Salvador Janer s’en est allé dimanche dernier dans sa 77e année, au terme d’un combat, mené en sportif, contre la maladie.
L’hymne du FC Barcelone a retenti mercredi après-midi au Centre funéraire d’Yverdon-les-Bains pour rendre hommage à l’un des plus fervents supporters du club, Salvador Janer. Un «historique» dirait-on en Espagne pour cet homme né dans la capitale de la Catalogne, où il a effectué sa scolarité et sa formation professionnelle.
Cette passion pour le football, Salvador Janer l’a cultivée jusqu’au plus haut niveau. Dans sa jeunesse, il assistait aux rencontres de son club fétiche en compagnie de son frère Francisco. Et lorsqu’ils ont émigré vers la Suisse avec leurs parents en 1960 – Salvador avait alors 17 ans –, le défunt s’est facilement intégré grâce à son sport favori.
Sa formation professionnelle, chez Hispano Olivetti, fabriquant de machines à écrire, aurait dû logiquement le conduire chez Paillard. C’est pourtant dans une autre usine de la ville, Leclanché, qu’il a posé ses amarres professionnelles, après un bref passage chez Charles Decker, puis à La Nationale à Champagne. Lorsqu’il a pris une retraite anticipée, à 63 ans, Salvador Janer cumulait 42 années de service auprès du fabricant de batteries.
Collègue et ami, Marc-André Burkhard, est sous le choc: «Nous avons travaillé 38 ans ensemble. Il était chef de l’atelier de serrurerie où étaient fabriqués les supports de redresseurs, convertisseurs et appareils militaires. C’était un fin serrurier. Puis les dernières années, alors que les commandes de l’armée baissaient, il était responsable pour toute la Suisse de l’installation des batteries dans les centrales téléphoniques de Swisscom.»
Le vice-syndic d’Yverdon-les-Bains appréciait tout particulièrement cet ami, car tous les deux partageaient la même passion pour le sport: «Il avait du caractère, mais il était très apprécié par les gens. Je suis triste de ne pas avoir pu lui dire adieu.»
Joueur puis arbitre
Le football a été une passion constante chez Salvador Janer. Il a joué au FC Champagne, et au FC Grandson, en 2e ligue, avant de se tourner vers l’arbitrage. Il y a franchi tous les échelons, jusqu’à la ligue nationale, arbitrant en LNB, et actuant comme juge de touche en LNA.
Durant cette période, ce sportif accompli a eu le privilège – c’est rarissime – de participer à deux finales de la Coupe de Suisse. En 1977, lors de la victoire des Young-Boys face à Saint-Gall, avec le Grandsonnois Ernest Guignet, arbitre principal, et une fois encore avec André Daina, arbitre international, lors de la finale de Coupe qui a opposé les Grasshoppers de Zurich au FC Servette, en 1983. Il a également exercé comme inspecteur. Cet engagement a été récompensé par un diplôme de membre honoraire de l’Association suisse de football (ASF).
Un président très apprécié
à l’instar de nombreux immigrés ibériques, la famille Janer se retrouvait régulièrement au Cercle espagnol d’Yverdon-les-Bains. Un lieu que le défunt appréciait en toutes circonstances, notamment pour suivre les matches du championnat d’Espagne, les «classicos» entre le Barça et le Real Madrid, ainsi que les compétitions européennes et mondiales.
Mais le Cercle, c’était aussi l’endroit où il partageait avec ses amis des parties de cartes et de domino parfois homériques. Il faut dire que de nombreux tournois y étaient organisés. Les coupes exposées à son domicile témoignent de sa pugnacité et de son talent.
Lorsqu’il a été appelé à s’engager dans le comité du Cercle espagnol, Salvador Janer n’a pas hésité une seconde. Il en est rapidement devenu le président. Il excellait dans ce rôle au point qu’en plusieurs mandats, il a cumulé 25 ans de présidence. Il a été particulièrement fier de présider aux festivités du cinquantenaire, en automne 2012.
Si les assemblées générales se déroulaient parfois dans une ambiance d’auberge espagnole, le «presi», homme de caractère, savait remettre de l’ordre. Il inspirait le respect, même à ses contradicteurs, et ses élections lui ont valu à chaque fois l’unanimité.
Le défunt a aussi été un papa et un grand-papa aimant et aimé. Il a connu son épouse Lina, venue de Sardaigne en vacances chez des cousins, à Yverdon-les-Bains. Cristina et Tony sont nés de cette union. Le couple a eu le bonheur de partager beaucoup de temps avec ses trois petits-enfants, Laetitia, David et Alexandra. Tous lui ont rendu un bel hommage hier après-midi.
Salvador Janer a profité de belles années de retraite avec son épouse Lina. Ils ont voyagé et consacré du temps à leurs proches. Malheureusement, il y a un an et demi, un cancer a été diagnostiqué. Le sportif a alors lutté comme un lion, jusqu’à admettre qu’il avait perdu la partie.
«Je suis fatigué, je m’en vais», a-t-il déclaré peu avant de rendre son dernier souffle, à son domicile comme il l’avait souhaité, entouré de l’amour des siens, en particulier de son épouse Lina, qui l’a soutenu sans faillir durant ce dernier combat.