Logo

Un village qui grandit un peu trop vite

13 août 2015

Yvonand – La Commune doit gérer les difficultés liées au nombre croissant de Tapa-Sabllias, qui dépasse toutes les prévisions. Interview du syndic Philippe Moser.

Le syndic d’Yvonand, Philippe Moser, reste confiant. © Michel Duperrex

Le syndic d’Yvonand, Philippe Moser, reste confiant.

Les mises à l’enquête s’enchaînent depuis plusieurs années à Yvonand. Le visage du village a complètement changé, dû aux nombreux immeubles sortis de terre et la population qui ne cesse d’augmenter. Le syndic Philippe Moser, qui a rejoint la Municipalité en 2006 et qui en est à la tête depuis 2010, partage ses observations.

La Région Nord vaudois: En 2007, la Commune souhaitait favoriser le développement de la localité en se basant sur une perspective de croissance de 580 habitants en 15 ans. Qu’en est-il aujourd’hui?

Philippe Moser: A mon entrée à l’Exécutif, nous comptions sur l’arrivée de 500 personnes pour être à l’aise avec nos projets communaux. Mais c’est plus du double de la population attendue qui est arrivée. Aujourd’hui, Yvonand compte 3160 habitants.

Quelles difficultés ont été engendrées par cette croissance démographique?

La plus grosse difficulté est de mettre à jour nos infrastructures. Nous savions ce que nous avions à faire, puis nous nous sommes rendu compte que ça prenait beaucoup de temps… Et énormément de choses se sont passées, surtout au niveau des infrastructures scolaires.

Où en est votre projet d’agrandissement du collègue de Brit pour accueillir les écoliers, toujours plus nombreux, en adéquation avec la Loi sur l’enseignement obligatoire?

Le bâtiment modulaire est prêt. Les six classes accueilleront les élèves dès la rentrée, ce qui nous permet de souffler! Quant aux projets des dix classes, du réfectoire et de la salle de gym, il est sur les rails. Le concours d’architecture devrait se dérouler cet automne.

Mis à part le collège, quelles sont les autres infrastructures à adapter?

Il y a notre STEP qui est en fin de vie. Et vu la réticence des communes voisines de se raccorder sur Yvonand -elles veulent exploiter les leurs jusqu’au bout-, nous avons dû chercher d’autres solutions. Un projet faisable et financièrement intéressant serait de se raccorder à Estavayer-le-Lac. La mise à l’enquête pourrait avoir lieu l’an prochain.

Et au niveau de la circulation, nous avons terminé une première étape avec les travaux à la rue des Vergers, que nous allons inaugurer prochainement. Mais nous devrons mettre en place un concept général pour tout le village.

Pourrez-vous subvenir à tous ces besoins?

Nous sommes à environ 21 millions de francs d’endettement, et nous pouvons aller jusqu’à 27 millions de francs. Le projet de l’école, 20 millions, la STEP, 6 millions, plus les routes, le réseau d’eau et tout le reste… nous aurons besoin d’environ 35 millions de francs. Je ne sais pas comment nous allons pouvoir financer tout ça. Mais j’espère pouvoir augmenter notre limite d’endettement.

Et comment la Commune gère-t-elle ses dépenses annuelles?

Nous nous faisons rattraper par l’explosion de la facture sociale, qui est difficile à prévoir. Mais il faut vivre avec. De plus, avec la régionalisation des prestations, comme celle des pompiers, nous avons perdu la maîtrise sur les coûts, mais, à part en 2011, nous faisons toujours un petit bénéfice. Ce qui nous permet de réaliser des amortissements.

Selon vous, pourquoi Yvonand grandit-elle si rapidement?

Dès qu’il y en a un qui se lance, tout le monde suit. C’est peut-être ce qui s’est passé pour la construction de tous ces immeubles. Après, il est vrai que le besoin en logements dans le Canton de Vaud est avéré.

Cette croissance est-elle trop rapide?

Yvonand grandit plus vite que prévu. Un peu trop vite. Et nous devons veiller à garder une cohésion villageoise pour ne pas basculer du côté d’une cité-dortoir. Pour les anciens habitants, il y a trop de monde, mais les nouveaux sont contents. Ils apprécient particulièrement qu’on se dise bonjour dans la rue.

Comment voyez-vous l’avenir?

Nous allons arriver au bout des terrains constructibles, tout devrait se stabiliser. Il faudra rester attentif, lancer les projets les plus nécessaires et on espère que ça ira. Nous allons passer trois ou quatre années difficiles. Mais je reste confiant.

Muriel Aubert