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Quand la victoire est une histoire de Teams
© Michel Duperrex

Quand la victoire est une histoire de Teams

23 février 2022

Deux des trois équipes du Gymnase se sont démarquées samedi lors d’un concours de débat. Et malgré la levée des mesures sanitaires, tout s’est déroulé par écrans interposés, de quoi perturber sans déstabiliser.

Il est 8h30 samedi, et le gymnase d’Yverdon est silencieux, mais pas complètement désert. Dans la salle informatique, les ordinateurs et les cerveaux d’une poignée d’étudiants commencent à chauffer. D’ici quelques minutes, ils tourneront à plein régime, lorsque le coup d’envoi de la finale régionale de «La jeunesse débat» de l’Arc lémanique secondaire II, organisée par Young Enterprise Switzerland (YES), sera donné. Là, les six Nord-Vaudois affronteront six autres jeunes, mais à distance, chacun derrière son écran.

Problèmes de connexion, stress de ne pas avoir les bons écouteurs, recherche du fond à projeter sur le moniteur… Il y avait tout un tas de détails auxquels les étudiants ont dû veiller avant de déballer leurs meilleurs arguments. De quoi rajouter de la pression à ces gymnasiens qui testaient pour la première fois cette méthode (via Microsoft Teams), puisque la première étape du concours, à l’interne, s’est déroulée en présentiel.

Après avoir effectué trois rounds à distance, tous sont arrivés à la même conclusion: c’est mieux de débattre en face-à-face qu’en visioconférence. «C’est plus naturel. Derrière son écran, on oublie parfois qu’il y a de vraies personnes de l’autre côté. Et il y a aussi des problèmes techniques qui peuvent être perturbants», note Elyès Ayadi, qui avoue avoir dû se faire violence pour ne pas tourner sur sa chaise en écoutant les autres et parler en langage commun. Quand j’écoutais mes adversaires, j’avais envie de leur répondre: wesh gros, tu ne peux pas dire ça (rires)!» Et son binôme, Diane Garcia, de compléter: «Pour moi, le plus bizarre a été de parler sans voir le visage des juges. On ne voyait que nos concurrents et nous-mêmes, ce qui était un peu perturbant aussi. Ce n’est que lorsque le jury a fait le briefing à la fin que je me suis rappelée qu’il était là, lui aussi, durant le débat. J’avais complètement oublié!»

Pour Elodie Ducret, passionnée par l’art oratoire et qui a passé des heures avec son ami Antoine Bodmer à regarder des vidéos pour parfaire sa technique, c’est surtout la communication non verbale qui a cruellement fait défaut. «C’est vrai que lorsqu’on est en face des gens, il y a des gestes et des réactions qui nous aident à savoir si ce qu’on dit est pertinent. Par exemple, si on aperçoit l’autre équipe se passer la main sur le front, on se dit que c’est un super argument et qu’il faut appuyer là-dessus. Mais à distance, on n’a pas forcément accès à tous ces signaux», renchérit Kendrick Debossens qui, lui, a opté pour une stratégie plus spontanée en contrant les arguments des autres plutôt qu’en apportant de nouveaux faits.

Les gymnasiens d’Yverdon, qui remettaient leur titre en jeu, ont-ils été prétérités par ces joutes à distance? Pas dans le résultat en tout cas. Car Elodie Ducret et Antoine Bodmer se sont hissés en finale, suivis à la troisième place par Kendrick Debossens et Hugo Schick.

«Je suis soulagée, car notre objectif ultime était d’accéder à la finale nationale, et c’est le cas», dit Elodie Ducret en gigotant dans tous les sens. «Tu es sûre que tu es soulagée? Tu as plutôt l’air stressée!» sourit Kendrick Debossens. Mais, en bon camarade, l’étudiant n’a pas laissé tomber ses collègues et il est resté presque tout le long à leurs côtés pour les soutenir durant cette dernière ligne droite. Car pour décrocher le titre de vainqueur régional, le binôme devait encore battre deux Nyonnais. «Je suis contente car on va défendre la position: pour que la Suisse rejoigne l’Europe. On a toutes les introductions et beaucoup d’arguments, alors que l’autre, on n’avait rien préparé», avoue Elodie Ducret qui, comme tous les autres, a reçu les thèmes à l’avance.

Pour bétonner son argumentaire, le duo a pu s’appuyer sur les collègues du gymnase non finalistes mais tout aussi prêts et motivés qu’eux à gagner. «Si on gagne cette finale, ce sera une victoire d’équipe», souligne Elodie Ducret en remerciant vivement ses amis. Et l’effort commun a payé puisque c’est Yverdon qui a remporté la finale régionale.

«On n’a pas vraiment utilisé les arguments des autres, mais ils nous ont tous aidés par leur bienveillance», relève Antoine Bodmer. Et Elodie Ducret de compléter: «Par leur présence chaleureuse, on a eu le sentiment d’être soutenus.» Cet ingrédient magique a fait une différence, selon leur enseignant, Baptiste Naito. «L’an dernier, toute la compétition s’est déroulée à distance, chacun depuis chez lui. Et j’ai vu la différence. Là, il y a un vrai esprit d’équipe, une cohésion de groupe que leurs prédécesseurs n’ont pas réussi à avoir, confie le professeur de français et d’histoire. Peut-être que ce sera cette étincelle qui donnera le feu à Elodie Ducret et à Antoine Bodmer lors de la finale nationale, les 1er et 2 avril à Berne!

 

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Comme le nombre de victoires à l’actif du Gymnase d’Yverdon, depuis sa première au concours de débats, en 2019. En 2021, les jeunes Nord-Vaudois ont été sacrés vice-champions de Suisse. Samedi,Elodie Ducret et Antoine Bodmer ont déjà gagné la finale régionale et, en avril, ils concourront pour le titre national.

Christelle Maillard