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«Léo», nouvelle attraction du trekking régional
©Simon Gabioud

«Léo», nouvelle attraction du trekking régional

15 septembre 2016 | Edition N°1829

Nord vaudois – De retour d’un périple de 450 kilomètres à travers la Suisse, l’Yverdonnois Gaëtan Dübler propose des randonnées avec son boeuf de dix mois un peu partout dans la région. Rencontre.

Le boeuf «Léo», confortablement installé à l’ombre des parasols d’une terrasse de la place Pestalozzi. ©Simon Gabioud

Le boeuf «Léo», confortablement installé à l’ombre des parasols d’une terrasse de la place Pestalozzi.

On connaissait «La vache et le prisonnier », si cher aux aficionados de Fernandel, ou, plus récemment, «La vache», le dernier film de Mohamed Hamidi ; l’histoire de cet agriculteur algérien qui traverse la France en compagnie de son bovin pour rejoindre le salon de l’agriculture à Paris. Dans le Nord vaudois, l’histoire aurait, elle aussi, pu faire l’objet d’une fiction. «Aurait», seulement, puisque Gaëtan Dübler offre, depuis quelques jours, des journées de randonnée dans la région, accompagné de «Léo», son boeuf de dix mois.

«C’est un nouveau concept et une exclusivité mondiale, clame, d’entrée, l’Yverdonnois de 37 ans. L’idée est de faire découvrir à qui le veut les paysages de la région grâce à des treks d’un, deux ou trois jours.» Assis à une terrasse de la place Pestalozzi, il passe commande : «Un verre d’eau pour moi, et un grand bol pour lui», pointant d’un hochement de tête son fidèle compagnon, couché et ruminant à ses côtés.

Comme si de rien n’était. Plus sage qu’un toutou, plus doux qu’un agneau, «Léo» suscite la sympathie des passants intrigués et amusés. Les plus petits lui caressent le museau.

Les plus grands, eux, s’offrent un selfie. «C’est tout le temps comme ça. Se promener avec lui, c’est un peu comme une expérience sociologique», reprend Gaëtan Dübler. «Ça doit être encore mieux que les chiens pour attirer les filles, non ?», lui clame un passant. Il acquiesce, souriant.

Du CNRS à Compostelle

Licencié en biologie cellulaire, brillant scientifique au Centre national de la recherche scientifique, en France, l’Yverdonnois a tout plaqué pour pratiquer un travail «honnête et de qualité», comme il aime le dire. Pour revenir aux racines terriennes de sa famille, originaire de Fribourg, aussi.

Ce mordu de haute-montagne décide alors de proposer des treks, non pas avec un âne, mais avec un boeuf bâté, «l’animal par excellence pour les travaux et le transport à l’époque». Pourquoi un boeuf plutôt qu’une vache, d’ailleurs ? «Ils sont plus robustes et ont un caractère plus posé. Un peu comme les hommes par rapport aux femmes, finalement». Il sourit.

Gaëtan Dübler suit, alors, une formation chez un bouvier d’Alsace pour y apprendre le b à ba du métier, puis fait l’acquisition d’un veau de deux mois de la race Hinterwald. S’en suit un long travail de dressage et d’apprivoisement, via, notamment, un périple à pied de 450 kilomètres à travers la Suisse. Parti de la Cité thermale en mai, le duo à rejoint Rorschach (SG) deux mois plus tard, suivant la «Via Jacobi», l’itinéraire suisse du chemin de Compostelle.

Si, aujourd’hui, «Léo» ne semble pas perturbé par les va-et-vient des passants, ça n’a pas toujours été le cas. «Au début, il avait peur des oiseaux, des grilles et du bruit», atteste son bouvier. Puis, il s’est habitué. «Lorsque j’allais faire les courses à la Migros, je l’attachais dehors. Il restait calme, car il savait que je revenais.» Il renchérit : «Après une telle expérience, on se connaît mieux. Le matin, avant une journée de marche, je vois très vite s’il est de bonne humeur ou non», sourit Gaëtan Dübler.

Sur le chemin du retour à la maison, au moment où le duo remonte tranquillement la rue du Milieu, «Léo» s’oublie, sous le regard gêné de son propriétaire. «En vingt ans, c’est bien la première fois que je vois une beuse au centre-ville», sourit une commerçante, en saluant les deux compères de la main.

Tarifs, disponibilités et itinéraires : www.lechemindecompostelleavecunboeuf.com

Projet avec Le Tempo et les Trois Dames

Comme si offrir des randonnées d’exception en compagnie d’un boeuf ne lui suffisait pas, Gaëtan Dübler a des projets plein la tête. En partenariat avec le Café Le Tempo, à Yverdon-les-Bains, et la brasserie des Trois Dames, à Sainte-Croix, se déroulera, samedi 8 octobre prochain, un événement aussi local qu’original : «Comme le faisaient ses ancêtres, «Léo» portera sur son dos de la bière artisanale depuis le Balcon du Jura jusque dans la Cité thermale.»

L’Hinterwald, une race à part

Originaire du massif de la Forêt noire, en Allemagne, la vache d’Hinterwald est, avec ses 120 cm au garrot, la plus petite race bovine d’Europe centrale. Alors que de nombreuses espèces de taille réduite se sont progressivement éteintes au fil des siècles, ce bovin de campagne, adapté à la vie en montagne, a survécu. «Ce sont des animaux très robustes et résistants. Ils peuvent marcher des dizaines de kilomètres sans broncher», assure Gaëtan Dübler.

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Simon Gabioud