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Un vent de fraîcheur souffle sur les grottes

18 avril 2019
Edition N°2481

Vallorbe – A 29 ans, Anaëlle Tock a repris l’exploitation de l’un des sites emblématiques de la Cité du fer. Son objectif: redynamiser les lieux en apportant des touches de modernité et en créant des visites plus ludiques.

Anaëlle Tock a quitté un stage à la Confédération pour reprendre l’exploitation des grottes. © Carole Alkabes

Les dimanches ensoleillés reviennent, et les promeneurs commencent de nouveau à remonter l’Orbe jusqu’à sa source. Et sur ce chemin, impossible de faire l’impasse sur les grottes de Vallorbe, patrimoine incontournable de la région depuis des générations. Un site aux mille trésors qui a, pourtant, perdu une partie de son âme l’an dernier lorsque Annie Cardot, cheffe d’exploitation, est décédée après avoir œuvré durant trente ans pour ce lieu touristique. Elle a laissé derrière elle un grand vide, mais aussi tout un héritage qu’Anaëlle Tock, 29 ans, a repris le 1er mars dernier.

Le défi est de taille. Avec environ 60 000 visiteurs par année et jusqu’à 2000 par jour, les grottes de Vallorbe sont une véritable institution. «Nous sommes une petite structure, concède la jeune femme. Je dois m’occuper des ressources humaines, des stocks, de l’accueil, parfois des visites. Cela demande beaucoup d’énergie, mais c’est tellement passionnant!»

Une globe-trotteuse plutôt curieuse

L’enthousiasme d’Anaëlle Tock est palpable:  «C’est un métier qui reprend tout ce que j’ai appris en amont.» En effet, sa formation universitaire en géographie, en communication et en tourisme est agrémentée de beaucoup de voyages de par le monde: en Australie, en Thaïlande et dans les Amériques. à cela s’ajoutent des boulots d’étudiante dans la gestion de stocks ainsi que dans l’enseignement spécialisé pour jeunes enfants.

Toutes ses connaissances, exacerbées par sa curiosité pour la Terre, l’ont conduite à s’intéresser à l’un des sites emblématiques du Nord vaudois. «Les grottes, c’est le monde souterrain. Ça a toujours été quelque chose qui m’attirait.»

Pourtant, il s’en est fallu de peu pour qu’elle passe à côté du poste de cheffe d’exploitation, car au moment où les administrateurs des Grottes de Vallorbe SA l’ont contactée pour lui offrir le job, elle était en stage à la Confédération depuis quelques mois. «J’avais postulé avant de commencer mon stage, sans savoir qu’ils cherchaient quelqu’un. C’était un hasard!» Une démarche qui a payé, puisque cela lui permet aujourd’hui de mettre en pratique tout ce qu’elle a appris et de donner tout son sens à son parcours hétéroclite.

Une affaire intergénérationnelle

Repose maintenant sur elle un patrimoine doté d’une longue histoire: celle des grottes, de leur formation, de leur exploration, mais aussi de leur exploitation et du travail acharné d’amateurs et de passionnés qui ont fait vivre l’institution.

Un héritage qui ne va pas l’empêcher de regarder vers l’avenir: «Je suis chargée de redynamiser le site. Je suis en train d’informatiser la planification et de repenser les visites guidées. Je fais en sorte que le site soit plus actif sur les réseaux sociaux et essaie d’apporter un petit coup de jeunesse à ce lieu unique», résume Anaëlle Tock. Pour la nouvelle cheffe d’exploitation, cette cure de jouvence passera, par exemple, par le fait de rendre plus ludique une visite des crevasses pour inciter les enfants et les familles à les découvrir sous un autre jour. «Avec une sorte de chasse au trésor, on pourrait mettre le public dans la peau d’un spéléologue. Bref, faire quelque chose de plus expérientiel», dévoile-t-elle.

Pas question toutefois d’abandonner ce qui a été construit jusque-là. Car pour Anaëlle Tock, l’essentiel est de mettre davantage en avant ce patrimoine. «Les gens ne se rendent pas compte de la grandeur des grottes et de la passion de ceux qui les ont aménagées», souligne-t-elle. Et pour cela, elle compte sur ses collaborateurs, notamment les plus anciens, puisque ce sont eux qui ont vécu toutes les étapes qui ont permis à ce site de sortir de l’ombre. Ce sont eux également qui connaissent l’histoire des lieux et qui sont le plus à même de la transmettre. «Ils sont un puits de connaissance!» reconnaît-elle. Miser sur l’intergénérationnel, c’est un beau pari qui devrait permettre de combiner les compétences de chacun pour renforcer la mission de transmission de savoir et d’innovation.