Un passionné reprend la Prairie
31 mars 2014Plus connu comme capitaine d’industrie, l’Yverdonnois Jean-Claude Vagnières assure l’avenir de l’hôtel-restaurant. Histoire d’un coup de coeur.
L’avenir de l’Hôtel-Restaurant de la Prairie, véritable bijou du tourisme yverdonnois, est assuré. Jean-Claude Vagnières, qui a passé son enfance dans notre région, et qui y vit encore, reprend l’établissement dès demain. Ce capitaine d’industrie a eu un véritable coup de coeur pour ce joyau de la ville, à laquelle il est resté très attaché. Ce coup de coeur est doublé d’une véritable passion, mais aussi d’une solide expérience. En effet, avec ses associés, il exploite déjà trois hôtels à Neuchâtel. C’est dire qu’il n’arrive pas en territoire inconnu. Loin de là.
Un bon compromis
En effet, ces derniers mois, Jean-Claude Vagnières a soutenu l’actuel exploitant, Philippe Guignard, confronté à de fortes turbulences, qui, d’une manière ou d’une autre, pouvaient nuire au bon fonctionnement de l’établissement. Il fallait dans tous les cas éviter une rupture de l’exploitation. La transition s’effectue ainsi en douceur, sous une forme correspondant à une reprise de bail, par le biais d’une société (JCV Nouvelle Prairie) que l’ancien industriel a créée à cet effet.
«Je garde tout le personnel et le directeur. Je dois dire que reprendre la Prairie, cela m’a toujours un peu titillé. Mais ce n’est pas du sponsoring. Nous avons des objectifs de rentabilité. Il y aura aussi des choses à mettre à jour. Pour le moment, il est important de faire le tour de toute la boutique. Mais cet ensemble est absolument magnifique», explique le repreneur.
Une première étape
«Pour le moment, je reprends l’exploitation. Madame Decker reste propriétaire», explique Jean- Claude Vagnières. Cela précisé, une deuxième étape est déjà envisagée : le rachat de la propriété. L’opération devrait être facilitée par le fait que les partenaires se connaissent bien (voir encadré) et ils trouveront sans doute un terrain d’entente.
D’ailleurs, hier matin, en observant ce «joyau» brillant au soleil dans un parc enjolivé par l’éclosion du printemps, Jean-Claude Vagnières commentait : «Il va falloir investir !»
Il restera fournisseur
La poursuite de l’exploitation est d’autant plus importante qu’elle permet de préserver les emplois de l’Hôtel de la Prairie, mais aussi des emplois indirects. En effet, Philippe Guignard, par sa société, restera un fournisseur privilégié de la Prairie.
Trois hôtels à Neuchâtel
«Je n’avais pas prévu d’être hôtelier. C’est le hasard qui a fait les choses», déclare Jean-Claude Vagnières avec un large sourire. Et pourtant, les circonstances de la vie vont l’amener à s’intéresser à ce secteur capital pour le tourisme.
En effet, avec des proches -la famille Jacopin- il a été amené, après sa carrière dans l’industrie, à s’intéresser à ce domaine. Aujourd’hui, l’Hôtel Alpes et Lac, l’Hôtel des Arts, et L’Ecluse, tous situés en ville de Neuchâtel, occupent une partie de son temps. Sa fille Laurence Mahfoudh, diplômée de l’Ecole hôtelière et domiciliée dans notre région, dirige d’ailleurs L’Ecluse, un petit hôtel de charme situé en ville de Neuchâtel.
«Il y a un côté sentimental»
«Pour moi, gamin, la Prairie, c’était quelque chose d’extraordinaire. Je n’avais même pas les sous pour jouer au minigolf…» La reprise de la Prairie correspond à un véritable coup de coeur de Jean-Claude Vagnières. «Il y a quelque chose de sentimental», lâche- t-il au détour de la conversation. Né dans une famille modeste, il a vécu à Treycovagnes, puis a fait sa «prim sup» au collège Pestalozzi, à Yverdon-les-Bains. Après ses études, il a fait une magnifique carrière dans le domaine industriel, dirigeant le Groupe Cortaillod- Cossonay (câbleries), puis Nexans Suisse pendant douze ans, avant de passer la main en 2004, gardant encore quelque temps la présidence du conseil d’administration.
Jean-Claude Vagnières est un proche de la Famille Decker, propriétaire de la Prairie, que feu Charles Decker avait repris au lendemain de la deuxième guerre mondiale, la Ville d’Yverdon-les-Bains n’ayant pas les moyens de rénover cette propriété qui avait accueilli les royalistes yougoslaves réfugiés en Suisse.
Tout au long de sa vie, Charles Decker a été très attaché à cet hôtel- restaurant, sa grande passion, avec sa famille et ses chevaux. Ce mécène yverdonnois aurait sans doute été d’autant plus enchanté par cette issue que Jean-Claude Vagnières n’est autre que le frère d’Henri, l’architecte qui l’a accompagné dans une bonne partie de ses projets.