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L’agitateur d’Ependes devant la justice

23 juillet 2015

Yverdon-les-Bains – Il avait, trois jours durant, semé le trouble dans le village. Le Tribunal s’est penché, hier, sur son cas.

L’individu s’était retranché dans cette maison, avant l’intervention des forces de l’ordre. © Michel Duperrex -a

L’individu s’était retranché dans cette maison, avant l’intervention des forces de l’ordre.

Il avait défrayé la chronique, en mai de l’année dernière, en se retranchant chez lui, à Ependes, suscitant, notamment, la mobilisation du Détachement d’action rapide et dissuasion (DARD) pour le déloger. Les forces de l’ordre étaient intervenues après qu’une habitante, terrorisée en pleine nuit par les cris de l’accusé, avait donné l’alerte. L’interpellation avait mis fin à trois jours durant lesquels le quadragénaire avait été l’auteur de plusieurs actes répréhensibles, sanctionnés par des dépôts de plaintes. Le procès de celui que les médias avaient nommé «le forcené d’Ependes» a eu lieu hier à Yverdon-les-Bains, sous l’égide du Tribunal d’arrondissement de la Broye et du Nord vaudois.

Le premier des faits reprochés, dans l’acte d’accusation, est l’envoi de SMS à caractère menaçant à son ex-épouse, une action dont le prévenu a indiqué ne pas se souvenir. Il a nié avoir menacé son voisin avec un cutter -«Je ne voulais pas me battre avec un enfant de 17 ans»- et a affirmé avoir oublié s’en être pris à un candélabre de la commune à coups de machette. Sa mémoire est aussi lacunaire quant au fait d’avoir enflammé deux sprays aérosols et une bouteille de liquide inflammable devant la maison du syndic et il aurait involontairement brisé la vitre arrière d’une voiture en stationnement en perdant l’équilibre. Blessé à cette occasion, le prévenu aurait été appréhendé, le matin de son arrestation, par la police, à son domicile, en slip et couvert de sang.

Les hommes du DARD avaient été appelés en renfort. © Michel Duperrex -a

Les hommes du DARD avaient été appelés en renfort.

«Quand les agents m’ont vu assis par terre, ils m’ont immédiatement poivré», déclare-t-il. Selon ces derniers, l’usage du spray a été consécutive à une injonction alors que l’accusé, qui s’était, entre-temps, réfugié dans sa chambre, faisait mine de se saisir d’une hache. «Je l’ai prise pour fermer la porte de ma chambre», soutient le prévenu. L’appel du DARD en renfort serait intervenu après que le prévenu a fait usage d’un extincteur, dont il aurait vidé le contenu, pour tenir à distance les forces de l’ordre. «J’ai enlevé le plomb et ça a juste fait pscht. Je ne l’ai de loin pas vidé entièrement», rectifie l’intéressé.

Sans chercher à établir avec précision le déroulement des faits, comment de tels événements, sources d’émoi pour tout un village, ont-ils pu se produire? «J’étais à l’ouest. Ce sont trois jours où je n’étais pas moi-même. J’ai complètement déraillé et je m’en serais bien passé», commente l’accusé. Plusieurs facteurs ont, selon lui, «allumé la mèche du bâton de dynamite». Différend familial, traitement médicamenteux lourd, alcoolisation, animosité de certains villageois, sont les raisons qu’il évoque.

Sorti de prison

Le prévenu a été incarcéré directement après les faits, 219 jours durant, soit du 4 mai au 8 décembre sous le régime de l’exécution anticipée de peine, et bénéficie, depuis, de mesures de substitution. Les professionnels qui le suivent ont fait part de la bonne collaboration de leur patient et de son évolution positive, lui qui a trouvé un travail et un nouvel appartement. Le contrôle de son abstinence à l’alcool a répertorié deux rechutes, qu’il n’a pas cherché à occulter. «Je pense que si nous arrivons à contenir ses angoisses, il ne ressentira plus le besoin de consommer de l’alcool», a déclaré la médecin-psychiatre chez laquelle il se rend.

Réserves sur la médication

A ses yeux, la médication prescrite dans le cadre du traitement d’un trouble d’hyperactivité est susceptible d’avoir, au moment des faits, «augmenté les troubles bi-polaires, et, surtout, maniaques» dont souffre l’accusé. L’infirmier qui le suit depuis trois ans a émis le même type d’appréciation. «Maintenant qu’il a un traitement adéquat, c’est un autre personnage. Je tiens à préciser qu’il n’a jamais eu, envers moi, de tendances ni de tempérament agressifs. C’est quelqu’un d’expansif, de joyeux et de drôle», a-t-il indiqué.

L’avocate de la défense a, dans sa plaidoirie, demandé «une peine modérée». Reste à savoir si le Tribunal s’alignera sur sa requête.

Ludovic Pillonel