Pour célébrer les 150 ans de la naissance d’Albert Schweitzer, une exposition lui est consacrée dans le cadre de l’abbatiale clunisienne, qui se tiendra jusqu’au 8 août.
Dans la mémoire collective, le nom d’Albert Schweitzer reste attaché au fameux hôpital, et léproserie, qu’il avait fondé à Lambaréné, au Gabon, avec sa femme Hélène, devenue infirmière. C’est le parcours d’exception de cet homme de conviction qui est retracé dans cette exposition de Romainmôtier, au travers d’une quinzaine de panneaux illustrés répartis sur les côtés du vénérable édifice clunisien.
Au secours des plus démunis
Albert Schweitzer est donc né le 14 janvier 1875 en Alsace, encore sous domination allemande. De religion protestante, il a le sens du partage et du respect de la vie. Devenu brillant philosophe, pasteur et théologien, il est, en plus, un organiste de talent spécialisé dans l’œuvre de Johann Sebastian Bach. Cet homme hors du commun a donc marqué le XXe siècle par son engagement humaniste. À tel point qu’à l’âge de 30 ans, il quitte sans hésiter sa double carrière d’enseignant universitaire et d’organiste de concert pour se former comme médecin et pour consacrer sa vie au sort des plus pauvres et démunis au cœur de l’Afrique. Il est devenu un précurseur de la médecine humanitaire, accessible à tous, une démarche généreuse qui lui a valu l’obtention du Prix Nobel de la paix.
Un travail de longue haleine
L’Hôpital Schweitzer à Lambaréné a été fondé en 1913 par le couple. Mais, dès les débuts, il a été presque entièrement détruit lors de l’absence forcée de ses fondateurs pendant la Première Guerre mondiale. Albert Schweitzer et Hélène sont allemands et sont expulsés d’Afrique pour être internés en France, à Saint-Rémy-de-Provence. Puis, libéré et devenu français, il revient en 1924 et construit un deuxième hôpital achevé une année après et d’une capacité de 150 patients. Mais, en 1926, une famine et une épidémie de dysenterie rendent l’établissement trop petit. Rebelote, il construira alors un troisième hôpital quelques kilomètres plus loin. En récompense pour sa véritable ténacité, l’hôpital jouit d’une excellente réputation dans tout le Gabon et l’ancien hôpital, dont les pavillons ont été conservés en l’état, est inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Prudent, il restera au Gabon lors de la Seconde Guerre mondiale.
À la cérémonie de vernissage, les organisateurs de l’exposition qui sont Anne-Catherine Graber, Hugues Burkhalter, Daniel Meylan et Willy Randin, ont fait diffuser la voix off du docteur Schweitzer et ont évoqué ensuite les raisons de cette présentation.
«Albert Schweitzer avait beaucoup de liens avec la Suisse, mais il ne semble pas être venu à Romainmôtier. Cependant, il y a de nombreuses convergences entre ce lieu et le parcours du docteur. Ici, dans le bas du vallon du Nozon, il y a la musique, la nature, la spiritualité et l’ouverture au monde qui s’entrelacent», ont-ils expliqué.
Méditation et souvenir
En effet, l’abbatiale est un lieu spirituel et œcuménique. On y vient pour méditer, se souvenir et se ressourcer. De plus, saint François d’Assise, qu’admirait beaucoup Albert Schweitzer, est présent, peint sur le narthex, en train de nourrir des oiseaux. Et sans compter encore que le site est reconnu pour ses nombreux concerts d’orgues, puisqu’on peut compter trois instruments remarquables sur le site. Daniel Meylan, organiste, a d’ailleurs fait une belle conclusion musicale. Un sympathique apéritif a permis aux nombreux participants de fraterniser encore un moment. Sur un plan local, signalons encore qu’Yvette Stoeffler, de Vaulion, a fait une présentation d’artisanat en bois gabonais rassemblés alors qu’elle a travaillé, dans un contrat de deux ans, comme laborantine à Lambaréné.