Ausculter le sous-sol à la recherche d’eau chaude
5 décembre 2024 | Texte: J.-Ph. Presse-Wenger | Photo: Michel DuperrexEdition N°3846
Ausculter le sous-sol à la recherche d’eau chaude
«Augmenter la part des énergies renouvelables», voilà un mantra maintes fois répété dans le cadre des stratégies de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Et après les solutions envisagées, dans l’éolien, la géothermie pourrait faire une percée significative dans le Nord vaudois.
En effet, un projet de recherche en surface baptisé GéothermY a été lancé par un nouveau consortium de circonstance appelé YOM. Ce dernier est composé de trois entreprises bien établies. Il s’agit tout d’abord d’Y-CAD, entreprise créée par la Ville d’Yverdon-les-Bains pour s’occuper de son chauffage à distance. Ensuite, Orllati Real Estate via sa société Orllati Géothermie SA est également partie prenante. Finalement, MalmEnergie SA, créée par Roland Stoll, constitue le troisième élément.
La décision de mutualiser les ressources de ces trois entités permet au projet d’économiser environ 2,8 millions de francs et d’établir le coût total actuel à environ 7,6 millions. Quarante pourcents de ce coût sont couverts par des apports égaux des trois partenaires, soit un million par entreprise. Les soixante pourcents restants proviennent avant tout des subventions de l’Office fédéral de l’énergie (OFEN). Ce dernier a posé bon nombre de conditions drastiques, notamment dans la coordination des démarches, afin de s’assurer que lesdites subventions soient utilisées au mieux.
Travail de nuit
Le projet se détaille en plusieurs étapes. La première phase consistera à cartographier les zones du sous-sol, dans un certain périmètre autour d’Yverdon-les-Bains, susceptibles de fournir de l’eau. Pour ce faire, la méthode se fait en surface. «Nous allons déposer environ 20 000 capteurs sur environ 100 km2, explique Jérôme Chablais, qui sera en charge de coordonner le projet. Ensuite, à l’aide de camions vibreurs, nous allons envoyer des ondes dans le sol, celles-ci vont être renvoyées en direction des capteurs et les données ainsi collectées permettront, grâce à un travail scientiifique, d’obtenir une cartographie en 3D des zones en question.» Pour éviter la pollution sonore de la journée, qui rendrait une partie des données inutilisables, la majorité de ces travaux de vibrations s’effectueront de nuit, entre 22h et 6h du matin hors des localités, avec un camion de 21 tonnes, qui enverra une vibration tous les 30 mètres. Pour ce qui est des traversées de localités, les travaux seront effectués avec des véhicules ne dépassant pas 8 tonnes.
Cette phase de recherche en surface s’effectuera entre juillet et fin septembre et fera l’objet d’une campagne de sensibilisation de la population. «Il est important pour nous d’expliquer comment ces travaux vont avoir lieu, explique le directeur d’Y-CAD Pierre-Alain Kreutschy.
Sous-sol encore peu connu
Une fois la recherche en surface effectuée, ce qui devrait coïncider avec la fin de l’été, l’analyse et la cartographie devraient occuper les entreprises jusqu’au terme de 2026. L’étape suivante, les forages prospectifs, ne serait alors mise en route qu’ensuite. «Il est important d’effectuer cette étape au mieux afin de dérisquer la zone, explique Valentin Cardon, le directeur d’Orllati Géothermie SA. Car contrairement aux projets de géothermie mis en place à Paris ou à Munich, le sous-sol de la région d’Yverdon-les-Bains reste encore peu connu.» D’autres projets du même type sont déjà plus avancés, notamment dans la région d’Eclépens, où des forages exploratoires pourraient être attendus pour le mois de février.
www.geothermy.ch