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Il a fait Yverdon-La Tène et retour sur sa planche

14 octobre 2015

Planche à voile – Le Grandsonnois Didier Favre a réalisé, dimanche, ce qu’aucun autre n’avait fait avant lui.

Un ami de Didier Favre a immortalisé le retour du véliplanchiste fou, mais tellement heureux. DR

Un ami de Didier Favre a immortalisé le retour du véliplanchiste fou, mais tellement heureux.

Il avait annoncé à quelques-uns de ses amis, avec qui il passait la soirée, qu’il n’allait pas faire tard, car le lendemain, il allait tenter de battre son record, tout en évoquant son fantasme de traverser le lac, d’Yverdon à La Tène, aller-retour, en planche à voile, sans étape ni assistance. Le rêve est devenu réalité, dimanche passé. Didier Favre l’a fait.

«Parfois, on se lance un défi, on ne sait pas vraiment pourquoi», dégaine le Grandsonnois, en racontant son périple. Généralement, la planche à voile se pratique de façon très locale, sur des spots. Mais lui avait envie de voir plus loin, de naviguer sur tout le lac. «Un jour, j’étais allé d’Yverdon à Yvonand. Je me suit dit que si j’arrivais jusque-là, pourquoi je n’irais pas plus loin?» C’était il y a cinq ans. L’idée, «farfelue», «saugrenue», comme il la qualifie lui-même, avait fait son chemin dans son esprit.

Le relevé GPS de son parcours, témoin de son exploit.

Le relevé GPS de son parcours, témoin de son exploit.

Alors, le véliplanchiste amateur de grands espaces s’est renseigné auprès des membres de ses clubs, le Cercle de la voile de Grandson et l’Y-Surf, et des amateurs de la discipline afin de savoir si l’aller-retour du lac de Neuchâtel avait déjà été réalisé. Personne n’a dit oui. Il aura besoin de cinq à six heures pour son périple, prévoit-il. «Comment devais-je me préparer physiquement? Je ne suis pas un sportif d’élite. C’est là que les ennuis ont commencé…», glisse-t-il, tout sourire, au lendemain de sa performance.

Avant de réussir, il y a trois jours, il avait fait quatre autres tentatives, environ une par an, arrivant jusqu’à Estavayer-le-Lac et Gorgier, au mieux. L’autre difficulté, en plus d’être prêt physiquement, est d’avoir une météo, des vents qui permettent de «remonter» le lac direction Neuchâtel. Les deux semaines précédant l’exploit, le Nord-Vaudois a profité de la bise pour parcourir 500 km. Un excellent entraînement qui l’a mis en confiance.

Pourtant, dimanche, la journée a mal commencé. Parti avec une voile trop grande, il a abandonné après quarante minutes. «Je pensais que c’était cuit», admet-il. Revenu à la plage d’Yverdon, il a hissé un équipement plus petit, en pensant s’entraîner et essayer de battre son record. Puis, une fois à Estavayer, il s’est dit qu’il allait continuer tant qu’il pouvait. Il a alors atteint Chevroux. Heureux mais fatigué, il a pensé s’arrêter là. Il s’est nourri… et le vent s’est renforcé, avec un bon angle. «Quand j’ai atteint La Tène, franchissant la ligne symbolique, à l’embouchure de la Thièle, ça a été un moment magique, évoque-t-il. J’ai eu mon petit moment d’euphorie… qui s’est vite transformé en inquiétude, quand je me suis retourné. Même s’il est plus facile de descendre, depuis là-bas, on ne voit pas l’autre bout du lac, qui est à 38 km…»

Il compare alors l’effort réalisé avec le ski rando, qu’il pratique l’hiver: «Une fois au sommet, la descente, c’est du bonheur, mais les cuisses brûlent et ça demande encore beaucoup d’énergie.» Le Grandsonnois de 44 ans en avait encore sous le pied. Après 5h08 sur sa planche, il était de retour à Yverdon. Il avait traversé le lac, aller-retour. Et il était le premier.

 

L’exploit en chiffres

– 144,84 km parcourus

– 5h08 d’effort

– 28,2 km/h de moyenne

– 41,1 km/h de vitesse maximale

– 15° C de température de l’eau

– 1 pause, sur l’eau, au large de Chevroux, pour se nourrir, le temps de décider de continuer

– 1 chute

– 5 ans de préparation

– 4 tentatives avortées les années précédentes

Manuel Gremion