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Les frères Rolao à l’assaut du désert

13 février 2014

Rallye raid – Julien et Filipe, deux frères de Montcherand, participent au 4L Trophy, réservé aux étudiants, dans les dunes du Maroc et à bord de leur Renault d’une trentaine d’années.

Filipe (à g.) et Julien Rolao n’ont pas froid aux yeux avec leur 4L. Mais cette voiture, c’est du solide, affirment-ils !

Filipe (à g.) et Julien Rolao n’ont pas froid aux yeux avec leur 4L. Mais cette voiture, c’est du solide, affirment-ils !

On se souvient tous de la scène du film Les Visiteurs, lors de laquelle Godefroy de Montmirail et Jacquouille, à peine débarqués à notre époque, détruisent la Renault 4L d’un postier «sarrasin ». C’est au volant d’une voiture du même modèle que, dès aujourd’hui, Julien et Filipe Rolao, respectivement 25 et 21 ans, participent au 4L Trophy 2014, un rallye raid réservé aux étudiants.

Bercé par les émissions comme Automoto, l’aîné Julien connaissait l’existence de ce raid qui arpente les dunes marocaines. Il y a une année, alors qu’il est au Danemark pour ses études, c’est sur le net, avec une amie française, qu’il retombe sur le 4L Trophy. Ses vieux souvenirs déterrés, voilà le bachelier d’alors -il est désormais en première année de master en HEC à Lausannemotivé à se lancer dans l’aventure.

Il faut dire que Julien Rolao n’a pas froid aux yeux. Après la Scandinavie, il a passé l’été dernier en Chine et prévoit, dans quelques mois, de poursuivre ses études au Mexique. «C’est sûr, il est plus téméraire que moi, reconnaît le cadet, Filipe, qui l’accompagne pour le rallye raid. Je ne me serais certainement jamais lancé s’il n’avait pas pris les devants.»

Les deux frères créent alors l’association Saudade 4L Trophy pour soulever les fonds nécessaires et dénicher une Renault 4L, le seul modèle autorisé pour l’épreuve. Depuis la Suisse, le cadet, étudiant à la HEIG-VD d’Yverdon, prend les choses en main. Ensemble, ils acquièrent leur véhicule dans la région lyonnaise pour un peu plus de 3000 francs à un équipage ayant participé à l’édition précédente.

Belles surprises

On l’a compris, l’aventure a commencé bien avant le rallye en lui-même. La fratrie de Montcherand touche ainsi à la fois à la comptabilité, à la mécanique, à la recherche de sponsors et à la communication. «On est tombés sur de très belles surprises», souligne Julien. Au village, la population et la Commune se mobilisent, et le municipal Jean-François Tosetti leur donne un sacré coup de main pour démarcher des partenaires dans le milieu. C’est ainsi qu’ils sont contactés par un garagiste de Founex, fan du désert et autres rallyes, qui les aide sans même les avoir rencontrés. «On a été très touchés par le soutien reçu au village, souligne le cadet. Beaucoup de gens ont fait un geste.»

Une fois la France et l’Espagne traversées, ce sont quelque 1300 équipages qui se retrouvent au Maroc pour sept jours dans le désert. Il ne s’agit pas là d’une épreuve de vitesse, mais d’orientation, avec des points de contrôle à relier à l’aide d’un roadbook et de leur 4L 1,1 l. Le tout dans une ambiance d’entraide entre les équipages.

En une petite quinzaine de jours, ils parcourront 8000 kilomètres et auront participé aux habituels coups de pouce humanitaires. «On se réjouit des rencontres, de la découverte », entonnent-ils en choeur, ne prenant pas l’aventure comme un défi, mais comme une expérience enrichissante. «Faire ça ensemble, c’est quelque chose qui va nous marquer toute notre vie», affirme Julien.

Equipés d’une caméra Go- Pro pour filmer leurs exploits, les Rolao ne passent pas inaperçus à bord de leur Renault orange et bleue, tatouée de toutes parts. «Lorsqu’on rentrait de Lyon avec la voiture, sur l’autoroute, les gens venaient à notre hauteur pour nous faire des signes d’encouragement et klaxonner», raconte le grand frère.

Ici aussi, ils sont régulièrement interpellés par les piétons et les autres automobilistes. A la HEIG-VD, les élèves qui veulent imiter les Pique-Raisinets l’an prochain sont nombreux. «En France, le trophée est archi-connu, mais pas chez nous, souligne le benjamin Filipe. Alors on est contents de voir les gens s’intéresser à ce que l’on fait.» Et son aîné de poursuivre : «Pourquoi pas donner le goût à d’autres, amis et proches, de se lancer. Allez, soyez un peu imprudents !»

 

Déguisés pour la TV

Le 4L Trophy passe régulièrement à la télévision, dans diverses émissions consacrées à l’automobile, voire même aux infos. Pour cette 17e édition du raid, qui se déroule d’aujourd’hui au 23 février, la progression des équipages peut même être suivie en direct sur le site internet Dailymotion. Cela dit, au milieu de plus de 1300 équipages, pas facile de se faire repérer par les caméras. «On envisage d’acheter des déguisements bien voyants, afin d’attirer l’attention», glisse Julien Rolao, une petite idée derrière la tête. Une minute de gloire, ça se mérite !

 

Douce mélancolie

La saudade, mot portugais, fait référence à la mélancolie douce que ressentent les proches de voyageurs, lorsque ces derniers s’en vont, en espérant les revoir. Un mot utilisé par les populations immigrées, notamment lorsque, après être passés au pays le temps des vacances, ils repartent. Ce qu’ont souvent vécu les parents de Julien et Filipe Rolao. C’est pourquoi ceux-ci ont choisi d’appeler leur association Saudade 4L Trophy. «C’est un clin d’oeil à nos parents, explique l’aîné. On part à l’aventure, mais on se revoit dans deux semaines.» Cela suffira-t-il à rassurer leur maman, qui se fait bien des tracas en voyant la petite 4l à bord de laquelle ses fils vont affronter le désert ?

Manuel Gremion