Résurrection technologique de Bolex
21 janvier 2014Après plus de trente ans sans innovation, une caméra numérique signée Bolex entre sur le marché.
Paillard-Bolex, la célèbre entreprise nord-vaudoise qui employait, à son apogée -dans les années soixante- 8000 personnes à travers le monde, n’avait malheureusement pas surmonté la crise. L’entreprise, qui a encore des locaux à Yverdon-les-Bains, avait sombré, peu après son rachat par la firme autrichienne Eumig, en 1969, emportant avec elle ses fameuses caméras dans l’indifférence et l’oubli. Bolex ne fait pourtant pas encore partie de l’histoire ! L’entreprise a bel et bien pris un train de retard en loupant le virage de l’analogique, mais c’est en TGV qu’elle revient sur le marché, en proposant une caméra Bolex numérique.
«Nous avons été contactés il y a environ deux ans et demi par Joe Rubinstein, un cinéaste de Los Angeles qui apprécie particulièrement la marque Bolex et dont le rêve était de fabriquer sa propre caméra. Il nous a présenté un projet d’envergure qui nous semblait digne de confiance», explique Marc Ueter, responsable de la partie commerciale et administrative de Bolex International S.A. La société yverdonnoise a alors accordé une licence à la jeune entreprise du cinéaste américain, Cinemeridian, pour la fabrication de la nouvelle caméra numérique baptisée D16. Cette dernière enregistre en 2K, avec un rendu qui imite l’image organique du 16 mm dans un boîtier vintage, qui reprend le design des fameuses caméras H-16 et B-8 créées par Bolex dans les années soixante.
Premières ventes positives
«Ce nouveau produit s’adresse à un public très large, mais spécialement aux jeunes cinéastes en formation », explique Marc Ueter. Un premier lot de 100 pièces a rapidement été vendu au prix de 330 dollars dans sa version 256 GB, en décembre dernier. «Nous sommes actuellement en phase de test, un deuxième lot de 500 caméras est en souscription », indique l’Yverdonnois, qui est très satisfait des nombreux retours qu’il a reçus jusqu’à maintenant.
Pour le moment, la D16, n’est commercialisée qu’aux Etats-Unis et au Canada. «Nous négocions actuellement pour étendre la vente au reste du monde», précise le commercial. D’ici quelques mois, ce dernier deviendra certainement le représentant de la nouvelle D16 pour le vieux continent. «Après plus de 30 ans sans nouveauté, nous avons enfin une innovation qui dynamise la marque», s’exclame Marc Ueter, très confiant quant au futur de l’entreprise.
Les derniers locaux de Bolex International occupent, aujourd’hui, une petite partie du premier étage d’un bâtiment construit par l’entreprise à la route de Lausanne, dans la Cité thermale. Ils ne sont plus que deux collaborateurs ; Marc Ueter et Otello Diotallevi, qui s’occupe de réparer des caméras et des projecteurs envoyés du monde entier. «Nous recevons deux à trois caméras par semaine, nous pouvons même en construire une neuve avec les pièces et les plans que nous avons, en une semaine vous l’aurez ! Et allez savoir, peut-être que d’ici quelque temps, nous produirons à nouveau des caméras Bolex dans le Nord vaudois !»
Réaction d’un ancien employé Bolex
«Ça m’a fait rire de voir sortir cet D16», indique Horst Noedl qui a travaillé durant 14 ans chez Bolex, à Sainte-Croix, puis comme adjoint de la direction à Orbe. «La caméra H16 était un petit miracle technologique, sa version numérique est fabriquée pour ses amoureux. C’est un produit de niche qui pourrait bien couvrir un certain marché», songe-t-il, sans vraiment croire que ce produit pourrait redonner une seconde vie à Bolex.
Quant au design, «on dirait un gros oeuf, c’est ridicule, rigole Horst Noedl. Ça n’a rien à voir avec la H16, qui était très carrée et qu’il fallait utiliser à l’aide d’un trépied. En revanche, c’est très bien qu’il y ait une poignée sur le nouveau modèle. C’est un élément qui a été repris de la caméra 8 mm de Bolex. La forme du pistolet permet d’utiliser la caméra avec une seule main et donne un bon équilibre à cette dernière.»