Un PACom de bon augure
22 mai 2025 | Texte: Maude BenoitEdition N°La Région Hebdo No 12
Pas de révolution dans le Plan d’aménagement communal de Montagny-près-Yverdon présenté lors de la séance d’information publique mardi soir. Il doit toutefois encore passer la consultation de la population, du Conseil communal et du Canton pour entrer en vigueur.
«Vous dire et vous rassurer peut-être: il n’y aura pas de révolution à Montagny.» C’est avec ces mots que le syndic Frédéric Richard Rohner a ouvert la séance d’information publique sur le maintenant tant redouté Plan d’aménagement communal (PACom). Il est vrai qu’il donne du fil à retordre à bien des communes qui doivent s’adapter aux nombreux changements survenus ces dernières années au sein des cadres légaux cantonaux et fédéraux régissant l’aménagement du territoire. À Montagny-près-Yverdon, le dernier plan d’affectation communal datait de 1984.
Et les villageois ont répondu présent mardi soir. Il a même fallu ajouter deux rangs de chaises, pour que la cinquantaine de Fouetta-corbé (les fouette-corbeaux) présents puissent trouver une place. étaient également présents quelques membres de la Municipalité et Cyril Mumenthaler, géographe et urbaniste pour le bureau Urbaplan mandaté pour réaliser le dossier contenant le PACom et le projet de règlement. Les principaux enjeux du PACom de Montagny résident dans le dimensionnement des zones affectées à des besoins publics (ZBP, anciennement zones d’utilité publique), l’aménagement de l’activité économique, le patrimoine bâti et le patrimoine naturel.
Point positif à noter d’entrée de jeu, les zones à bâtir ne seront pas modifiées. Donc pas d’extension, ni de dézonage ou de réduction de ces zones – à l’exception d’une zone sous le viaduc – comme cela a pu être le cas dans d’autres communes. De plus, seules deux parcelles sont soumises à la garantie de la disponibilité du terrain, c’est-à-dire que les propriétaires sont incités à construire ces parcelles dans un certain laps de temps, avant de se voir taxés progressivement.
De la place pour une école, éventuellement
Il a donc fallu réévaluer le dimensionnement des ZBP sur demande du Canton. Cela concerne notamment les abords de l’église qui seront protégés et réaffectés en zones de verdure. La partie sud du cimetière, occupée actuellement par une activité agricole, devrait le rester. En effet, en raison des évolutions sociétales avec une tendance à la décroissance des enterrements, cet espace ne devrait pas manquer. Enfin, la zone de la grande salle devrait bouger. Une partie sera réaffectée en zone de verdure. Dans ce périmètre, une parcelle est prévue pour la construction d’une potentielle nouvelle école, tandis que la parcelle de l’école actuelle passe en zone centrale. À noter que le projet de nouveau collège ne devrait pas avoir lieu «avant dix ou quinze ans», précise le municipal Jean-François Ballif.
Un intérêt pour l’activité économique
«La commune de Montagny est fortement pourvoyeuse d’emploi à l’échelle de l’agglomération», explique Cyril Mumenthaler. Dès lors, les zones d’activité économique jouissent d’un intérêt particulier. Comme la zone d’activité commerciale En Chamard dispose de son propre plan d’affectation en cours d’élaboration, ce sont les zones Sur le Crêt et Le Bey qui sont concernées. Il est prévu dans ce PACom que la densification de ces deux secteurs soit augmentée, sans que cela ne crée de nuisance particulière pour le village.
Garder l’essence du cœur du village
Le PACom doit également s’adapter à la nouvelle loi sur la protection du patrimoine. À Montagny, plusieurs bâtiments se trouvent être d’intérêt régional (château, manoir, église, cure) et demandent de répondre à certaines normes de protection cantonale. «Il y a aussi une volonté de maintenir l’esthétique et la cohérence du cœur du village», explique l’urbaniste et géographe.
Ainsi, dans le règlement des dispositions sur l’esthétique et les constructions ont été prises, notamment au niveau de la hauteur des bâtiments. «Aucune tour ne devrait être construite à Montagny», ajoute l’urbaniste. Enfin, les jardins ICOMOS (International Council on Monuments and Sites, soit un recensement des parcs et jardins historiques de la Suisse réalisé par le Conseil international des monuments et des sites) seront pris en compte dans les zones sous protection. Plusieurs se trouvent d’ailleurs autour de l’église ou du château.
Protéger la nature
Les territoires d’intérêts biologiques prioritaires (TIBP) et la réserve à faune du côté sud-ouest de la commune seront désormais inconstructibles. Pour ce qui est des territoires d’intérêt biologique supérieur, ainsi que le long de la Brine, ils seront affectés en aires forestières. «Concrètement, cela veut dire que cela limite les constructions agricoles, sans que cela ne limite l’exploitation agricole de ces terrains», précise Cyril Mumenthaler. Enfin, la zone alluviale, site de prédilection de reproduction des batraciens et réserve d’oiseaux migrateurs, est exclue du PACom à la suite de la demande de la Direction de générale de environnementale.
La Borette, un cas à part
Le secteur sud de La Borette est exclu de ce PACom, car un plan d’affectation spécifique lui sera attribué. Il s’agit de la zone du village qui est la plus à même d’être densifiée au niveau des logements avec un potentiel de 250 nouveaux habitants, une augmentation significative à l’échelle de la commune. Mais ces plans entrent dans le cadre du projet d’agglomération yverdonnoise (AggloY), d’où son évincement du projet présenté. Si ce PACom ne semble donc pas problématique, il doit encore passer par la consultation populaire, le Conseil communal et le Canton pour entrer en vigueur, ce qui ne devrait pas avoir lieu avant 2026.
Infos pratiques
Consultation populaire: du 24 mai au 30 juin 2025. Dossier à consulter auprès de l’administration communale ou en ligne.