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Syndic, pour le meilleur et pour le pire

4 mai 2020
Edition N°2727

Politique locale – Démissions en chaîne, tensions et perte de pouvoir gangrènent l’engagement communal.

Le 13 avril dernier, Pierre Guignard, syndic de Rances, déposait sa démission avec effet immédiat. Il s’agissait là de la troisième au sein de la municipalité depuis le début de l’année. Et elle n’est pas la seule à connaître ce phénomène.

Le village de Bofflens a aussi appris le retrait de son syndic il y a peu de temps. Élu en 2019, Renaud Besson siégeait à la municipalité depuis 2013 et était en charge du dicastère de l’eau. Ce jeune éleveur de vaches laitières, marié et père de deux enfants, avait accepté avec fierté la fonction de syndic. Tout s’est ensuite enchaîné très rapidement, jusqu’au craquage final. «Je délaissais ma vie de famille, je n’avais plus le temps de me consacrer à mon métier. Je me levais à 4h30 pour traire mes vaches et ma journée se terminait parfois à 23h. Tout a finalement lâché, j’ai fait un burn-out», explique-t-il avec beaucoup de regrets. Si les démissions en cours de législature sont monnaie courante dans notre canton, certains villages du Nord vaudois montrent une image plus sereine.

Une charge sous-estimée

À Valeyres-sous-Rances, Corinne Tallichet Blanc fait partie des rares femmes syndiques. À 60 ans et après quinze années passées à s’investir dans la gestion de sa commune, elle se retirera l’année prochaine à la fin de son deuxième mandat. Laborantine en biologie de métier, la syndicature ne représentait pas un plan de carrière pour cette femme qui se qualifie de nature timide. «Avant d’accepter, j’ai longuement hésité. Je doutais de mes compétences et je n’étais pas sûre d’avoir assez de temps à disposition avec deux enfants et un travail à temps partiel. Le soutien de mon mari a été l’un des éléments clés dans ma décision», raconte-t-elle.

Intéressée par l’actualité politique depuis toujours, elle souligne néanmoins que dans une petite commune telle que la sienne, le travail d’élu se compose avant tout de tâches d’intérêt public, souvent méconnues des citoyens. Entre les lectures de courriers et la préparation des séances de la municipalité, elle doit aussi traiter des dossiers compliqués qui nécessitent parfois de faire appel à des experts externes. «On doit faire preuve d’humilité et ne pas hésiter à demander de l’aide, souligne-t-elle. On est responsable de tout et pas seulement d’un dicastère. Surveiller la déchetterie, nettoyer les toilettes de la grande salle ou encore chanter au giron demandent une grande ouverture d’esprit et de la modestie.»

À la question du phénomène des démissions parmi les municipaux elle répond que, bien que chaque cas soit différent, ils sont trop nombreux à prendre cette charge à la légère: «Si l’on n’a pas pris la mesure de l’engagement avant d’être élu, il devient difficile de tout concilier.» Son voeu le plus cher avant son départ: convaincre des femmes du village à ne pas avoir peur de s’engager afin que leur municipalité ne soit pas uniquement composée d’hommes.

Natasha Hathaway