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Rémy Lassueur n’a pas fini de mouiller le maillot

24 juillet 2009

Vu que 62 saisons de tennis de table ne suffisent pas, le pongiste de Sainte-Croix rempile encore. Rencontre avec un phénomène.

Rémy Lassueur exhibe un diplôme très particulier.

Rémy Lassueur exhibe un diplôme très particulier.

Le topspin du revers n’a plus de secret pour lui. Et pour cause, il entamera, à 78 ans, sa 63e saison de tennis de table avec le club de Sainte-Croix après la pause estivale. Rémy Lassueur est de ces hommes qui ont grandi avec le sport: le football -qu’il a arrêté en 1955 après s’être fracturé une jambe-, le ski de fond et, bien évidemment, le tennis de table. «J’allais encore faire du ski de fond avec mon père, lorsqu’il avait 95 ans. Il me disait alors que le problème n’était pas les bras, ni les jambes, mais les yeux», raconte le Sainte-Crix avec autant d’énergie que d’humour. Et le tennis de table? «J’ai toujours du plaisir à jouer. C’est ça le problème!» Il avoue volontiers ne pas manquer un entraînement, une fois par semaine à L’Auberson. Mieux, ou pire, c’est selon, il joue tant avec les équipes élite et seniors du CTT Sainte-Croix, soit plus de 25 rencontres par an, face à des adversaires de tous les âges. «Les gens de mon époque régressent inévitablement tous. Mais je me déplace encore bien.»

Le championnat, avec son club, créé en 1945, ravive une kyrielle d’anecdotes et de moments forts. Lui, a débuté le tennis de table à 16 ans, en 1947. «Dans les années 56-60, personne n’avait de voiture. Alors on allait avec ma grosse camionnette de 1940, se souvient-il. Une fois, à cause du brouillard givrant, on devait s’arrêter tous les 2 km pour gratter la glace. Il fallait être mordu!» Et mordu, il l’est, lui qui a encore décroché en 2006 une médaille de bronze aux Championnats de l’Association Vaud-Valais-Fribourg en double 50-60 ans, alors que lui en avait 75…

Des rires et de l’émotion

Plus à l’aise en défense avec une raquette, le Sainte-Crix ne manque pas de mordant et s’est aussi fait un plaisir à s’ériger en véritable défi pour les écoliers yverdonnois: «De 1987 à 1997, j’étais cuisinier lors des camps à la montagne organisés par les écoles. Le gagnant du tournoi de tennis de table devait m’affronter. En me voyant, les jeunes rigolaient. Mais finalement, il n’y en a point qui m’a battu», dit-il amusé. C’est qu’avec un tel personnage au fourneau et comme adversaire, les jeunes ont dû passer autant de temps à rire qu’à jouer. Du bonheur qu’il a aussi partagé lors de Championnats du monde handicapés, organisés à Montreux, auxquels il a participé comme bénévole. «Je me souviens d’un Suédois qui n’avait pas de bras et attachait sa raquette à son moignon. C’était époustouflant, s’exclame le Nord-Vaudois. Ça a été une semaine utile et qui marque. La volonté et la force mentale de ces gens est inouïe.» Rémy Lassueur, lui aussi, suscite l’admiration.

Manuel Gremion