Une école pour les enfants HP à Yverdon
13 août 2014Créée fin juillet, une association vient dorénavant en aide aux écoliers à «haut potentiel» du Nord vaudois, qui souffrent souvent dans le milieu scolaire. Trois classes vont ouvrir à la rentrée dans les anciens locaux Leclanché.
On les a longtemps appelé, par abus de langage, des surdoués. Les spécialistes préfèrent, aujourd’hui, utiliser le terme d’enfants HP, pour haut potentiel. Contrairement à l’image reçue, ils ne sont pas à rechercher parmi les plus studieux de la classe. Car, souvent, les enfants HP ne sont pas forcément de bons élèves. Ils sont nombreux à échouer, parce qu’ils s’ennuient et lâchent prise, ou parce qu’ils se referment sur eux, leur grande sensibilité étant souvent un handicap pour s’intégrer dans une classe. Aux yeux des enseignants, ces écoliers peuvent, même, parfois, passer pour des fainéants, voire des retardés. Il en résulte de l’incompréhension. Et beaucoup de souffrances.
Douze élèves inscrits
Jusqu’ici, alors que plusieurs institutions existent sur la Côte ou à Lausanne pour venir en aide à ses enfants et aux familles, il n’y avait rien dans le Nord vaudois. C’est ce qui a poussé des parents d’enfants HP de la région à se réunir et à fonder, le 23 juillet dernier, l’association École pour enfants à besoins spécifiques d’Yverdon, qui réunit aujourd’hui une vingtaine de membres, familles ou particuliers. La structure va ouvrir trois classes, le 1er septembre, dans les anciens locaux Leclanché, à l’avenue de Grandson. «Pour l’heure, nous avons douze enfants inscrits, âgés de 5 à 14 ans, venant de toute de la région», indique Noémie Requet, psychologue et codirectrice de ce nouvel établissement privé, baptisé de manière provisoire Ecole Haora, qui veut dire oxygène en langue maori.
«Nous répondons à un véritable besoin», poursuit Noémie Requet. C’est elle qui a lancé le mouvement au début de l’année : «Je constatais de plus en plus de souffrance parmi les enfants HP que je rencontrais, notamment une fille qui ne dormait plus, ne se nourrissait plus, certains devant même quitter l’école. Il n’y a qu’à voir les statistiques : 80% des enfants descolarisés sont HP.
C’est comme si tout le monde trouvait son compte à l’école, sauf eux.» La psychologue commence alors à parler de son projet, qui fait écho chez de nombreuses personnes, à l’image de Nadia Fiore, enseignante spécialisée et mère de quatre enfants HP, qui réfléchit à ouvrir une classe dans la grange de sa ferme, ou Arnaud Fournier, directeur d’un centre de soins, qui envisage de donner l’école à la maison à sa fille. La première est aujourd’hui, codirectrice de l’école, et le second membre du comité de l’association.
«Notre but n’est pas de faire concurrence au système étatique », continue Arnaud Fournier, qui précise que leur école est en passe d’être reconnue par la Direction générale de l’enseignement obligatoire (DGEO) du Canton de Vaud. D’ailleurs, l’établissement privé se conformera aux objectifs du Plan d’études romand (PER) et les élèves suivront le programme normal. «Mais autrement, avec un enseignement spécifique», nuance Noémie Requet, qui évoque comment ils étudieront la géologie du Jura en allant, entre autres, à Delémont voir les traces de dinosaures.
«Dans l’absolu, relève encore Arnaud Fournier, le but est de préparer ces enfants à retourner à l’école, après les avoir resocialisés, leur avoir redonné confiance, voire, permis de rattraper leurs lacunes.»
«Le bien-être des enfants»
Concrètement, le tout nouvel établissement comptera une dizaine d’enseignants. Une partie est salariée, l’autre étant, pour le moment, bénévole. L’organisation est basée sur l’horaire continu (de 8h15 à 14h50, devoirs compris). Une permanence sera également organisée jusqu’à 17h30. L’établissement étant privé, l’écolage est donc payant. L’un des buts de l’association est d’ailleurs de récolter des fonds pour faire diminuer au maximum le prix, qui se monte, néanmoins, à plusieurs centaines de francs par mois. Noémie Requet conclut : «Nous n’avons pas d’autres ambitions que le bienêtre des enfants.»
Renseignements sur le site www.haora.ch, par mail info@ haora.ch ou par téléphone au numéro 024 441 69 39.