) qui nous ont glissé l’idée d’appeler cela Cœurs de parents il y a une année » , sourit Olivier.

Ingénieur de formation, mais ayant enseigné longtemps au secondaire I, il a pu remarquer au fil des années une baisse de persévérance chez les enfants et les adolescents. Et de plus en plus de peine à gérer les frustrations et à faire preuve de résilience. Interpellé, il a rejoint sa femme dans l’aventure. « Pour qu’un enfant aille bien, il faut que les parents aillent bien aussi», analyse Catherine. «Il faut s’occuper de tout le monde, pas seulement mettre en pratique la technique de sage-femme pour la santé du bébé. Et s’ils vont bien petits, ils vont mieux plus grands et c’est aussi bénéfique pour les parents. »

Pour outiller concrètement les parents, Catherine fait appel à Céline Brocard, pédagogue curative clinique de formation, autrice de livres sur le coaching parental et elle aussi maman de trois enfants (17, 20 et 22 ans). Les trois acteurs de Cœurs de parents sont unanimes : les parents d’aujourd’hui sont confrontés à plus de stress qu’à l’époque. En cause, la société qui a évolué, le modèle familial traditionnel laissant place à davantage de familles recomposées et monoparentales. Et bien sûr, la vie professionnelle avec laquelle il faut composer.

Des soirées à thème

Pour venir en aide aux personnes désarmées face à la parentalité, depuis deux ans, des soirées à thème attirent de nombreuses personnes dans les locaux de Cœurs de parents. Désormais, certaines soirées sont même basées sur la demande. C’est ainsi que la thématique des écrans est régulièrement abordée. Au programme figurent aussi une soirée sur les émotions, une autre sur les maladies, ou encore sur comment fixer des limites aux enfants. «Lorsque je dis aux parents que ce qu’ils traversent est normal, j’ai l’impression de leur enlever un poids immense des épaules, c’est tout juste s’ils ne repartent pas en volant, témoigne Céline Brocard. « Ça les soulage d’entendre que même moi, qui ai fait toutes les études possibles pour m’en sortir mieux que n’importe qui, j’ai rencontré des problèmes avec mes enfants » , poursuit l’autrice de Quand rien ne va plus, Quand l’amour ne suffit pas et Quand ça dérape.

La parole aux papas

Ces discussions entre pairs apparaissent comme primordiales au trio, qui se base notamment sur une étude belge des chercheurs de la Mutualité chrétienne et de l’Université catholique de Louvain. Celle-ci a démontré que l’accompagnement en groupe réduit jusqu’à 32% les symptômes du burn-out parental. Cœurs de parents va en ce sens enrichir le catalogue de ses prestations en proposant des groupes de parole. L’un destiné aux parents, mais aussi un autre spécialement pour les pères et modéré par Olivier, dont le premier rendez-vous est fixé le 9 octobre. «Beaucoup de papas sont un peu désemparés, ont du mal à trouver leur place au sein de la cellule familiale » , analyse le père de famille.

« Certains se rendent compte qu’ils auraient besoin de parler de ce qu’ils vivent. Mais quand ils sortent avec leurs copains, ils ne parlent pas des difficultés qu’ils rencontrent à la maison » , complète Catherine. «Ils n’en parlent pas non plus au travail, ne vont pas aller chez le médecin pour ça. Et quand ils demandent de l’aide, c’est quand tout va mal. »

Pour les fondateurs de Cœurs de parents, la mauvaise répartition de la charge mentale dans le couple est fréquemment à l’origine de dysfonctionnements. « Les pères s’occupent souvent du jardin et de la voiture, alors que tout le monde peut faire un peu de lessive, passer l’aspirateur, faire les courses et jouer avec les enfants. » Les temps pour soi doivent aussi être répartis équitablement. Olivier ajoute : « Je ne dis pas non plus que les papas doivent imiter les mamans, car chacun peut apporter sa pierre à l’édifice dans l’éducation d’un enfant.»

Vers un changement de paradigme

Olivier, Catherine et Céline le précisent bien: il n’y a pas de trucs, pas de recette miracle. « Par contre, on doit transmettre des valeurs solides à nos enfants, parce que ce sont les citoyens de demain. Ils doivent être stables pour affronter les difficultés. »

Le gouvernement vaudois s’est positionné en faveur de la prévention enfants-parents : encourageant, selon le trio en faveur du congé paternité et qui souhaite que la Suisse s’inspire du système des pays nordiques. « J’espère qu’on dépasse l’idée reçue qu’il faut beaucoup d’argent pour être heureux. Et qu’on arrivera à comprendre qu’il faut surtout beaucoup d’amour » , conclut Olivier.

INFOS PRATIQUES

Inauguration de Cœurs de parents : Samedi 31 août de 14h à 18h, Rue de la Roselière 4
à Yverdon-les-Bains. Partie officielle à 16h. Goûter offert, histoires pour les petits et
jeux pour les enfants. Prochain atelier : mercredi 4 septembre sur le thème des écrans. Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site internet coeursdeparents.ch.