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Benoît Thévenaz plébiscité par toute la région

11 janvier 2013

 

Le jeune citoyen de Bullet, tétraplégique depuis un accident de BMX survenu en 2005, est élu personnalité nord-vaudoise de l’année avec plus de 30 % des près de 800 suffrages enregistrés.

Benoît Thévenaz, à l’entraînement avec Yann Martinelli, entraîneur en activités physiques adaptées, qui le suit depuis quelques années, dans la salle qu’il a aménagée et où il est prêt à accueillir des personnes qui seraient dans la même situation que lui et qui voudraient s’entraîner.

Vous avez été près de 800 à participer à la première élection de la personnalité nord-vaudoise de l’année, organisée par La Région Nord vaudois. Une jolie participation, qui témoigne de l’attachement de la population de la région à celles et ceux qui, tout au long de l’année, en font l’actualité et la fierté.

Parmi nos neuf nominés, vous avez particulièrement plebiscité Benoît Thévenaz, jeune pilote de motocross bullaton devenu tétraplégique en 2005 suite à un accident de BMX et qui mène un combat quotidien inlassable et impressionnant pour retrouver de sa mobilité, tout en gérant une piste de cross et en multipliant les activités. Nous lui consacrons l’entretien ci-dessous.

La seule à l’avoir véritablement concurrencé est Adeline Stern, qui gère le cinéma Royal à Sainte-Croix, et dont l’action a été saluée par 25% des votants. Raphaël Domjan, de PlanetSolar, complète le trio de tête avec 11%, tandis que les autres nominés se sont partagés les restes du gâteau, malgré une belle contribution à la vie de la région.

Rédaction 

Le palmarès de l’élection

 

1. Benoît Thévenaz 31 %

2. Adeline Stern 25 %

3. Raphaël Domjan 11 %

 

«La souffrance, c’était avant»

 

La Région: Benoît, 30% des gens qui ont voté ont pensé à vous. Qu’est-ce que cela vous inspire?

Benoît Thévenaz: C’est vraiment cool et sympa. Même si certains se plaignent, je suis toujours étonné de l’amabilité des gens, par rapport au handicap.

A votre avis, pourquoi autant de personnes ont voté pour vous?

Je pense que le fait que je suis dans cette situation depuis longtemps, que les gens le savent et qu’ils voient que je reste souriant, ça joue un rôle. Si j’étais dans mon coin, que je m’ennuyais et me plaignais, je n’aurais plus personne. En 2006, après mon accident, j’ai eu un coach mental, Claude Dalla Palma, qui m’a beaucoup aidé. Il m’a fait prendre conscience que le temps ne passait pas plus vite en étant négatif que positif. Alors, à choisir…

Avez-vous été surpris d’apparaître parmi les neuf nominés de la rédaction?

Oui. D’un côté, je me rends compte que ce que je fais peut être impressionnant, mais les autres, c’était fort, aussi.

D’ailleurs, si l’on trahit un petit secret, on peut révéler que vous avez voté pour Jessy Kalambay!

Dans un petit coin de ma tête, je me disais que j’allais gagner. J’avais un bon pressentiment, sans savoir pourquoi. Mais si ça n’avait pas été moi, j’aurais aimé que ce soit lui. Comme moi, qui suis dans une logique d’entraînement permanent, il travaille dur pour aller le plus loin possible, ça me touche. Là, il est entré dans le classement ATP, c’est génial!

Est-ce que dans la vie de tous les jours, vous ressentez le même soutien qui s’est manifesté par tous les suffrages en votre faveur?

Clairement. Une bonne partie des gens que je rencontre sont touchés par mon histoire et veulent m’aider. Ce n’était pas forcément le cas juste après mon accident, mais c’était de ma faute. Les gens voulaient m’aider, mais moi, je n’étais pas ouvert à cela. Aujourd’hui, je relativise un maximum, je m’énerve très peu malgré mon caractère de base impulsif.

De plus en plus de médias s’intéressent à votre histoire. Comment le vivez-vous?

Bien, même si des fois c’est difficile de parler de soi. Avant, j’avais de la peine à le faire. Mais aujourd’hui, je me rends compte que les articles dans les journaux ouvrent beaucoup de portes. Quand je demande pour aller essayer un robot, les coupures de presse font que je suis pris davantage au sérieux.

Revenons sur votre histoire. Pensez-vous encore à votre accident, aujourd’hui?

A chaque fois que je passe près de l’endroit où c’est arrivé. Mais ça ne me met pas dans tous mes états, hein! (Rires) Parfois, ça me travaille un peu, mais j’arrive à passer par dessus. Il faut aller de l’avant. Si je chiale tous les jours, ça ne vaut pas la peine! En fait, aujourd’hui, je crois que c’est pour mon entourage que c’est le plus dur.

Lorsque vous avez eu conscience de la gravité du traumatisme, avez-vous eu envie de baisser les bras à un moment donné?

C’est fou de repenser à ça. Deux semaines ou un mois, maximum, avant mon accident, je disais que je préférerai mourir plutôt qu’être en chaise roulante. Pour moi, la vie, c’était la moto, la moto et encore la moto. Aller au plus haut niveau possible. Et puis, petit à petit, j’ai trouvé un nouveau souffle, grâce au soutien de mes proches. Aujourd’hui, je dirai de ma vie qu’elle est cool et animée!

Vous vous occupez d’une piste de cross, vous présidez le Moto-Club Bullet, vous explorez toutes les pistes pour regagner en autonomie. Où trouvez-vous l’énergie pour faire tout ça?

En fait, j’ai toujours eu l’habitude de faire 10 000 trucs. Avant mon accident, je travaillais à 100% et tous les soirs, c’était du fitness, ou du ski de fond, ou de la course, et de la moto bien sûr. J’avais presque un rythme de sportif d’élite. Rester tranquille, j’ai de la peine. Les dimanches canapé-télé, je n’en ai pas fait beaucoup dans ma vie.

Vous avez toujours dit que vous vouliez remarcher un jour. Qu’en est-il aujourd’hui?

C’est toujours le but. J’aimerais remarcher, via l’acquisition d’un robot pour commencer. C’est pour récolter des fonds à ce titre que j’ai organisé la deuxième édition de la Charity Race, l’été dernier. Ce serait une étape importante. Au-delà de ça, je ne me fixe pas de limite. Je veux retrouver le plus d’autonomie possible. Et je me rends compte que mon entraînement physique paie. mes mouvements sont de plus en plus sûrs. Et c’est grâce à ma condition physique que je peux essayer des robots.

Quels sont vos projets?

Je vais encore essayer deux robots, puis, le 21 janvier, je vais subir une opération et je devrai être arrêté trois mois à l’hôpital. Mais je vais essayer de négocier ce délai à six semaines!

Quel message aimeriez-vous faire passer à ceux qui sont dans une situation comparable à la vôtre?

Ce que j’aimerais, c’est faire prendre conscience aux gens qu’il y a des possibilités pour essayer d’aller mieux. Il ne faut pas se mettre de barrière. Si on a un but précis, on peut l’atteindre, mais c’est clair qu’il faut s’en donner les moyens. Avoir de la discipline. Moi, cela fait sept ans que je prends ma rééducation très au sérieux. C’est cela qui me permet, le reste du temps, quand je suis avec mes amis, de rigoler, d’être en forme.

Est-ce qu’aujourd’hui, on peut dire que vous touchez à votre but?

Non… J’aimerais être plus debout, plus indépendant, avoir plus de sensations et plus de rapidité dans mes mouvements. Mais j’avance par étapes. La rééducation est un chemin intéressant, que j’ai plaisir à parcourir. Malgré que les trois mois d’hôpital s’annoncent douloureux, la souffrance, c’était avant: l’accident et les années qui ont suivi. Plus maintenant.

 

Benoît Thévenaz cherche à récolter des fonds pour acquérir un robot lui permettant de regagner en autonomie. Voici les coordonnées de son compte.

THEVENAZ Benoît

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Lionel Pittet