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Le vol de ruches devient une mauvaise habitude

24 août 2012

Le manque d’abeilles pousse des professionnels, ou supposés tels, à voler des ruches, remplies de miel ou non, chez leurs «concurrents» plus consciencieux. Cette malhonnêteté interpelle des apiculteurs de la région, qui appellent les voisins à la vigilance.

Les abeilles changent de propriétaire contre leur gré...

«Franchement, je n’en peux plus! Il y a les parasites, les maladies, et maintenant on se met à nous voler nos ruches! C’est déjà assez pénible comme ça!» Marcel Jud est apiculteur à Yverdon-les-Bains depuis dix-neuf ans et possède des ruches à Champvent, Essert-sous-Champvent et dans la région d’Orges et de Novalles. «Je prends soin de mes abeilles, les traite bien, fais les choses au moment où elles doivent être faites. Du coup, mes abeilles souffrent peut-être moins que d’autres et je n’ai pas connu de grandes pertes. D’autres apiculteurs, car il ne faut pas croire qu’il s’agit d’une grande famille, ont profité de mon travail en venant me voler une ruche», explique l’Yverdonnois, désabusé.

Son cas n’est pas isolé: «Ce printemps, un de mes amis s’est fait voler quatre ruches à Bioley-Magnoux, d’autres s’en sont fait dérober cet été.» Les voleurs ne cherchaient pas forcément le miel. «Mais non! Ma ruche a été volée après l’extraction, il y a quelques jours! Ils cherchent vraiment les abeilles, parce qu’eux n’en ont pas assez. Alors quand ils voient une belle colonie, ils se servent.»

Est-il convaincu qu’il s’agit d’autres apiculteurs? «Vous voyez quelqu’un d’autre voler une ruche? Je me suis fait également cambrioler ma capite, pourtant fermée à clé, mais c’est autre chose. Je pense que des enfants sont venus faire des dégâts, à un autre moment. Mais là, pour voler une ruche…»

Les voleurs après la bactérie tueuse

Les temps sont durs pour les apiculteurs, c’est un fait, et les ruches étant bien souvent à l’écart des habitations, rien de plus facile que d’aller en piquer une, en évitant soi-même les piqûres bien sûr. Le varroa décime les colonies et les récoltes 2012, que ce soit celle de printemps ou celle d’été, ont oscillé entre le mauvais et le catastrophique, comme nous l’avons relaté dans ces colonnes il y a quelques semaines. Non seulement les quantités de miel sont en baisse, mais les colonies ont du mal à se reformer, tant les pertes ont été importantes. L’Agroscope Liebelfeld-Posieux estime à 40% le nombre d’abeilles mortes durant l’hiver 2011-2012, en raison de ce tueur en série qu’est le varroa, un acarien particulièrement nuisible.

«Nous sommes nombreux à bien faire notre travail, et je ne vais pas donner de nom, parce que les bons apiculteurs, tout le monde les connaît, mais j’appelle tout le monde à la vigilance. J’ai déjà dit aux gens qui se trouvent à proximité de mes ruches que s’ils voient une voiture suspecte, ils regardent discrètement le numéro de plaques, par exemple. J’ai porté plainte pour mon cambriolage de l’an dernier, tout comme pour le vol de ma ruche la semaine dernière. Mais si on pouvait les identifier… Quelqu’un qui vient boutiquer autour d’une ruche, sans rien avoir à y faire, est facilement repérable!» Le message est passé, et Marcel Jud peut continuer à prendre soin de ses ruches: «De manière assez étonnante, mais je ne vais pas me plaindre, ils ne m’en ont piqué qu’une… alors qu’il y en avait huit côte à côte. Je ne vais pas remercier mon voleur, attention, mais le pire est évité.»

Au fait, une ruche a-t-elle une valeur autre que celle du miel produit par ses occupantes? «Oui! J’estime que la ruche que l’on m’a dérobée valait environ 600 francs, entre les abeilles et l’installation.» Même sans miel, une ruche a donc une valeur financière. Les apiculteurs malhonnêtes le savent très bien.

 

Timothée Guillemin