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Quand le chrono est une affaire de famille
© Champi

Quand le chrono est une affaire de famille

13 mars 2019 | Edition N°2455

Liliane, Jean-Michel et leur fille Sandrine assurent le bon déroulement des matches de toutes les équipes du HC Vallorbe ensemble, à la table de marquage.

Maman au micro, papa à la pendule et leur fille à l’ordinateur. Le marquage se fait en famille, à la patinoire du Frézillon, où les Baud sont au four et au moulin. «Je n’ai jamais compté le nombre de matches durant lesquels nous opérons, mais en tout, cela doit en faire une bonne huitantaine par saison», estime Liliane. Par ailleurs vice-présidente du HC Vallorbe, c’est elle qui, dans son sillage, a entraîné son époux, Jean-Michel, et l’une de ses filles, Sandrine, au chrono.

«Le hockey, je m’y suis intéressée quand ma nièce, Sandy Rigoli, a commencé à jouer. Avec mon mari et ses parents, on s’était même rendus au Canada avec elle, en 2008, lorsqu’elle a participé aux Championnats du monde M18 avec l’équipe de Suisse. Une incroyable expérience, se souvient cette retraitée hyperactive, d’abord arrivée au club en tant que secrétaire. J’ai commencé à m’occuper de la table de marquage pour dépanner, puis les choses se sont enchaînées…» A tel point qu’elle est fidèle au poste depuis quatorze ans déjà, au même titre que son mari, qui lui a rapidement emboîté le pas.

Jean-Michel a la particularité d’être littéralement «entré par la cuisine», son premier métier. Cet employé des CFF a d’abord mis la main à la pâte lors des repas de soutien du club, pour concocter le menu avec deux amis. Responsable de la pendule durant les matches, il est le premier à donner un coup de main lors des tournois des petits, où là aussi il passe aux fourneaux de bonne grâce. «Mon mari est comme les gaufres: il est de toutes les fêtes», s’amuse Liliane, tout sourire.

Une seconde nature

S’impliquer dans la vie sociétale est une seconde nature dans la famille. Liliane, qui donne des cours de gymnastique pour aînées, a été monitrice de la gym parents-enfants durant quinze ans à Vallorbe. «Chez nous, ça a toujours été comme ça. On est heureux de s’investir», glisse-t-elle, moins à l’aise avec le fait d’avoir droit à un portrait dans un journal, elle qui préfère rester dans l’ombre.

On peut carrément parler de vocation familiale, puisque Sandrine a rejoint ses parents au chrono la saison dernière, formée à la fois au tableau d’affichage et au report des informations sur le système informatique. «Il y avait besoin de quelqu’un et je me suis fait embarquer», sourit la trentenaire vivant à Cronay. Elle est également caissière du HCV. «Quand on rentre dans une société, on m’a appris qu’il faut s’investir. Je l’ai fait», lance-t-elle.

Dans leur cabine au bord de la glace, les Baud trouvent leur bonheur dans le contact avec les gens qui gravitent autour d’eux: les arbitres, avec qui ils ont un rapport particulier, les hockeyeurs, les entraîneurs et les habitués des lieux. «On aime l’ambiance. On s’entend avec tout le monde, reprend Liliane. Beaucoup de joueurs nous remercient pour notre engagement.»

L’appel à l’aide

L’exercice en cours est particulier, puisqu’il n’a démarré que le 15 décembre à Vallorbe, avec l’inauguration de la toiture de l’enceinte. Tous les matches sont ainsi concentrés sur trois mois et demi, et les Baud passent leurs week-ends, du vendredi soir au dimanche, à la patinoire. Une tâche bénévole que le trio assume de bon cœur, mais dont il aimerait être un peu soulagé à l’avenir. «À un moment, on a même été six à se partager la fonction, se souvient la maman.  On va avoir besoin d’un coup de main l’hiver prochain, au moins de la part des parents des jeunes joueurs.» Il ne devrait pas être difficile de s’intégrer, car il y a toujours une place à la table des Baud.

 

 

C’est également eux qui assurent l’ambiance

Les matches de hockey sont des moments intenses, autant sur la glace qu’à ses abords. «Je me souviens d’un joueur d’une équipe visiteuse qui avait voulu sortir du banc de pénalité avant que je ne puisse lui ouvrir la porte. Il a sauté par-dessus la bande, s’est loupé et a laissé deux dents sur la glace, raconte Liliane. Il s’est rendu aux vestiaires, a changé de maillot et est revenu jouer…»

C’est sûr, il y a de l’ambiance dans les patinoires. Et pour assurer qu’il y en ait un maximum à chaque pause et arrêt de jeu, Sandrine diffuse la musique qu’elle a soigneusement sélectionnée. L’un des rares éléments sur lesquels les officiels ont la mainmise: «J’ai passé huit heures à compiler trois CD pour la saison, car on ne peut pas mettre n’importe quoi dans une patinoire, lance-t-elle. J’ai fait un panachage pour contenter tous les âges, mais il faut que ça bouge!» Entre deux coups de sifflet, son papa acquiesce: «C’est elle qui a le plus de goût et de facilité pour cela.»

Le micro, par contre, Sandrine n’y touche pas. Elle préfère ne pas entendre sa voix résonner au Frézillon. C’est maman qui s’y colle, ou papa quand cela est nécessaire. Et le sérieux est de mise: «Certains noms compliqués, je les relis trois ou quatre fois avant le match pour ne pas les écorcher lors de l’annonce, relève Liliane. Et quand je ne suis pas certaine de la prononciation, j’en discute avec ma fille.» Une affaire de famille…

Manuel Gremion