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Dany Da Silva plonge dans le bain de la Super League

4 décembre 2014

Football – Le gardien vallorbier a disputé son premier match sous les couleurs du FC Sion le week-end dernier. Un petit aboutissement.

Dany Da Silva vit son rêve valaisan. © Michel Duperrex

Dany Da Silva vit son rêve valaisan.

«J’ai travaillé toute ma vie pour jouer à ce niveau.» Il est bientôt 20h, samedi dernier, et le moment est arrivé. Dany Da Silva est sur le point de pénétrer sur la pelouse de Tourbillon comme gardien titulaire du FC Sion. Quelque 7700 spectateurs garnissent les tribunes. «Je n’ai jamais évolué devant autant de monde. Cela fait chaud au coeur, mais il faut vite se mettre dans le match. Ne pas se laisser guider par les émotions, simplement par le ballon», récite le Vallorbier.

A la 24e minute de jeu, Yoric Ravet ouvre la marque pour Grasshopper. «Mon premier ballon, j’ai été le chercher au fond des filets», grimace le portier de 21 ans. Le match est ouvert. Dany Da Silva prendra deux buts de plus, pour un score final de 3-3.

Autocritique

Les regards étaient braqués sur celui qui effectuait son baptême du feu en Super League et les critiques ont été plutôt positives: sa responsabilité n’est pas engagée sur les trois réussites zurichoises, estiment les observateurs. Lui ne s’abstrait pas d’une autocritique qu’il estime nécessaire. «Le premier but, d’accord, je n’y peux pas grand-chose. Mais sur le deuxième, je plonge, alors que j’aurais dû rester, temporiser, comme on me dit de le faire à l’entraînement. Et sur le penalty, j’effleure le ballon. » S’il traque la moindre de ses erreurs, c’est qu’il sait que les comprendre est nécessaire pour progresser. Et c’est pour cela qu’il a signé au FC Sion.

Il ne s’attendait même pas à apparaître dans l’élite cette saison. «J’ai une année de contrat, plus trois en option, détaille-t-il. Mon objectif, c’est de faire en sorte que l’expérience ne s’arrête pas.» Quand il est arrivé du Mont, en août, c’était en tant que n° 3, derrière Andris Vanins et Steven Deana. Quand le premier s’est blessé, il a été appelé sur la banc de la «une» au lieu de défendre, comme prévu, la cage des M21, en 1re ligue promotion. Il n’y aura joué que trois matches durant le premier tour. Et puis, les résultats du FC Sion n’étant pas mirobolants, le duo Admir Smajic/Jochen Dries a décidé de lui donner sa chance.

«Le lundi, on m’a dit de me tenir prêt, et le mercredi, j’ai su que j’allais jouer, précise Dany Da Silva. On dit toujours qu’en football, tout va très vite. Quand je vois tout ce qui s’est passé pour moi ces six derniers mois, je me dis que c’est justifié.» Et pour cause: il est passé d’un statut de troisième gardien à une place de titulaire, mais aussi d’un apprentissage de carrossier-peintre, dans le Nord vaudois, au début d’une carrière de footballeur pro en Valais.

Le travail finit par payer

Il aurait pu signer une année auparavant déjà au FC Sion, mais il tenait à obtenir son CFC. «C’était important qu’il ait quelque chose pour retomber sur ses pattes si cela ne marchait pas du côté du football», indique Patricia, sa mère, qui l’a encouragé à aller au bout de sa formation. Du coup, il est passé par Le Mont, où il a moins joué qu’escompté. Mais pas question pour Dany Da Silva de regretter l’expérience, ni de se plaindre. Pas son genre.

«Je ne me prends pas la tête, explique-t-il. Il faut toujours continuer de travailler. Le travail, ça paie toujours.» Sa mère le décrit comme quelqu’un de «calme, posé et très patient». Elle ajoute qu’il n’est pas très bavard. A l’heure de se raconter, le jeune homme n’est pourtant pas taiseux. Il choisit ses mots. Refuse de s’avancer, de se perdre en conjectures hasardeuses, d’émettre des critiques. «Je ne parle pas dans le dos des gens», souligne-t-il. Il est le contraire d’un joueur à problèmes. Ceux qui l’ont côtoyé n’en disent que du bien -de ses qualités humaines à celles dont il fait preuve dans sa cage- et Dany Da Silva le leur rend bien. Il porte un regard très positif sur ceux qui ont jalonné son parcours.

Depuis quelques mois, il y a Andris Vanins. «Le meilleur gardien de Suisse à l’heure actuelle. Quelqu’un qui ne te dénigre jamais. Il suffit de le regarder pour avoir envie de devenir comme lui.» Marco Pascolo, aussi, entraîneur des gardiens du FC Sion. «Un coach et une personne incroyable. » Et tant pis si le Vallorbier est un peu jeune pour avoir vu la légende à l’oeuvre. «Quand j’en parle, je vois bien qu’il a marqué les esprits. Et moi… j’ai été voir des vidéos de lui sur Youtube!»

Souvenirs d’Yverdon

Autre personnage important pour lui et non moins charismatique, Luca Ferro, qu’il a côtoyé à Yverdon Sport et qui l’avait pris sous son aile. «Dany, il est trop fort, je l’aime, c’est mon poulain. Il a l’étoffe d’un grand gardien, c’est clair», nous avait dit l’Italien en 2011. «Il m’a beaucoup appris, assure Dany Da Silva. Luca, c’est le top. Vraiment une épaule sur laquelle m’appuyer. Nous sommes encore en contact.» De ses années à Yverdon Sport, après sa formation à Team Vaud, il garde encore d’excellents souvenirs de Paul-André Cornu, Pino Varquez et Stéphan Cornu.

C’est au Stade Municipal que Dany Da Silva a fait ses armes chez les adultes, en 1re ligue, puis en 1re ligue promotion. Il y avait disputé une saison exemplaire, malgré la relégation, qui lui a donné accès à toutes les portes qu’il a, ensuite, ouvertes. Aujourd’hui, en attendant le retour de Vanins pour la seconde partie de la saison, il pourrait encore jouer, dimanche, contre Saint- Gall.

En attendant de s’y imposer, jouer en Super League est déjà un petit aboutissement pour celui qui a commencé le football à 4 ans, sans vraiment s’en rendre compte, dans l’équipe qu’entraînait son père. Un repère essentiel auquel il a pensé lorsqu’il a su qu’il allait disputer son premier match dans l’élite. «Il est décédé d’une leucémie quand j’avais 17 ans. C’était un passionné, qui me suivait partout. Ma mère m’a poussé du côté de la formation, mon père du côté du football. C’est grâce à eux que j’en suis là aujourd’hui.»

 

Carte d’identité

Nom: Dany Da Silva.

Age: 21 ans.

Profession: Footballeur.

Domicile: Martigny.

Origine: Vallorbe.

Parcours: Fait ses classes juniors à Vallorbe, passe par Team Vaud à Yverdon et à Lausanne, jusqu’en M21, avant de rejoindre la «une» d’YS (1re ligue, puis 1re ligue promotion). Evolue une saison au Mont (1re ligue promotion) avant de rejoindre le FC Sion l’été dernier.

 

La vie en Valais

Professionnel au FC Sion, Dany Da Silva a quitté Vallorbe, où il habitait avec sa mère, pour un appartement à Martigny. Il se fait bien à la vie seul, même s’il avoue, en se marrant, avoir un peu de peine avec le ménage et le repassage. S’il est de retour occasionnellement dans le Nord vaudois, il passe l’essentiel de son temps en Valais, où les entraînements lui laissent le loisir de voir ses potes des M21 et de la «une», l’occasion de partager notamment des parties de jeux vidéo. Dany Da Silva apparaît d’ailleurs modélisé, pour la première fois, dans FIFA 15.

Lionel Pittet