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Le grand chantier des écoles connectées débute lundi
Collège de la Place d'Armes. © Michel Duperrex

Le grand chantier des écoles connectées débute lundi

4 février 2021

Le collège de la place d’Armes sera le premier d’une longue série à subir une mue numérique. L’établissement pilote de la politique cantonale pourra ainsi installer du wifi dans chaque classe.

Le Canton annonçait fièrement cette semaine les étapes de son grand projet d’éducation numérique. Après des phases pilotes, menées notamment à Yverdon, Sainte-Croix et Chavornay, un déploiement de la nouvelle méthode est prévu cette année pour les jeunes écoliers (1P à 4P). Mais les enseignants le savent mieux que tout le monde: entre la théorie et la pratique, il y a parfois un grand saut à faire. évidemment le collège des Rives, fraîchement inauguré, est tout équipé, mais qu’en est-il des autres collèges de la Cité thermale?

Eh bien pas très loin pour l’instant, car seules quelques classes d’Edmond-Gilliard (collège de la place d’Armes) ont été équipées dans l’urgence (50 000 francs) pour qu’elles puissent participer au projet pilote vaudois. Mais bonne nouvelle, la situation est en train de changer. «En fait, il y a principalement deux axes: le wifi et les écrans, ainsi que tout ce qui va avec leur installation», résume Thomas Czáka, chef du service des Bâtiments à Yverdon. Et pour faire simple, le premier aspect est financé par l’état alors que le second est à la charge des communes. Et c’est celles-ci de lancer les premiers travaux. Car avant que la Direction générale de l’enseignement obligatoire (DGEO) vienne installer ses bornes wifi dans les classes, il faut déjà que le réseau et les câblages aient été tirés dans chaque salle. Un gros chantier, estimé à 1,450 million de francs, que le Conseil communal d’Yverdon a validé début 2020. «Ce sont des travaux que l’on fait à l’échelle de tous les établissements scolaires de la ville, relève Thomas Czáka. On a fait l’appel d’offres l’été dernier et maintenant, une entreprise d’électricité va commencer les travaux. On démarre lundi au collège de la place d’Armes, où c’est assez compliqué car le bâtiment est vieux. Le wifi y sera déployé d’ici à Pâques.»

Et le collège de Léon-Michaud, le cheval de bataille de la conseillère d’état Cesla Amarelle? «Il aurait dû être fait avant, mais celui de la place d’Armes est passé devant», explique Jérémie Leuthold, secrétair e général du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture. Les travaux devraient démarrer au printemps et se terminer avant les grandes vacances. Et si tout se passe bien, l’ensemble des collèges yverdonnois pourraient être équipées de wifi d’ici à la fin de l’année.

«C’est vrai qu’on doit quand même un peu courir derrière les volontés du Canton, estime Thomas Czàka. Le problème vient du financement, comme toujours. Pour le matériel scolaire, on a dû mal à savoir où commence et où s’arrête la responsabilité de la Commune.» D’ailleurs, le syndic Jean-Daniel Carrard avait exigé une clarification, ce que le Canton s’est attelé à faire. «Cela a généré un premier appel d’air, assure Jérémie Leuthold. Pour préparer les appels d’offres, on devait avoir une estimation des besoins. On a reçu 450 projets d’équipement prévus d’ici à 2024.»

Ainsi le Canton va négocier les prix pour les bornes wifi et les écrans tactiles afin de profiter d’un achat groupé à moindre coût. Mais ce sera bien aux communes ne payer la facture des écrans. «On s’est engagé auprès des communes à les leur fournir pour 2500 francs. Si le prix adjugé est plus haut, la différence sera pour le Canton, s’il est plus bas, pour les Communes, dévoile Jérémie Leuthold. Avec ce forfait, il y a un effet auquel on ne s’attendait pas: des revendeurs nous ont proposé des extensions de garantie jusqu’à huit ans. Par cette décision, on a, à quelque part, aiguillonné le marché.» Thomas Czàka tient toutefois à nuancer le «gros effort financier» fait par le Canton. «Le projet est massivement porté par les Communes, car on doit fournir la pose, le support et tout le reste, ce qui renchérit considérablement la facture.»

 

Où iront les bons vieux tableaux noirs?

 

Qu’est-ce qu’on aura pu sécher devant ce grand tableau noir… Et tousser en tapant les frottoirs. Ou s’en mettre plein les habits avec la poussière de craie blanche. Pourtant, ces expériences là seront bientôt de l’histoire ancienne, un souvenir de «vieux», parce que les tableaux noirs sont amenés à disparaître avec le déploiement de l’éducation numérique voulue par le Canton.
Alors forcément ce changement coûte cher aux collectivités. «Bon, un tableau noir coûtait déjà cher, mais là on va devoir enlever un matériel qui n’était pas hors d’usage. Donc oui, c’est un surcoût», estime Thomas Czáka, chef du service des Bâtiments à Yverdon. Que vont devenir ces mythiques pièces de la scolarité? Aucune réponse pour l’instant. «On a eu des discussions mais rien n’a été décidé. Une chose est certaine, on n’aimerait pas les mettre dans une benne, ça nous ferait mal au cœur.» Vendre, donner, recycler, transformer pour une seconde vie: tout est possible.

 

5000 francs par classe au bas mot: voici le budget réel, selon la Ville d’Yverdon-les-Bains, de l’équipement numérique. Car les écrans ne représentent pas le seul investissement, tout comme l’installation du wifi. «Il faut aussi compter tout ce qui va autour de l’écran, comme le châssis, les tableaux de protection que l’on met devant, les haut-parleurs, le câblage, et le réseau informatique et électrique», souligne Thomas Czáka.

30 millions, c’est le budget vaudois 20-22 pour l’éducation numérique.

200 classes yverdonnoises devraient être équipées d’écrans. Cette première estimation doit encore être affinée.

2500 francs, soit le forfait que propose le Canton aux communes pour l’achat d’un écran.

Christelle Maillard