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Dominik Frikart ne marche pas seul
Dominik Fricart. © Michel Duperrex

Dominik Frikart ne marche pas seul

29 janvier 2021

Le pasteur de l’église adventiste a passé six jours intubé à cause du Covid et s’en est sorti. Cette épreuve l’a rapproché de Dieu.

Il n’en peut plus d’entendre les complotistes, Dominik Frikart. «Ah oui, ce genre d’âneries, ça me touche vraiment. Je trouve grotesque, je ne peux plus supporter. J’ai vécu une grippe et j’ai vécu le Covid. Je peux vous assurer que ça n’a rien à voir.» à 53 ans, alors qu’il est loin d’être une personne à risque, le pasteur de l’église adventiste d’Yverdon-les-Bains (il travaille également en tant qu’aumônier dans une fondation à Epalinges) a bien failli y passer. Et encore aujourd’hui, plus d’un mois après être sorti du coma, il ressent une intense fatigue.

«Le 7 décembre, j’ai été testé positif au Covid. Bon, pas de panique, je n’étais de loin pas le premier. Je ne me suis pas fait trop de souci. Et puis, après trois ou quatre jours à la maison, j’ai commencé à avoir des problèmes de souffle, des douleurs. Là, je me suis dit que c’était sérieux. Je suis parti en ambulance à l’hôpital et j’ai été intubé le 14. Là, ça fait bizarre, parce que vous ne savez pas combien de temps ça va durer…» Finalement, l’Yverdonnois s’est réveillé le 19 et s’en est tiré au prix d’une énorme frayeur. Post tenebras lux. Au bout du tunnel, la lumière. La devise du Servette FC a accompagné l’un de ses grands supporters (lire encadré).

«Actuellement je suis encore en convalescence, plus d’un mois après. Je devrais recommencer le travail à 50% mi-février», explique-t-il. Les 60 membres de l’église adventiste d’Yverdon vont donc retrouver leur ministre, tout comme les 60 résidents de la Fondation du Relais, à épalinges. Et c’est peu dire qu’ils se réjouissent, car ils ont bien failli ne jamais revoir leur homme de foi. «Franchement, je dois remercier chaleureusement tout le personnel de l’hôpital d’Yverdon-les-Bains, ils ont été formidables. Les soins intensifs et la médecine ont accompli un travail extraordinaire. Ils n’ont jamais été dans la réaction, toujours dans la prévention. Ils ont traité mon cas avec énormément de professionnalisme et je leur en suis très reconnaissant», témoigne Dominik Frikart.

«Evidemment, je ne le savais pas sur le moment, mais j’ai assez bien réagi à l’intubation, heureusement. Mais je n’insisterai jamais assez sur l’excellence du travail de l’hôpital. C’est quand vous êtes concerné, au cœur du système, que vous vous rendez compte à quel point ces gens travaillent bien et sont attentionnés», continue le pasteur, très touché.

Si Dominik Frikart a envie de témoigner sa reconnaissance envers le personnel hospitalier, il estime également que cette épreuve lui a permis de se rapprocher de Dieu encore un peu plus. «Oui. Il m’a sauvé la vie, je n’ai pas peur de le dire. Ma relation avec lui s’est encore intensifiée, mais je dois rester humble et prudent avec ce témoignage de reconnaissance, car d’autres n’ont pas eu cette chance. Je n’aime pas du tout le discours que l’on peut entendre parfois concernant le salut, je m’en distancie énormément. Je connais des personnes décédées du Covid et j’en suis affecté. Cette maladie frappe sans distinction et c’est pour cela qu’il faut en parler.» Pour ne pas laisser ces théories du complot prendre le dessus et s’infiltrer dans les esprits. Dominik Frikart en est convaincu: face au Covid, il a eu le soutien des EHNV et de Dieu. Avec eux, il n’a pas marché seul.

 

«Servette-Sion, combien?»

 

Dominik Frikart est un vrai passionné de football et de hockey, deux sports au sujet desquels il peut parler et débattre pendant des heures. Connaisseur pointu et bien renseigné, il est supporter de deux équipes en particulier: le Servette FC en foot et Genève-Servette en hockey sur glace. Cette passion pour les clubs genevois lui vient de son enfance et plus particulièrement de son père. Alors, quand le SFC et le GSHC jouent, le pasteur devient supporter… jusque dans le coma! «J’ai été intubé du 14 au 19. Mais le 17, il y avait le derby Servette-Sion… Le lendemain de mon réveil, le 20, je n’arrivais pas à parler, mais j’ai rassemblé toutes les forces que j’avais et j’ai demandé le résultat. On m’a dit qu’il y avait eu 1-1. Au moins, on n’avait pas perdu, bon…» Il a alors pu se rendormir sereinement et récupérer des forces. «Le 20 au soir, Servette est allé gagner à Zurich, mais je suis complètement passé à côté. ça m’a fait une bonne surprise quand je l’ai appris quelques jours plus tard», sourit-il.

A deux pour l’aider à s’asseoir

 

Après son réveil, Dominik Frikart a dû tout reprendre de zéro. «C’est impressionnant! Après cinq jours passés dans le coma, on ne sait plus marcher, ni même s’asseoir! Les muscles sont comme inertes. Ils ont dû se mettre à deux pour m’asseoir, j’ai cru que je n’allais jamais y arriver. Heureusement, j’étais bien entouré et aujourd’hui je vais bien, malgré ma grosse fatigue. Je ne le souhaite à personne.»

 

Les 125 ans de l’église en attente

 

L’église adventiste d’Yverdon-les-Bains fête ses 125 ans en cette année 2021, mais Dominik Frikart ne sait pas exactement ce qu’il sera possible d’organiser. «On aimerait célébrer ce bel anniversaire en automne et commencer déjà avec quelques animations en l’été. Mais avec le Covid, on nage en plein flou. J’espère qu’on pourra tout de même organiser quelque chose.»

Rédaction