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Le Nord vaudois a aussi ses abricots

24 juillet 2014

L’essentiel de la production d’abricots suisses vient du Valais, mais des arboriculteurs de la région cultivent aussi ce fruit.

Les abricots de Patrick Muller de la variété Bergeron arrivent à maturité.

Les abricots de Patrick Muller de la variété Bergeron arrivent à maturité.

Exemple à Cheseaux-Noréaz.

Situé sur les hauteurs de Cheseaux- Noréaz, le verger de Patrick Muller offre une vue imprenable sur le lac de Neuchâtel. Les abricotiers qui s’y trouvent teignent de couleurs chaudes bienvenues le tableau gris de cet après-midi morose. Une preuve éclatante que le Valais ne détient pas le monopole de la production de ce fruit en Suisse.

«Il y en a toujours eu sur l’exploitation. Mais il est vrai que nous en avons un peu plus qu’il y a 30-40 ans», souligne Patrick Muller. Les quelque 400 arbres, répartis sur environ 9000m2, qu’il possède permettent une production annuelle de 15 à 18 tonnes d’abricots. Un chiffre dérisoire, certes, à l’échelle valaisanne, un canton d’où provient le 98% de ces fruits cultivés en Suisse, mais une opportunité de diversification positive à plus d’un titre pour l’arboriculteur de Cheseaux-Noréaz.

«C’est fini pour les cerises et le pruneau n’est pas très prisé à cette période de l’année. Les abricots sont un à côté qui nous permet de continuer à être attractifs au marché », déclare Patrick Muller.

Hormis sur son stand, ces fruits peuvent aussi être achetés, toujours dans dans la Cité thermale, au magasin La Ferme. «Nous ne faisons pas de vente sur place», précise le Nord-Vaudois.

Si, aujourd’hui encore, des gens s’étonnent de trouver des abricots provenant de la région, Patrick Muller peut compter sur des habitués. Vendus, au premier choix, à un prix oscillant entre 6,80 francs et 7,20 francs le kilo, les abricots sont «bien payés par rapport à la cerise, qui demande beaucoup de main-d’œuvre».

Malgré ces avantages, Patrick Muller n’envisage pas d’augmenter ses capacités de production.

«Cela impliquerait de passer à une manutention avec des moyens mécaniques pour le tri. Je ne veux pas non plus expédier mes fruits chez des grossistes. Il y en a assez en Valais pour ça.» L’arboriculteur relève aussi qu’en se limitant au commerce de proximité, il peut proposer des fruits arrivés à maturité.

Un boom des variétés

Selon Patrick Muller, on assiste depuis quinze à vingt ans à un renouveau de l’abricot, caractérisé par l’apparition de nombreuses nouvelles variétés. Certaines d’entre elles, comme la précoce Orangered ou la Bergarouge, qui représente 5 à 6% de la production de l’arboriculteur, sont intéressantes à ses yeux, mais il garde un regard critique sur la nouvelle tendance. «La recherche mondiale sur les abricots veut créer des hybrides les plus rouges possible, parfois au détriment de la qualité gustative», déplore-t-il.

Il rappelle que, dans les manuels d’arboriculture de jadis, ce fruit n’était pas décrit comme gros, rouge et sucré, mais de petite taille, jaune et acidulé.

L’abricot Bergeron, qui constitue le 60% de sa récolte, est une variété ancienne globalement en perte de vitesse. Cette année, les premiers abricots de l’exploitation de Patrick Muller ont été cueillis à la mi-juillet. «L’Orangered étant très sensible à l’eau, nous avons dû en déclasser 60 à 70% que nous avons vendu sous forme de confitures ou en tonneau », regrette-t-il.

En comparaison avec d’autres fruits, l’abricot n’est pas très exigeant en termes de traitement contre les maladies fongiques et les insectes. Par temps frais, la fleur est particulièrement exposée à un champignon, le monilia, alors que les perce-oreilles et les vers du carpocapse, un papillon, raffolent des fruits. Si des moyens relativement efficaces existent pour combattre ces fléaux, il n’en va, pour l’instant, pas de même du dépérissement des abricotiers imputé à une bactérie, un problème qui touche l’Europe depuis plusieurs décennies. «Des années, ce phénomène touche jusqu’à 10% de mes arbres. D’autres fois, il n’y a rien», indique Patrick Muller. Malgré les problèmes rencontrés en début de saison, l’arboriculteur de Cheseaux-Noréaz table sur «une jolie récolte». La cueillette, entièrement manuelle, se déroulera, cette année, jusqu’à la mi-août.


Une belle année pour les abricots du Valais

Jérôme, fidèle au poste.

Jérôme, fidèle au poste.

Les abricots valaisans sont actuellement en vente sur plusieurs stands dans la région. A proximité de la tour Landi, à Yverdon-les-Bains, Jérôme qualifie cette année de grand crû pour la production de ce fruit dans le canton voisin. «Nous n’avons pas eu de grêle», souligne-t-il. «Je me fais livrer tous les matins en abricots cueillis la veille. Mon patron travaille en collaboration avec un producteur de Saxon», précise-t-il.

Ludovic Pillonel