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Une reprise compliquée mais prometteuse
La cavalière de La Mauguettaz Jannick Herren. © Pierre Blanchard

Une reprise compliquée mais prometteuse

30 avril 2021
Edition N°2944

Hippisme – Les cavaliers régionaux ont progressivement repris le chemin des concours hippiques après l’assouplissement des mesures sanitaires. Ce retour à la compétition s’est toutefois effectué dans des conditions bien particulières. En lice le week-end dernier à Monsmier (BE), Janick Herren partage son sentiment sur cette reprise particulière.

Janick Herren, comment se sont déroulés vos premiers parcours de l’année?

Je ne m’attendais pas à de tels résultats d’entrée (voir encadré). J’ai monté Asquaw de Naelle, ma jument de vitesse, qui appartient à Madame et Monsieur Wiser, et Jisca de Laubry. Dame de Vaillant (ndlr: avec laquelle elle remportait le titre romand il y a deux ans) était à l’arrêt depuis le mois d’octobre à cause d’une blessure. Nous recommencerons très tranquillement sur 120-125 cm la semaine prochaine, également à Monsmier.

Comment avez-vous vécu la compétition dans ce contexte particulier?

Étant donné qu’il n’y avait pas de reconnaissance de parcours sur place, nous devions apprendre le tracé sur un plan. J’étais un peu inquiète de me tromper de parcours, mais Vincent (ndlr: Deller, son coach et compagnon) les avait imprimés afin que je puisse bien les répéter. Nous avons beaucoup aimé le principe de groupes de 15 participants qui font leurs deux parcours à la suite. C’est un gain de temps énorme pour nous. Les chevaux font un effort plus intense sur une durée plus courte, mais à la fin, ils sautent moins de fois car ils sont déjà échauffés pour le deuxième parcours. Nous n’avons pas besoin de recommencer un échauffement complet une ou deux heures après le premier parcours. Nous remercions sincèrement la famille Etter d’avoir essayé d’organiser un concours dans ces conditions et nous espérons que cela incitera les organisateurs à se lancer. Le système fonctionne, les professionnels et les amateurs avaient l’air contents de pouvoir faire à nouveau de la compétition.

Pensez-vous que ce modèle de compétition ait un avenir?

Pour les Grands Prix, avec un barrage réunissant uniquement les sans-faute à l’issue du parcours initial, c’est impossible. De plus l’ambiance n’est pas la même. Pour le beau sport, ça ne va pas, mais pour les épreuves de préparation, je dois reconnaître que c’est pratique.

«Nous avons beaucoup aimé le principe de groupes de 15 participants qui font leurs deux parcours à la suite. C’est un gain de temps énorme pour nous.»

 

Quelle est la suite de votre programme?

À l’heure actuelle, il m’est impossible de faire un planning. Avec le Covid-19, il y a beaucoup d’annulations. Nous avons un peu revu notre mode de fonctionnement pour cette année. Je n’ai pas fait une saison 2020 incroyable. Après le confinement du printemps dernier, nous avons voulu aller trop vite faire des Grands Prix, et ni moi ni mes chevaux étions suffisamment prêts. L’année dernière, l’idée était éventuellement de vendre une de mes juments. Le but était que cet argent me permette d’investir dans la relève, mais après quelques essais et réflexions, nous nous sommes rendu compte que le marché actuel des vrais bons chevaux était trop onéreux pour nous. Nous avons donc décidé de garder Dame et Jisca, mes deux juments de Grand Prix. Elles ont 12 et 13 ans, nous allons donc faire très attention à leur planning de concours, leur santé et leur moral, afin qu’elles puissent performer encore quelques années. Pour le futur, nous espérons trouver quelques partenaires.

 

Des restrictions contraignantes pour les organisateurs

Les concours hippiques internationaux ont repris sur les chapeaux de roues le week-end dernier après un mois d’arrêt à la suite de l’épizootie de rhinopneumonie, déclarée fin février à Valence (Espagne), qui a causé la mort d’une vingtaine de chevaux (voir La Région du 24 mars dernier). En Suisse, où l’on a été épargné par cette maladie, la situation stagne en raison de l’épidémie de Covid-19. Alors que l’on saute et dresse aux quatre coins de l’Europe, chez nous, les compétitions nationales peinent à reprendre en raison des mesures sanitaires draconiennes imposées par le Conseil fédéral.

En effet, les restrictions en vigueur pour les manifestations sportives sont pour le moins contraignantes. Seuls quinze participants peuvent être présents en même temps sur le site de la manifestation. Et pour l’hippisme, on ne tient pas compte du fait qu’il s’agisse de surfaces de plusieurs hectares et en plein air. En outre, toute forme de restauration – même en terrasse ou en take-away –, essentielle à la rentabilité d’une manifestation, est interdite. Mieux que rien, mais compliqué et applicable uniquement aux concours dits plus «industriels».

Avant ces assouplissements, les membres du cadre national élite (dont Steve Guerdat et Martin Fuchs), ainsi que les jeunes de moins de 20 ans avaient le droit de disputer des compétitions, mais seuls les organisateurs du concours de Wädenswil (ZH) se sont lancés lors du week-end de Pâques et celui des 17 et 18 avril. La jeune cavalière de Corcelles-sur-Chavornay Camille Reber y avait d’ailleurs obtenu de jolis classements avec sa jument Baraka du Rozel, 4e sur 115 et 120 cm.

Malgré les derniers assouplissements, les  restrictions actuellement en vigueur restent contraignantes, et seuls quelques concours alémaniques ont tenté de relever le défi le week-end dernier. Ce fut le cas de la famille Etter à Monsmier (BE). Ainsi, les régionaux de tout âge ont enfin eu la possibilité de reprendre le chemin des concours.

La cavalière nationale Janick Herren était de la partie dans les épreuves à 130 cm dans le Seeland. La championne romande 2019 s’est classée 4e avec Asquaw de Naëlle, ainsi que 5e et 6e sur Jisca de Laubry.