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«Je ne sens pas du tout mon âge»

24 octobre 2014

Football – 1re ligue – En huit rencontres depuis le début de la saison, il a inscrit dix buts pour Yverdon Sport. A 34 ans, Edin Becirovic est plus en forme que jamais et il n’entend pas s’arrêter là.

Edin Becirovic se plaît à Yverdon. © Pittet

Edin Becirovic se plaît à Yverdon.

Yverdon n’est pas n’importe quelle ville pour Edin Becirovic. C’est là qu’il est arrivé, adolescent, chez ses grands-parents, en provenance de Bosnie. Alors, il ne manquait pas un match de LNA au Stade Municipal. Depuis, il a enquillé les buts aux quatre coins du canton de Vaud, et c’est aujourd’hui YS qui profite de ses talents de finisseur. En huit matches disputés depuis la reprise, il a scoré dix fois. Pas mal, pour un joueur qui, du haut de ses 34 ans, est un des anciens de l’équipe.

Edin, comment expliquez-vous votre réussite actuelle?

Je marche à la confiance. Je sens que je suis important pour l’équipe, que les gens comptent sur moi et cela me motive. Et puis, l’équipe joue pour l’attaque, les ballons arrivent. C’est ce que demande l’entraîneur.

Vous allez souvent célébrer vos buts vers lui…

C’est l’instinct. C’est un entraîneur qui sait parler aux joueurs, qui met une pression positive. Quand je suis sur le terrain, quand je marque, j’ai l’impression qu’il est à côté de moi. Il y a des gens qui me disent que si j’étais tombé sur Bevilacqua quand j’avais 15 ou 16 ans, j’aurais joué en Super League.

Lors de votre premier passage à YS, il y a une année, vous aviez été moins décisif. Pourquoi?

Je ne découvrais pas la 1re ligue: j’y ai joué il y a des années à Vevey, où j’inscrivais 20 ou 25 buts par saison. Mais après, je suis descendu en 2e ligue et, à Yverdon, j’ai donc dû reprendre le rythme, retrouver l’intensité.

Après six mois dans le Nord vaudois, vous êtes parti à Azzurri 90 le printemps dernier et vous voilà de retour. Que s’est-il passé?

Je suis parti pour les promesses que l’on m’a faites. Un peu plus d’argent, des perspectives de projets professionnels. Mais je ne me suis pas senti bien. Cela n’avait rien à voir avec Yverdon. C’était Chavannes, ses mille équipes, cela ne me convenait pas. Le président Mario Di Pietrantonio m’a convaincu de revenir. On peut s’appuyer sur lui. Il ne parle pas beaucoup, mais il voit tout. Avec lui, YS peut aller haut.

Avant d’arriver au Stade Municipal, vous avez terrorisé les défenses de 2e ligue pendant des années, notamment à Prilly. Quelle différence y a-t-il avec la 1re ligue?

En 2e ligue, je mettais 35 buts par saison environ. Le jeu y est moins tactique, mais les gars se battent, c’est plus serré. La 1re ligue, c’est plus organisé. Et puis, il y a des aspects de l’amateurisme, en 2e ligue, que je détestais: les déplacements chacun de son côté, le fait que chacun vienne habillé comme il veut. Ça ne va pas, on ne ressemble pas à une équipe sans le training officiel.

Comment cela se fait que vous n’ayez jamais eu votre chance à plus haut niveau?

Dans cette optique, j’ai sans doute fait une erreur en quittant les espoirs du LS, vers l’âge de 16 ans, pour rejoindre Champagne. J’ai pris cette décision pour retrouver des cousins et on m’y proposait du travail.

Et l’occasion ne s’est plus jamais présentée?

Dans l’enchaînement, j’ai été proche de la «une» d’YS. Mais j’ai fait la fête la veille du match où on est venu m’observer et j’ai été transparent. Après, à Vevey, en 1re ligue, je sortais trop. J’aimais le football pour les matches, beaucoup moins pour l’entraînement (rires). Aujourd’hui, ça a changé. Je ne sors plus et je ne bois plus une goutte d’alcool.

Quel a été le déclic?

Un souper d’équipe, en 2007. En me réveillant le lendemain, je ne me rappelais plus comment j’étais rentré. Je me suis dit que tout ça, c’était fini, ça avait été trop loin. Depuis, j’ai perdu une dizaine de kilos. Physiquement, je suis beaucoup mieux qu’il y a une dizaine d’années. Et je ne rate plus un entraînement! Ça explique que je sois en forme. Je ne sens pas du tout mon âge et il ne faut pas me parler d’arrêter de jouer.

Avez-vous toujours inscrit beaucoup de buts?

Toujours. Mon premier match, c’était en C inter, à Delémont. C’était bizarre: je ne parlais pas français et personne ne m’avait encore expliqué la règle du hors-jeu. J’ai dû me faire siffler vingt fois dans le match. Mais j’ai marqué trois buts.

Vous avez aussi la réputation d’avoir du caractère. Cela vous a-t-il déjà joué des tours?

Non, car tout reste toujours sur le terrain. C’est vrai que je prends des rouges. Un ou deux par saison. Dans la vie de tous les jours, je suis incapable de me fâcher. Mais sur un terrain, il y a trois choses qui peuvent me faire «tourner»: les coups que je prends, le fait que je ne marque pas et le fait que l’équipe ne marche pas. Alors, je peux m’énerver contre moimême, contre mes coéquipiers, contre l’arbitre. Mais vous savez, si je n’avais pas ce caractère, peut-être que je marquerais moins, aussi.

Vous êtes un des leaders naturels d’YS, une équipe qui n’a plus perdu depuis le 30 août. Quelles sont les clés de ce parcours?

Le sérieux. Je n’ai jamais connu ça, à ce point, avant. A l’entraînement, tout le monde est à l’heure, personne ne parle. Et puis, il y a l’ambiance, qui pousse tous les joueurs à se donner plus qu’à 100%.

Jusqu’où pouvez-vous aller?

Comme le disent les responsables, on fera le bilan à Noël. Mais il faut se mettre des challenges élevés: moi, j’espère qu’on terminera parmi les deux ou trois premiers. E

t combien de buts marquerez-vous d’ici la fin de la saison?

(Rires) Je vais aussi me mettre au défi: 25!

 

Carte d’identité

Nom: Edin Becirovic.

Age: 34 ans.

Profession: Gère une entreprise de vente de cuisines avec son frère.

Etat civil: Marié, un enfant.

Clubs: Espoirs du LS, Champagne, Vevey, Baulmes, Epalinges, Le Mont, Prilly, Renens, Bavois, Yverdon, Azzurri LS, entre autres.

Lionel Pittet