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Vince Reynolds, le basketball avant tout et pour tout

11 janvier 2013

Basketball – Après 19 années en tant que professionnel et avoir flirté avec la NBA, il veut désormais aider l’USY Basket à grandir.

Désormais entraîneur d’Yverdon en 3e ligue et établi dans le Nord vaudois, Vince Reynolds est un très grand monsieur, dans tous les sens du terme.

Devant 18 000 spectateurs dans les confins d’un campus universitaire floridien, il affrontait Michael Jordan. Quelques mois plus tard, dans l’antre mythique du Madison Square Garden de New York, les Cleveland Cavaliers l’élisaient en 116e position de la draft NBA de 1982. Deux lignes riches de sens, extraites d’un palmarès immense, largement de quoi faire frémir n’importe quel amoureux du panier, juste de quoi annoncer les prémices d’une carrière de vagabondages, entre les USA, le Panama, la France, la Suède et la Suisse.

«Contre l’équipe à Michael Jordan, on a perdu de 39 points. Après le match, notre coach nous a imposé un entraînement à minuit, pour un intense rappel physique.» Vince Reynolds est un bourlingueur. Il vit basket. Parle basket. Transpire le basket. 2 mètres 06, pas loin de 100 kilos, un accent qui trahit ses origines américaines, une passion divisée entre rêveries et sacrifices éternels.

«J’ai tout fait pour aller en NBA. Mes mains étaient trop petites, je faisais alors des centaines de pompes sur les doigts pour les allonger et les muscler. J’ai subi cinq opérations aux genoux, mes épaules m’ont torturé toute ma carrière, j’ai joué sous le feu des hernies discales. Je n’ai jamais reculé devant le moindre obstacle, le basket passait avant tout.»

Vince Reynolds en a finalement fait sa profession, du basket, son gagne-pain quotidien, jusqu’au terme de sa carrière de joueur du championnat suisse de LNA, en 1999. Il vit désormais d’une saine nostalgie, poussé par ses objectifs avec l’USY Basket, une équipe qu’il entraîne depuis deux ans.

Le choix

«A l’âge de 16 ans, j’ai grandi de 25 centimètres d’un coup. En plus d’être grand, j’étais adroit. Très vite, les universités sont venues me superviser et j’ai reçu plus de 400 offres en un rien de temps.» S’ensuivent alors les pérégrinations d’usage pour un gosse affublé d’un talent qui n’attend qu’à s’exprimer. Et puis le moment des choix, toujours cornéliens, parfois hasardeux. «J’avais le choix entre l’Université de Memphis State ou de South Florida. J’ai finalement opté pour la Floride pour son… climat, sourit Vince Reynolds, le regard tiraillé par la nostalgie, rongé par cette décision qu’il ressasse. C’est ma plus grande erreur, car Memphis était une université réputée pour sa formation. On ne saura jamais ce qu’il serait advenu de ma carrière, mais j’y réfléchis aujourd’hui encore.»

Il ne jouera jamais pour les Cleveland Cavaliers, ni en NBA. Il traversera l’Europe, de pige en pige, sur quelques coups de tête spontanés, notamment après avoir vu son contrat rompu en CBA, l’antichambre de la NBA. «J’avais signé un contrat avec Rochester. Le lendemain, ils le déchiraient devant moi, sans me donner la moindre explication! Aux Etats-Unis, c’est la dure loi des sportifs…»

En 1983, Vince Reynolds pose ses valises en Suisse. Y rencontre sa femme. Y cueille trois titres de champion national et une Coupe de Suisse. Quelques lignes à ajouter à un palmarès déjà long comme ses bras.

La référence

Et puis, Vince Reynolds se met à sourire jaune: «En Suisse, les joueurs pratiquent le sport sans prétention. Leurs copines passent avant le basket! Pire, les salles de sport sont fermées pendant les vacances scolaires; c’est le monde à l’envers. Comment voulez-vous que les joueurs progressent dans ces conditions?»

Lorsqu’il jouait à Vevey en LNA, il a pourtant vu évoluer un jeune joueur, toujours un ballon en main, toujours à parfaire ses gammes, avant et après les entraînements. Plus tard, il dunkait, dominait le jeu romand. «Thabo Sefolosha. Le joueur référence, que je cite toujours en exemple à mes joueurs. Il n’a pas réussi par hasard.»

Vince Reynolds est peut-être le meilleur marqueur de l’histoire du championnat suisse, les statistiques ne sont pas formellement établies. En tant qu’entraîneur, ses objectifs sont pourtant parfaitement clairs: faire monter l’USY Basket en 2e ligue cette saison, et puis en 1re ligue, à terme. Que ses adversaires s’inquiètent déjà, l’homme ne reculera devant rien.

 

Sacha Clément