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La première année de chasse de deux jeunes Nord-Vaudois

2 octobre 2013

Marc, 35 ans, et Francisco, 26 ans, ont obtenu leur permis de chasse cette année et ont traqué, hier, le chevreuil pour la première fois, entourés de leurs aînés.

Le père et le fils, avec chacun leur chien. Les anciens, bien contents de trouver une relève, ont transmis, ce jour-là, leur savoir à la jeune génération.

Deux générations se sont retrouvées, hier, vers 8h, non loin de Valeyres-sous-Ursins, pour l’ouverture générale de la chasse, avec comme cible première les chevreuils. Plus tôt, certains étaient partis, en vain, à «l’affût», soit se cacher aux environs d’un lieu de passage du gibier, une méthode qui se pratique individuellement au lever du jour ou au crépuscule.

Alfred, Edmond et Daniel cumulent chacun entre 30 et 35 ans d’expérience. Ils accompagnaient Marc et Francisco, qui eux, ont décroché leur permis cette année. Avec Jean- Marie, un chauffeur poids-lourd qui n’a pas pu se libérer de ses obligations professionnelles, ils ont grossi les rangs de la section yverdonnoise de l’association de chasseurs Diana. «Il n’y avait plus eu de nouveaux membres depuis quatre ou cinq ans. Et la moyenne d’âge des chasseurs est plutôt élevée, la majorité d’entre eux sont à la retraite», relève leur président Hervé Borne.

Le travail des chiens

Code vestimentaire : des bottes parce qu’il ne s’agit pas de rester sur les sentiers battus et un couvrechef orange, histoire d’écarter tout risque d’être pris pour cible par les collègues. «Les chevreuils ne réagissent pas à cette couleur. En fait, ils ne vous prêtent pas attention tant que vous n’êtes pas en mouvement », souligne Marc. Ce dernier s’est occupé de lâcher deux chiens munis d’un collier orange et de clochettes. Il a ensuite guidé et suivi à distance tant bien que mal, à travers la forêt «noire de ronces», le drahthaar et le basset des Alpes, qui ont pour tâche de faire fuir les chevreuils dans des lieux plus dégagés.

Les quatre autres se sont postés en des points stratégiques. Assis sur leur canne siège, ils ont patienté de longues minutes, dans l’espoir qu’une bête soit conduite à leur portée. Marcher des kilomètres et attendre des heures, tel est la réalité des chasseurs, qui, par ailleurs, doivent obéir à des quotas très stricts. Pour les chevreuils, par exemple, chacun ne peut abattre que deux ou trois spécimens par saison de chasse, suivant leur numéro de permis.

Après avoir ratissé sans résultat une première zone avec les chiens, Marc a sonné trois fois de la corne pour avertir ses coéquipiers qu’il se déplaçait dans le secteur suivant, les incitant à changer de point d’observation. Un moyen de communication bien archaïque, mais incontournable puisque les radios et les téléphones portables sont totalement interdits. «Il n’est pas rare de rentrer bredouille», a averti Edmond. Des propos corroborés par Jean-Marie : «Depuis un mois, je vais à la chasse presque tous les soirs et je n’ai encore rien tiré, mais ce n’est pas grave. Ce que j’apprécie avant tout, c’est le contact avec la nature et le travail avec les chiens.»

Une formation exigeante

Mais tel n’a pas été le cas ce jour-là. A 9h10, un premier coup de fusil retentit, suivi de près par un bref son de corne qui indique qu’un tireur a fait mouche. Il s’agit du plus jeune de l’équipe, Francisco, qui inscrit ainsi son premier chevreuil à son carnet de chasse. «Il est arrivé droit en face de mois à une dizaine de mètres», explique-t-il. Ce technicien en radiologie de 26 ans passe son temps libre à l’extérieur, entre pêche, cueillette des champignons et maintenant chasse. «J’ai passé mon permis dès que j’en ai eu l’occasion, une fois mes études finies. Cela coûte quand même cher et prend du temps.» Il est vrai que ce sésame n’est délivré qu’après deux ans de formation, un test de tir, et un examen théorique qui touche à des thématiques très variées : sécurité, armes et munitions, connaissance des espèces… «Sept candidats sur vingt-trois ont échoué cette année dans le canton», indique Marc, qui, lui, avait commencé ce parcours à 18 ans avant de laisser tomber et de s’y remettre à 35 ans.

La bête est vidée sur place, «pour éviter qu’elle ne gonfle», précise Marc, puis «boutonnée», ce qui signifie qu’un bracelet d’identification lui est accroché à la patte. Le chasseur doit ensuite remplir une fiche avec des informations tel que le secteur, le sexe, le poids et l’âge de la bête. Nouveau round, et c’est Edmond, le père de Marc, qui vise juste : «Je pensais ne pas l’avoir, mais elle a viré vers moi à l’équerre. » Deux cartouches tirées ce matin- là et deux animaux morts sur le coup : les chasseurs n’arment pas leur fusil sans être sûr d’atteindre leur cible. «On ne prend pas le risque de juste blesser la bête. Il faudrait la pister jusqu’à la retrouver pour éviter de la laisser souffrir», conclut Marc.

Sonia Délèze