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Le dernier défi de Bruno Valente

14 mars 2014

Football – 1re ligue classic – Le buteur a fait l’essentiel de sa carrière en Challenge League, mais il a accepté de venir prêter main forte à Yverdon Sport. Rencontre, avant le match contre Fribourg, demain à 17h30 à domicile.

A 32 ans, Bruno Valente sait ce qu’il veut et où il va.

A 32 ans, Bruno Valente sait ce qu’il veut et où il va.

Si Bruno Valente porte aujourd’hui le maillot d’Yverdon Sport, c’est avant tout une histoire d’hommes. Lorsque Vittorio Bevilacqua dirigeait l’équipe nord-vaudoise en Challenge League et que ses attaquants peinaient à faire preuve de réalisme, il le répétait sans cesse : «Moi, je veux Valente.» Mais le buteur était alors occupé à scorer pour d’autres, dans un championnat de deuxième division helvétique où il a fait l’essentiel de sa carrière. Cet hiver, quelques années plus tard, le souhait de l’entraîneur tessinois, de retour au Stade Municipal, a donc fini par être exaucé.

Si Vittorio Bevilacqua ne jurait que par Bruno Valente, c’est que les deux se sont bien trouvés lors de leur première collaboration, à La Chauxde- Fonds, là-même où le Portugais a atterri lors de son arrivée en Suisse à l’âge de 7 ans. «Je pense que Bevi a vu que j’étais quelqu’un de vrai, qui se plie en quatre pour l’équipe, analyse le buteur. Quant à moi, je l’apprécie beaucoup pour son charisme et sa façon de dire les choses. Il ne fait pas dans la diplomatie, mais moi, c’est ce qui me motive. Il n’est pas dans la demi-mesure.»

Si une relation aussi forte a pu se nouer, c’est peut-être parce que l’équipe neuchâteloise traversait alors des moments difficiles et que tout le monde devait se serrer les coudes. «C’était la galère, se souvient Bruno Valente. Il fallait se battre pour être payé, parfois avec beaucoup de retard. Du coup, le groupe faisait bloc, nous étions vraiment très solidaires.» Il faut dire que le FCC n’était pas n’importe quel club à ses yeux : c’est là qu’il a parfait ses gammes de footballeur après avoir commencé, au FC Etoile Sporting, comme… gardien ! «Ce n’est qu’en juniors C, vu que ma taille ne me permettait pas de toucher la latte des grands buts, qu’on m’a mis devant», rigole-t-il. De là, son instinct de buteur s’est révélé et tout s’est enchaîné, jusqu’à ce qu’il intègre la «une» du FCC à 15 ans.

Si, malgré les moments difficiles, Bruno Valente ne regrette rien de l’épisode, c’est qu’il a été suivi par «les plus belles années» de sa carrière. Il a eu l’occasion de découvrir Schaffhouse, «un petit club, mais géré dans les règles de l’art», et, surtout, Lugano et Saint-Gall, où le footballeur professionnel n’avait rien d’autre à faire que de penser au ballon et de se débrouiller pour être bon. Au Tessin, il goûte à la dolce vita, connaît son «seul vrai été» depuis son arrivée en Helvétie, enfile des buts et gagne des matches. L’équipe n’échouera qu’en barrages pour la promotion en Super League. Chez les Brodeurs, il joue «devant 15 000 personnes» et fête une promotion dans l’élite.

Contre l’Auxerre de Guy Roux

Si ce buteur patenté n’a jamais percé plus haut, c’est que le timing n’a jamais été le bon. A Xamax, il a signé beaucoup d’apparitions en Super League (et même en Europa League, notamment contre l’Auxerre de Guy Roux, Philippe Méxès et Djibril Cissé), mais ne s’est jamais imposé comme titulaire. «Au bout d’une année et demi, j’ai perdu patience», reconnaît-il. Plus tard, lorsqu’il marchait fort en deuxième division, il a eu des contacts, mais ils ne se sont jamais concrétisés. Aujourd’hui, il relativise : «Au fond, je suis resté un joueur clé en Challenge League. Autant ça que d’être dans l’élite pour faire le nombre. Mais je suis convaincu que j’aurais eu le niveau pour m’y faire ma place.»

S’il se retrouve aujourd’hui en 1re ligue, c’est qu’il est arrivé à un moment de sa carrière où un choix s’est imposé à lui. «J’ai deux enfants, Mattia et Lana, avec Tania et, pour l’école, on souhaitait revenir dans le canton de Neuchâtel. Or, quand tu vis du football, tu vas où sont les propositions. » Après douze ans de professionnalisme, il découvre le football amateur à Fribourg, où il s’entraîne encore beaucoup, puis à Colombier. «Ce qui change, c’est le niveau tactique et technique. Mais en termes d’engagement, d’agressivité, j’ai rarement été aussi maltraité qu’en 1re ligue et en 2e inter», avoue-t-il. Aujourd’hui, à Yverdon, il est là dans un seul but : aider l’équipe à se sauver, en apportant son expérience aux nombreux jeunes d’un groupe «sain, constitué de bonnes personnes», note- t-il. Avant de continuer : «C’est ce que m’a demandé Bevi quand il m’a contacté. Et j’ai décidé de dire oui. C’est mon dernier défi.»

 

Carte d’identité

Nom : Bruno Valente.

Age : 32 ans.

Domicile : Le Landeron.

Profession : Technico-commercial.

Clubs successifs : La Chaux-de- Fonds, Xamax, Meyrin, La Chaux-de-Fonds, Lugano, Schaffhouse, Saint-Gall, Fribourg, Colombier, Yverdon Sport.

 

Le coup de fil

La journée de 1re ligue en un téléphone

Fribourg – Yverdon, samedi à 17h30, au Stade Municipal.

Vittorio Bevilacqua, entraîneur à Yverdon : «Contre Fribourg, une équipe solide à redouter, Nida Nida sera suspendu et Ciavardini blessé. Toye et Hyseni sont incertains.

Gashi, qualifié, va faire ses débuts. Je suis confiant.» L. Pt n

Bulle – Bavois, samedi à 16h, au Stade de Bouleyres.

William Luckhaupt, entraîneur assistant à Bavois : «C’est un match capital face à un adversaire qui peut revenir à deux points. On est obligés de gagner, peu importe comment. Bellagra, Amorim et Djuric sont blessés.» M.G

Lionel Pittet