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La «sbarromania» a gagné le Salon de l’auto

8 mars 2013

Le constructeur grandsonnois était assailli de toutes parts par les représentants des médias et autres visiteurs mercredi dernier à Palexpo.

Franco Sbarro pose fièrement au volant de la Delphi, qui est, avec la Memory et l’Alcador GTB Ferrari, l’un des véhicules classiques de sa collection exposés lors de ce 83e Salon de l’auto.

Vous cherchez Franco Sbarro au Salon International de l’Auto et accessoires de Genève lors de la deuxième journée réservée à la presse? Il suffit de localiser les caméras, micros et appareils photo rôdant autour de son stand, voisin de l’espace Subaru.

Malgré sa petite taille, le volubile Italien réalise le véritable exploit de faire de l’ombre aux égéries de la marque Fiat. La longévité de Franco Sbarro, cristallisée par sa 40e participation à l’événement automobile, fonctionne comme un aimant à médias. Sans abandonner son sourire et sa gestuelle toute transalpine, le passionné de mécanique donne des interviews, prend la pose et sert des mains à la chaîne.

Le souvenir de «Stash»

Le temps de prendre congé de deux confrères espagnols venus l’immortaliser, la vedette du jour se rend disponible. Au-delà des considérations techniques liées aux modèles exposés et à leur histoire, ses 40 ans de salon ont dû lui valoir un nombre considérable de rencontres. Le constructeur évoque le diminutif de Stanislas donné à une voiture conçue pour le fils du peintre Balthus, avant d’être interrompu par un couple d’Asiatiques qui lui tend un magazine ouvert à la page où Pierre Cardin pose, justement assis sur le capot d’une «Stash». Franco Sbarro ne nous dira pas ne pas avoir apprécié, en son temps, le fait que le célèbre couturier ait sous-entendu avoir participé à la conception de ce modèle.

Un modèle thérapeutique

Ses pensées vont à l’ophtalmologue Franz Fankhauser, qui prévoit de visiter le Salon aujourd’hui. Aux dires du créateur automobile grandsonnois, cet éminent praticien estime s’être remis d’un cancer en partie en suivant de près la réalisation du modèle confié à l’esthète. Tout ce temps passé dans les allées du Salon ont immanquablement dû être le point de départ d’autres amitiés, mais Franco Sbarro, la pudeur dans la voix, refuse d’en dire plus.

Pour pouvoir exposer dans le cadre de l’événement majeur genevois, le constructeur nord-vaudois, d’abord spécialisé dans les voitures de course, a dû élargir son domaine de compétences. C’était chose faite avec le SVI (Safety Vehicle One), présenté au salon en 1973.

L’inventeur a continué à développer en parallèle des modèles sportifs et de tourisme jusqu’à l’année suivante, puis a laissé tomber la première activité. «J’avais fait le tour», déclare-t-il, avant d’avouer que sa dernière réalisation dans le domaine est actuellement en révision chez lui. «Chbarro» (prononciation alémanique émise par un passant), «c’est un passionné» (commentaire explicatif d’un autre visiteur à l’attention de son compère). Cette passion, les organisateurs de la manifestation ont voulu lui rendre hommage à travers un stand commémoratif comprenant trois modèles, deux citations, un panneau chronologique et une pièce de monnaie faisant référence à l’édition du centenaire du Salon. Il fait face à l’espace réservé à l’école Espera Sbarro, dont fait partie Benoit Briand. Le jeune homme de 22 ans explique que l’attractivité de l’institution basée à Montbéliard relève du fait qu’elle est l’une des rares en Europe à proposer la conception d’un véhicule roulant (pas simplement un prototype) en partant d’une feuille blanche. Lors d’un cursus s’étalant de septembre à mi-juin, chaque volée, composée de 25 à 30 élèves sélectionnés parmi les 500 candidatures déposées en moyenne, mène à terme deux projets collectifs, la «React-EEV» (voir ci-dessous) étant la première réalisation du groupe de Benoit Briand. «Quinze personnes se sont occupées de la carrosserie et l’autre moitié de la classe a travaillé sur la mécanique», précise l’élève.

Vision d’ensemble

Les rôles seront inversés durant la conception du second modèle, afin que tous puissent être confrontés aux nombreux rouages de la construction automobile. La réalisation d’un projet personnel à présenter devant un jury complète le programme de formation. «Franco Sbarro vient nous voir environ une fois par mois et nous sommes également allés lui rendre visite. Il vit pour l’automobile et ça n’est pas près de s’arrêter», constate Benoit Briand, qui espère, à terme, monter son entreprise pour sous-traiter les grandes marques.

 

Ludovic Pillonel